1er dimanche de carême

Publié le 13 Février 2016

 

 

 

 

 

Invocabit me et ego exaudiam eum, lisons-nous dans la liturgie de ce dimanche: si vous recourez à moi, dit le Seigneur, je vous écouterai. Considérez un instant cette merveilleuse sollicitude de Dieu à notre égard, de ce Dieu toujours disposé à nous écouter, attentif en permanence à la parole de l'homme. En tout temps — mais spécialement maintenant, parce que notre coeur est bien disposé, décidé à se purifier —,

Il nous écoute, et Il ne négligera pas le voeu d'un coeur contrit et humilie.

Oui, le Seigneur nous écoute pour intervenir, pour entrer dans notre vie, pour nous libérer du mal et nous combler de bien: eripiam eum et glorificabo eum, Je le libérerai et le glorifierai, dit-Il de l'homme. Espérance de gloire, par conséquent, et nous avons là, une fois de plus, le point de départ de ce mouvement intime qu'est la vie spirituelle. L'espérance de cette glorification renforce notre loi et stimule notre charité. Ainsi se sont mises en mouvement les trois vertus théologales, ces vertus divines qui nous rendent semblables à Dieu notre Père.

Y a-t-il une meilleure manière de commencer le Carême ? Nous renouvelons la foi, l'espérance, la charité. C'est là la source de l'esprit de pénitence, du désir de purification. Le Carême n'est pas seulement une occasion d'intensifier nos pratiques extérieures de mortification : si nous pensions que ce n'est que cela, son sens profond pour la vie chrétienne nous échapperait ; parce que ces actes extérieurs sont je le répète le fruit de la foi, de l'espérance et de l'amour.

 

Suivons le Christ dans sa mortification et ses combats.

 

1. Premières impressions. — Le dimanche de la Septuagésime, nous nous rendions au tombeau de saint Laurent ; le dimanche de la Sexagésime, à celui de saint Paul ; et le dimanche de la Quinquagésime, à celui de saint Pierre. Aujourd’hui, la liturgie nous conduit dans le sanctuaire du « Saint Sauveur », dans la première église de la chrétienté romaine. Cela nous indique, déjà, que ce jour est d’une grande importance. Il est très important, en effet.

C’est dans l’église du Baptiste, l’homme du désert, que nous accompagnons le Seigneur au désert pour son jeûne de quarante jours. C’est dans cette église baptismale, que nous reviendrons, dans quarante jours, célébrer, dans la nuit pascale, le mystère de la Résurrection. Nous venons y demander, aujourd’hui, la grâce pour le temps de la préparation. L’église de station est donc le cadre qui convient pour célébrer aujourd’hui le commencement du Carême.

 

La liturgie de ce jour est très ancienne. Nous ne trouvons qu’un petit nombre de ces messes antiques et classiques, dans le missel. L’Église nous propose aujourd’hui trois choses :
- 1. L’invitation au Carême et le programme de ce saint temps ;
- 2. Un modèle, et
- 3. Un chant de combat.

a) L’invitation a un ton très solennel. Je la compare à celle du premier dimanche de l’Avent. L’Église considérait tout le cycle de Noël comme un seul jour, dont l’aurore est le premier dimanche de l’Avent, alors que le jour de Noël en est le lever du soleil et l’Épiphanie, le plein midi. Il y a quelque chose de semblable dans le cycle pascal. Tout ce temps est « le jour du salut » qui se lève aujourd’hui. A Pâques, le soleil monte à l’horizon et, à la Pentecôte, il est à son zénith. L’Église nous rappelle notre devoir de « ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu ».

Maintenant, le programme de Carême. Il est vrai que nous avons déjà dit bien des choses, pendant l’avant-Carême, sur notre travail de Carême : l’invitation à se rendre dans la vigne, à prendre part à la lutte ; la préparation du sol pour recevoir la semence ; la primauté de la charité. Aujourd’hui, l’Église nous donne de nouveau un programme de Carême : Ce qui est encore plus important que le jeûne, la prière et l’aumône, c’est une bonne vie chrétienne qui surmonte toutes les difficultés. L’Église formule ce programme dans l’antienne de Magnificat : « Voici le temps de grâce, voici les jours du salut ; dans ces jours, montrons-nous les serviteurs de Dieu dans beaucoup de patience, dans le jeûne, dans la vigilance, dans la charité non feinte. » Le travail principal, c’est une vie chrétienne véritable, une vie sanctifiée, un cœur purifié du péché et de l’amour-propre. — Saint Paul nous expose d’une manière merveilleuse sa propre vie chrétienne et nous la propose en exemple : « traités d’imposteurs et pourtant véridiques ; d’inconnus et pourtant bien connus ; regardés comme mourants bien que nous vivions, comme châtiés et nous ne sommes pas mis à mort, comme attristés nous qui sommes toujours joyeux, comme pauvres nous qui enrichissons plusieurs, comme dépourvus de tout nous qui possédons tout. » C’est là le sort du chrétien dans sa pauvreté extérieure et sa richesse intérieure. C’est ce double état que doit nous faire acquérir le Carême, le dépouillement (par le jeûne) et la possession de tout (nous serons d’autant plus riches dans notre âme).

b) L’Évangile nous montre le Christ sous un double aspect : le Christ mortifié et le Christ combattant. Nous suivons maintenant le Christ mortifié, dans le désert du renoncement, pour y jeûner quarante jours avec lui. Son jeûne sanctifie le nôtre, parce que nous jeûnons en union avec lui et participons à son propre jeûne. Cette pensée doit nous rendre le Carême plus vénérable ; les membres sont unis à leur Chef. Le jeûne du Christ appartient à son œuvre rédemptrice ; de même, notre jeûne de quarante jours contribue à édifier le royaume de Dieu sur la terre. C’est peut-être le temps le plus important de toute l’année. Ainsi donc, le Chef et les membres entrent dans la grande période de la pénitence.

Le Seigneur nous précède aussi comme combattant. Nous voyons le divin héros remporter la victoire dans trois passes d’armes. Les deux princes sont en face l’un de l’autre, le prince du monde et le prince du royaume de Dieu. Ils se mesurent dans le combat. Le prince de ce monde fait avancer toute son armée : le monde avec toutes ses pompes, l’enfer, le moi avec ses désirs insatiables. Le Christ est vainqueur. Le champ de bataille où nous entrons n’est pas loin de nous, il est dans notre âme ; l’homme inférieur y lutte contre l’homme supérieur. Mais le Christ, qui est en nous, doit vaincre. C’est là, pour nous, une force et une consolation. Nous ne sommes pas seuls au combat : le Chef et les membres combattent, le Chef et les membres doivent remporter la victoire. Ainsi l’Évangile nous mène à l’école de combat du Christ ; aujourd’hui, nous ne sommes encore que des recrues ; à Pâques, nous devons être des vainqueurs.

Autrefois, nous nous sommes peut-être représenté notre travail de Carême comme une œuvre purement personnelle et nous l’avons accompli sans tenir compte de la grande communauté. Aujourd’hui, nous apprenons et nous comprenons, d’une manière toujours plus profonde, que nous devons accomplir ce travail comme membres de l’Église et membres du Christ. L’oraison nous dit, d’une manière caractéristique, que Dieu, « par l’exercice du jeûne de quarante jours, purifie son Église ». Tout péché que nous commettons souille aussi l’Église, toute vertu qui orne notre âme ajoute une parure à la robe de l’Église. Disons plus. L’Église est le Christ mystique dont nous sommes les membres. Nous devons ressembler en tout au Christ, ici-bas dans l’humiliation, là-haut dans la gloire. Le travail du Carême nous rend semblables au Christ.

dom Pius Parsch

 

 

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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