La Vénérable Mère María Amparo du Sacré-Cœur (2)

Publié le 3 Juin 2015

 

+ 6 Juillet  1941 

Prière pour une neuvaine

 

Ô Dieu, qui dans le Cœur de votre Fils Jésus-Christ, blessé par nos péchés, avez daigné nous accorder, par divine miséricorde, les infinis trésors de votre amour ! Nous vous prions de nous accorder la grâce de lui offrir en retour l’engagement de notre piété et l’hommage d’une digne réparation. Ce divin Cœur s’est complu dans la vie de votre servante, la vénérable María Amparo, embrasée par le feu de la charité séraphique et offerte pour le salut des âmes, avec le zèle d’une victime et d’un apôtre. Nous vous supplions dès lors de nous accorder, par son intercession, la grâce de cette neuvaine, si elle correspond à notre bien spirituel, comme un signe de la glorification de votre servante, que nous espérons par les mérites de notre Seigneur Jésus-Christ, pour l’honneur et la gloire de son divin Cœur.

Amen.

 

 

 

 

 

 

2. La Mère María Amparo : victime du Sacré-Cœur

 

C’est dans ce contexte, que nous avons très sommairement exposé, qu’est née María Amparo Delgado García, le 30 octobre 1889, dans la commune de Cantalapiedra, un petit village de la province de Salamanque, limitrophe des provinces de Zamora, Valladolid y Ávila.

Le milieu, aussi bien familial que social, était profondément religieux. En suivant, dans les rares documents paroissiaux, la diffusion de la dévotion au Sacré-Cœur, nous avons pu trouver deux intéressants documents qui font allusion à l’instauration de l’Apostolat de la Prière dans cette commune.

En effet, lors de la visite pastorale effectuée par l’évêque, Mgr Narciso Martínez Izquierdo, le 1er novembre 1876, il est conseillé au curé [4e mandement] de « déployer le zèle le plus grand pour établir une association, parmi celles qui ont été récemment connues et organisées, comme puissant moyen de favoriser la fréquentation des Sacrements, principalement chez les jeunes, afin de conduire, plus directement que par d’autres voies, à la réforme des mœurs et à la disparition de l’indifférence religieuse ».

 

Bien que le curé ne paraisse pas être alors parvenu à mettre en œuvre ce mandement en instaurant une quelconque association, le terrain a certainement été préparé à cette fin. En effet, lors de la visite pastorale qu’il a effectuée le 20 octobre 1894, l’évêque de Salamanque, Mgr Tomás Cámara y Castro, un augustin, affirme, dans son 2e mandement : « Il est recommandé au curé de continuer de travailler au plus grand profit spirituel des fidèles, en faisant en sorte que tous, et spécialement les enfants, fréquentent les sacrements de Pénitence et de Communion, en espérant du Seigneur que, par l’Apostolat de la Prière et l’Association des Thérésiennes, que nous avons institués, la fréquentation des sacrements augmente parmi les fidèles ».

 

D’un autre côté, María Amparo fait allusion, dans son Autobiographie, à un certain Père jésuite qui, de passage dans la commune, peut-être pour une mission populaire, et alors qu’elle était encore adolescente, l’a confessée et l’a encouragée à communier tous les jours, ce qui n’était pas alors fréquent, d’après ce qu’elle dit : « (…) cela m’a attiré beaucoup d’humiliations et des souffrances qui n’étaient pas négligeables, même de la part d’un certain prêtre qui jugeait qu’il y avait des personnes très spirituelles – c’est-à-dire, d’après ce que j’ai compris, meilleures que moi – qui pourtant ne communiaient que deux ou trois fois par semaine »

(Autobiografía, Ms. 1, 38).

Dès son enfance, María Amparo a été aidée par d’abondantes grâces extraordinaires de Dieu. Les énumérer serait interminable. Nous allons mentionner celles qui ont marqué sa vie jusqu’à sa consécration totale et très particulière au Seigneur.

 

Le jour de sa première communion, le 6 février 1899, peut être considéré comme le commencement de son plein abandon au Seigneur, ou, plus exactement, de la possession totale de tout son être par Dieu, du moins telle qu’elle a pu pleinement en prendre conscience. Elle le raconte ainsi :

 

« Je crois que même après de nombreux siècles je ne pourrais pas oublier le moment où j’ai reçu Jésus dans la Sainte Communion. Ce fut un moment divin, dont je ne peux pas me souvenir sans glorifier Dieu pour tant de miséricorde. Il s’est introduit dans mon âme et a pris possession de tout mon être comme mon souverain Seigneur et mon maître. Il s’est emparé de mon cœur et de toutes mes puissances pour ne plus me laisser de liberté sur elles. Je me suis sentie toute de Jésus, et toute pour toujours. Je suis restée profondément recueillie. Un silence s’est établi à l’intérieur de moi, si mystérieux que c’est à peine si j’ai pu parler pendant de nombreux jours sans me faire une très grande violence. Je me sentais heureuse, mais non pas de cette joie que l’on exprime par des paroles ; ce qui m’est resté de ce grand jour fut tout entier très intérieur et très mystérieux (…).

 

« La nature a frémi en entrevoyant les immolations qui l’attendaient, mais le cœur et la volonté dirent oui à tout. Je n’avais que le désir et la pensée d’être entièrement et exclusivement à Jésus et d’être religieuse, si possible en un Ordre où il y aurait un amour spécial pour la Sainte Vierge, que j’aimais de toute mon âme. Il me fut concédé, comme grâce spéciale, de communier trois fois par mois, c’est-à-dire le premier vendredi, le samedi et le dimanche qui le précédait. Mais Jésus très aimant renouvelait à chaque Communion ces grâces d’union qu’il avait accordées à mon âme. Il me semblait éprouver la même chose lorsque j’assistais à la Sainte Messe, quoique de manière différente. Il me semblait que pour aimer Jésus et lui rendre grâces il était nécessaire de lui dire de nombreuses paroles, et comme je ne pouvais pas le faire lorsque je communiais, j’en étais parfois triste et désorientée. Je craignais que rien ne vaille ce silence intérieur et extérieur dans lequel je demeurais (…).

 

« Dès que je recevais la Sainte Communion, Jésus et moi nous étreignions sans rien nous dire, mais nous nous aimions beaucoup. Je demeurais ravie en Lui ; nous étions intimement unis l’un à l’autre dans une paix si profonde que de nombreuses heures s’écoulaient sans que je me rende compte de ce qui m’environnait ni de moi-même. Parfois, je me sentais portée à dire : mon Dieu, je fais vœu de chasteté et je fais vœu de ne jamais vous offenser délibérément, dussé-je pour cela souffrir mille morts et jusqu’aux tourments mêmes de l’enfer. Je crois que l’enfer m’aurait été plus doux, et je m’y serais jetée, plutôt que de commettre un seul péché véniel en connaissance de cause. Telle était la force que Jésus laissait en mon âme à chaque fois que je le recevais. Mais j’avoue que je n’y comprenais rien de rien. Cette admirable familiarité du divin amour me paraissait être la chose la plus naturelle au monde. Si Dieu fait cela avec moi qui suis si mauvaise – avais-je l’habitude de me dire – que ne fait-il pas pour ma mère et mes sœurs, qui sont si bonnes ? Je me voyais si pauvre de vertus et de mérites ! Je voyais en moi un fond si pauvre et si vide que bien des fois j’en étais terrifiée, mais il me semblait aussi voir que sur ce fond si pauvre Jésus travaillait. Il opérait tant de merveilles sur ma misère que jamais je ne saurai les dire ni l’en remercier »

(Autobiografía Ms. 1, 30. 33. 34).

(à suivre)


María Fernanda Prada Camín, O.S.C.
Monasterio del Sagrado Corazón
Cantalapiedra (Salamanca)

traduction pour le petit Placide

 

 

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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