lundi de Pâques: il est vraiment Ressuscité.
Publié le 6 Avril 2015
Seigneur Jésus, moi aussi j'ai souvent attendu de vous autre chose que le don qu'il vous plaisait de me faire. Peut-être ai-je douté de votre amour dans les soucis et le besoin. Peut-être êtiez-vous pour moi "un étranger" quand vous cheminiez à mes côtés. A présent, dans la joie de votre Résurrection, je reconnais le pouvoir divin de la souffrance: la vôtre et la mienne. Je vois que sur toute douleur luit déjà l'éclat triomphal de la résurrection prochaine, et que mes souffrances, unies aux vôtres, m'aident à croître et me fortifient. Elles me dépouillent de moi-même pour me revêtir de vous, "ma résurrection et ma vie".
Le récit de Luc sur les disciples d’Emmaüs nous permet de progresser dans la réflexion sur le lien entre la Parole et la fraction du pain (cf. Lc 24, 13-35). Jésus alla à leur rencontre le jour après le sabbat, écouta l’expression de leur espérance déçue, et, devenant leur compagnon de route, «il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait» (24, 27).
Les deux disciples commencent à scruter d’une manière nouvelle les Écritures en présence de ce voyageur qui, de façon inattendue, se montre si proche de leur vie. Ce qui est arrivé en ces jours-là n’apparaît plus comme un échec, mais comme un accomplissement et un nouveau départ. Toutefois, ces paroles ne semblent pas encore satisfaire les disciples. L’Évangile de Luc nous dit que « leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent » (24, 31), seulement quand Jésus prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna, alors qu’auparavant, «leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas» (24, 16). La présence de Jésus, d’abord à travers ses paroles, puis avec le geste de la fraction du pain, a permis aux disciples de le reconnaître ; ils purent éprouver d’une manière nouvelle ce qu’ils avaient précédemment vécu avec lui: « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » (24, 32).
Ces récits montrent comment l’Écriture elle-même conduit à appréhender son lien indissoluble avec l’Eucharistie. « C’est pourquoi il faut toujours avoir présent à l’esprit que la Parole de Dieu, lue et annoncée par l’Église dans la liturgie, conduit au sacrifice de l’Alliance et au banquet de la grâce, c’est-à-dire à l’Eucharistie »
La Parole et l’Eucharistie sont corrélées intimement au point de ne pouvoir être comprises l’une sans l’autre: la Parole de Dieu se fait chair sacramentelle dans l’événement eucharistique. L’Eucharistie nous ouvre à l’intelligence de la Sainte Écriture, comme la Sainte Écriture illumine et explique à son tour le Mystère eucharistique.
En effet, sans la reconnaissance de la présence réelle du Seigneur dans l’Eucharistie, l’intelligence de l’Écriture demeure incomplète. C’est pourquoi, « la Parole de Dieu et le Mystère eucharistique ont toujours et partout reçu de l’Église non pas le même culte mais la même vénération. C’est ce qu’elle a établi, poussée par l’exemple de son Fondateur, en ne cessant jamais de célébrer son Mystère pascal, en se réunissant pour “lire dans toute l’Écriture, ce qui le concernait” (Lc 24, 27), et pour réaliser l’œuvre du salut par le mémorial du Seigneur et les Sacrements ».
bENOÏT XVI