Avec l'Immaculée dans l'Avent. (suite et fin ) Ave Maria
Publié le 24 Novembre 2016
' En cette heure décisive pour le monde, Marie accepte avec humilité et abandon le bon plaisir divin: Je suis la servante du Seigneur. Qu'il me soit fait selon votre parole".
Consentement auquel est suspendue la destinée spirituelle de milliards d'êtres humains de tous les temps. L'acte de Marie était libre. Dieu qui a créé la liberté en laisse l'usage aux hommes.
La grâce la plus éminente, la plus pressante, ne contraint jamais. Grand mystère que ce fond de la volonté humaine qui est libre de dire oui ou non. Sans doute, la Sainte Vierge Marie était-elle si parfaitement en accord avec la pensée de Dieu qu'elle s'harmonisait sans hésitation à la volonté divine, dès qu'elle la concevait clairement.
Ce qui nous révèle la liberté de Marie, c'est justement sa question à l'ange. Pour faire un acte d'une spontanéité spirituelle, il lui fallait une connaissance raisonnable de ce que Dieu demandait. Mais aussitôt la clarté obtenue, elle dit : Fiat " qu'il en soit ainsi puisque Dieu le veut". Nous n'aurons jamais assez de reconnaissance à Marie pour cette acceptation si lumineuse, si ordonnée, si aimante.
Remarquons toutefois que la Sainte Vierge ne demande que juste ce qu'il faut, pour que son acte soit raisonnable. Puisque Dieu accorde cette maternité avec son dessein de demeurer vierge, elle accepte sans interroger sur la suite des évènements. Cela lui apportera-t-il joie ou souffrance, exaltation ou abaissement? Comment ce fils de Dieu, qui sera aussi le sien, arrivera-t-il à réaliser ce règne éternel que l'ange annonce? ... Elle ne va pas plus vite que Dieu. Quel exemple pour nous toujours si impatients de scruter l'avenir, pour savoir ce qui nous arrivera en bien ou en mal.
Contemplons maintenant l'éminente dignité de Marie, devenue réellement mère de Dieu.
Toute sa grandeur est dans cet évènement. Avant, ce n'était que préparation, sans que la sainte Vierge trop humble, pour rêver une si haute destinée, y ait songé. Après, aucun évènement ne pourra rien y ajouter. Son couronnement dans le ciel "ne fera que révéler parfaitement ce qui existe" secrètement.
Cette union avec Dieu par l'humanité de l'enfant qui doit naître est pour Marie une transfiguration totale de son être. On ne peut que suggérer quelques idées par analogie. Il est légitime de comparer cette union à cette fusion des êtres que saint Paul exprime ainsi: Est-ce que je vis? Ce n'est plus moi. C'est le Christ qui vit en moi. (Gal. II,20)
La fin de la vie surnaturelle, telle que Dieu nous l'a révélée, c'est l'union avec Dieu. Nous en parlons, comme d'une très belle chose.
Nous la voyons surtout comme une réalité magnifique dans l'avenir. Sur terre, on peut l'atteindre par la foi. Et même chez les saintes âmes, il y a des " pressentiments d'éternité". Les saints nous décrivent comme ils pensent ce sentiment d'union, avec toutes les illuminations et les transformations qu'elle opère dans tout leur être. Etant déjà si inhabiles à parler de la vie d'union des âmes privilégiées, que dirons-nous de cette union à la fois physique et spirituelle telle qu'elle se réalise en Marie, à partir de l'Annonciation?
Nous pouvons dire que cette présence de Jésus en Marie, est comme un sacrement, à condition de comprendre qu'il s'agit d'une action sanctifiante qui dépasse en perfection toutes les initiations sacramentelles, et les ordinations sacerdotales et les communions eucharistiques. Marie n'avait pas à être purifiée comme nous par le Baptême, ni affermie par la Confirmation. Par l'Immaculée Conception, elle est en parfaite harmonie avec Dieu. Mais la présence du Dieu incarné est une consécration dont l'effet demeure, et une communion dont la grâce opère à tout instant.
S'il nous est donné de saisir, toujours par une analogie lointaine, ce qui se passe dans l'être de Marie, lors de l'Annonciation, il nous sera facile de comprendre pourquoi le culte de la Sainte Vierge a pris dans l'Eglise une telle extension. Certains esprits ont pu s'étonner, qui n'avaient pas approfondi le rôle de la maternité de Marie dans notre Rédemption. Penser que Jésus ait pu par la suite traiter sa mère, 'comme s'il s'était servi d'elle pour s'incarner , et il était sorti de cette chair, et, en apparence, il n'y avait plus rien de commun entre elle et lui...", c'est une idée fausse.
Dieu avait choisi Marie, l'avait ornée de privilèges, à son insu, pour la préparer à cette indicible union de la maternité. Il faut songer au contraire à une infinité de délicatesses, de prévenances, d'égards, pour cette créature la plus aimée, parce qu'elle était la plus pure, la plus fidèle, " pleine de grâce, bénie entre toutes les femmes."
Or ces délicatesses, qui prirent une forme humaine au cours des années de vie terrestre de Jésus, commencèrent dès la conception de l'enfant, qui est Dieu, par des effusions silencieuses, des clartés, des inspirations, des attraits d'amour, enfin tout ce qui convient à un être choisi pour être l'intermédiaire entre Dieu et l'humanité.
Jésus est le Médiateur. Mais Marie est en vérité la médiatrice du Médiateur par le consentement qu'elle a donné à l'incarnation.
C'est sur quoi se fonde la dévotion exceptionnelle de l'Eglise à Marie, si l'on peut dire que cette dévotion n'aura jamais fini de se préciser et de s'accroître.
Marie est la plus proche de Dieu, et en même temps elle est femme, elle est de notre race. Lorsqu'on a compris une fois cette vérité, l'on voit très bien que notre louange sera toujours inférieure à sa dignité, et d'autre part, qu'il n'y a pas de situation si désespérée qui ne puisse trouver par Marie une solution. Elle existe pour cela: pour être l'intermédiaire humain de la grâce divine, pour notre rédemption.
C'est à cette hauteur spirituelle qu'il faut situer la très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu.
Il y a un fait d' ordre humain dans l'Annonciation: la conception de l'enfant. Mais ce fait ne prend tout son sens que par son aspect spirituel. Saint Augustin écrira: " Son union comme mère avec l'Enfant ne lui eut servi de rien, si elle n'avait été plus heureuse de porter le Christ dans son coeur que de le porter dans sa chair."
Maternité qui devient la cause de l'union la plus parfaite entre une créature et Dieu. Maternité qui unit toute l'humanité à Dieu, sous un mode nouveau. Nous allons de l'un à l'autre de ces deux grands aspects de la maternité de la Sainte Vierge. L'un nous révèle sa grande dignité entre toutes les femmes, son union aux richesses indescriptibles.
Il nous est doux de penser qu'une fille des hommes ait été unie si profondément à Dieu.
L'autre aspect nous révèle les espérances que nous pouvons fonder sur celle dont le consentement était attendu au nom de l'humanité tout entière. C'est pour elle, mais aussi, d'une manière indissoluble, en notre nom et pour nous qu'elle a dit:" Qu'il me soit fait selon votre parole.
Nous en retirerons cette conviction que Dieu a voulu que la Rédemption fut quelque chose de très humain., pour nous tenter de mille manières de donner notre consentement à sa venue en nous.
Qu'il nous donne la grâce de trouver facile ce consentement, puisqu'il doit être fait en union avec notre Mère, si divine et si humaine.
fr J Webert op +
Bon et saint Temps de l'Avent .
'Avec l'Immaculée, tournés vers les réalités d'En-Haut"