"Allons, lève-toi, resplendis, mon âme,' le vrai sens catholique de l'Epiphanie.

Publié le 6 Janvier 2016

 

 

 

- pour une fois qu'on parle de l'âme et des réalités du ciel  je ne m'en prive pas.

 

Quelle joie, quelle exultation pour la foi des mages, lorsqu'ils verront régner en cette Jérusalem celui qu'ils adorèrent quand il vagissait à Bethléem !

Ici, ils l'ont vu dans l'auberge des pauvres ; là, on le verra dans le palais des anges. Ici, dans les langes ; là, dans les splendeurs des saints. Ici, sur le sein de sa Mère ; là, sur le trône de son Père. Assurément, très méritante fut la foi des mages bienheureux, puisqu'elle fut récompensée par une telle vision ; car, n'ayant vu en lui que faiblesse et pauvreté, elle ne s'en scandalisa pas et n'en fut pas détournée d'adorer Dieu dans cet homme, et cet homme comme Dieu.

L'étoile issue de Jacob avait sans aucun doute jeté sa lumière en leurs cœurs, elle, l'étoile du matin, l'astre sans déclin, qui avait aussi fait briller extérieurement l'étoile annonciatrice de son lever matinal.

On peut fort à propos interpréter dans ce sens le texte de Salomon : « Le sentier du juste est comme la lumière qui se lève, progresse et grandit jusqu'au plein jour. » D'abord, au lever de l'étoile, les mages entrèrent dans le juste chemin ; puis, sous sa conduite, ils progressèrent jusqu'à voir le nouveau lever de la lumière du matin ; et ainsi, ils parvinrent enfin à la contemplation de la face du Soleil de midi, étincelant au jour de sa puissance.

 C'est donc avec bonheur et de façon très expressive que nous a été montré à l'avance, dans ces prémices des nations, dans ces débuts de l'Eglise naissante, le progrès de la foi en chaque âme : son point de départ, son développement, son terme ; ainsi on retrouve facilement dans les fils l'itinéraire de leurs pères.

De même qu'ils commencèrent par la vision de l'étoile, progressèrent jusqu'à celle de l'enfant, puis parvinrent à celle de Dieu, ainsi notre foi naît de la prédication des luminaires célestes, se fortifie à la vue de certaines images qui nous montrent dans un miroir et en énigme Dieu comme incarné, et parviendra à sa consommation quand les réalités véritables, présentes et dévoilées, seront vues par ceux qui contempleront face à face ce que l'on n'atteint maintenant que d'une manière peu distincte, fugitive, en énigme ; quand la foi elle-même se changera en connaissance, l'espérance en possession, le désir en jouissance.


Pour nous aussi, en effet, brillent des étoiles.

 

Nous en avons plus d'une, à moins qu'on ne dise que toutes ne font qu'un, car elles n'ont qu'un cœur et qu'une âme, une même foi, une même prédication, une même vie.

Pour savoir quelles sont ces étoiles, interroge Daniel : « Ceux qui ont enseigné la justice à un grand nombre, dit-il, brilleront comme des étoiles dans les éternités sans fin. »

Et Paul donne aussi le nom d'astres à ceux qui brillent au sein d'une nation corrompue et pervertie.

Ils portent la parole de vie comme un rayonnement emprunté à la lumière éternelle et grâce auquel on les a vus illuminer la nuit de ce monde. C'est pourquoi le Seigneur, source et principe de la lumière, en établissant sur la nuit la lune et les étoiles, leur dit : « Vous êtes la lumière du monde », et encore : « Que votre lumière brille aux yeux des hommes pour que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père des cieux. »

Ils brillent par la parole, ils brillent par l'exemple, et par ce double rayon de lumière ils annoncent le lever de la lumière éternelle, manifestant par l'image de leur vie céleste l'Être céleste qu'ils prêchent de bouche.

 Mes frères, regardez en haut, vers le ciel, car c'est dans le ciel qu'est leur vie.

 

Oui, regardez en haut et dirigez les yeux de votre âme, sinon sur le disque du soleil, du moins vers le scintillement des étoiles.

 

Admirez la splendeur des saints, imitez leur foi, et rivalisez de sainteté avec eux. Ces étoiles brillent comme des flammes, et elles nous indiquent le lever de la lumière des lumières ; elles nous conduisent au berceau du nouveau roi, à la chambre de la vierge mère, ce qui est l'impénétrable mystère de foi ; bien plus, elles nous introduisent dans le temple du Roi, dans le sanctuaire de Dieu le Père, ce qui est la récompense inimaginable de la foi. D'ici là, tant que nous sommes inaptes à scruter la sagesse de Dieu cachée dans le mystère et à contempler la majesté qui nous est réservée pour récompense, contentons-nous d'admirer la clarté des saints et d'imiter leur sainteté.


« Mon fils, dit le Sage, si tu convoites la sagesse, garde les commandements, et Dieu te la prodiguera.

Ne recherche pas ce qui est trop haut pour toi, et ne scrute pas ce qui dépasse tes forces, mais observe toujours ce que le Seigneur t'a ordonné.

– Le commandement du Seigneur est limpide, il illumine les yeux. » Si donc tu t'habitues aux rayons de la lumière, c'est-à-dire à l'observance des commandements, tu pourras par la suite contempler de tes yeux le foyer même de la lumière.


« La lumière est douce, dit Salomon ; et c'est un charme pour les yeux de voir le soleil. »

Douceur et charme, certes, mais pour ceux qui le supportent. C'est une caresse pour des yeux sains, un supplice pour des yeux malades.

Et qui a l'œil assez limpide et assez pénétrant pour ne pas être aveuglé, face à ce soleil invisible ? Qui peut scruter la majesté sans être écrasé par la gloire ?

Ô Seigneur, ta clarté est merveilleuse, à la fois en elle-même et en raison de ce que je suis. Elle est en effet trop forte pour moi, depuis que la pénétration de mon regard s'est affaiblie, et je ne puis plus y atteindre comme je le pouvais en Adam. Mais peut-être serai-je en état de soutenir la lueur des étoiles, si je ne puis contempler le soleil lui-même ; et par elle, j'obtiendrai un jour la force de le regarder.

 Allons, lève-toi, resplendis, mon âme, toi qui étais assise dans les ténèbres ! Regarde les astres du ciel, lève les yeux vers les monts d'où te viendra le secours, si tu redoutes de les lever vers Celui qui habite au ciel, c'est-à-dire dans ces montagnes elles-mêmes.

C'est des montagnes, dis-je, que te viendra le secours, car la lumière, pour toi inaccessible, resplendit merveilleusement de ces monts éternels.

Ce sont eux qui ont reçu la lumière pour le peuple, et de là elle descendra dans les vallées et les plaines qui sont à leurs pieds. C'est pourquoi je vous dis, mes frères, que fixer ses regards sur ceux qui ont déjà reçu la lumière est une excellente initiation à la lumière, tout à fait en rapport avec notre faiblesse.

 

La route la plus directe pour trouver Jésus est de suivre la trace lumineuse de nos Pères. « Direct est le sentier du juste, il est tout droit sous ses pas.

Qui suit le juste ne marche pas dans les ténèbres, mais il possédera – ce qui est mieux que de voir seulement – la lumière de vie. » Il la verra, pour sa consolation dans la vie présente, il la possédera comme son héritage éternel.


« C'est en effet à la piété que sont faites les promesses de la vie présente et de la vie future. »

 

Appliquons-nous donc à la piété, et nous ne serons frustrés ni de l'une, ni de l'autre, puisque le Seigneur lui-même s'est fait notre débiteur. Appliquons-nous aux œuvres de lumière, et celui qui cache la lumière dans ses mains et annonce à son ami qu'elle est son bien et qu'il peut s'élever vers elle, nous la montrera de temps en temps, dès maintenant, comme un réconfort dans l'action ; ensuite, il nous la donnera comme récompense, lui, notre lumière, le Christ Jésus, qui vit et règne dans tous les siècles des siècles.

 

Bienheureux Guerric d'Igny
 

Rédigé par Philippe

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