Ode à l'immaculée Conception.
Publié le 27 Novembre 2016
Tota pulchra es,
et macula non est in te.
'(Cantique des Cantiques)
Roma locula est;
Causa finita est.
(St. Augustin )
Les cieux étaient sereins: pure, belle féconde,
La nature étalait sa force et sa beauté;
Mais la clarté du jour s'éteint, l'orage gronde,
Et le deuil couvre au loin le monde épouvanté.
Sous l'abri d'un laurier, aux bords d'une eau courante,
Dans un vallon secret s'épanouit un lys;
L'été n'a point terni sa parure éclatante,
Par l'orage on dirait ses charmes embellis.
Telle au milieu d'un monde où pèse l'anathème,
Tu fleuris ô Marie, ô tige de Jessé!
Et le rayonnement de ta beauté suprême,
Révèle de l'Eden le bonheur effacé.
L'arbre du genre humain flétri dans sa racine
Ne mûrit point les fruits de ses pâles rameaux:
L'homme, ce fils du ciel, n'est plus qu'une ruine,
L'iniquité d'Adam le couche sous les maux.
Par le crime d'un seul notre race est proscrite:
Tous, nous naissons impurs, maudits, déshérités.
La nuit souille la terre, et la terre maudite
Vers Dieu lève en tremblant ses regards attristés.
Chaste fleur du Carmel, ô Vierge, ô fille d'Eve;
Toi seule de l'enfer n'a point subi la loi,
L'abîme t'environne en grondant; Dieu se lève,
Le déluge du mal s'arrête devant toi.
Sous un ciel menaçant, aurore lumineuse,
Tu parais à nos yeux sur un trône d'azur,
Moins pur est l'arc-en-ciel sur la nue orageuse,
Moins belle luit l'étoile à l'horizon obscur.
Je ne m'étonne point de tes destins sublimes,
Ton corps est l'arche sainte où le ciel descendra:
Et de l'immensité franchissant les abîmes,
A l'homme dans ton sein le Verbe s'unira.
Le Dieu saint devait-il, un jour, une heure même,
Abandonner ton être au pouvoir infernal?
Devait-il, un seul jour, vouer à l'anathème
Le temple de son fils, de son fils sans égal?
Non, non, ô vierge! ô mère! et je crois aux prophètes,
Dont la voix annonçait tes futures grandeurs;
A l'Eglise du Christ qui toujours, dans ses fêtes,
Environna ton front d'immortelles splendeurs.
Je crois à l'Esprit-Saint te nommant toute belle,
Belle de pureté, d'innocence et d'amour,
Belle comme au désert la colombe fidèle,
Comme l'astre des nuits, comme l'astre du jour.
En vain l'erreur frémit et lance le sarcasme;
A l'enfer vraiment s'unit l'impiété;
La foi des nations, l'amour, l'enthousiasme
Bravent les noirs complots de l'orgueil irrité.
Les cités, les hameaux, en l'honneur de Marie,
De cantiques sacrés toujours retentiront;
Et pour glorifier cette Reine chérie,
Toujours aux séraphins les peuples s'uniront.
Le jour vient! le jour vient! de pieuses offrandes
Que nos mains à l'envi chargent les saints autels;
Vierges jetez des fleurs, et tressez des guirlandes;
Célébrons ce grand jour par des chants immortels !
Les pontifes sacrés, les chefs de la prière
Ont acclamé ton nom dans le cénacle saint;
Un immense transport saisit la terre entière;
O Vierge, gloire à toi! gloire au fruit de ton sein!
O mère des mortels! ô sublime patronne!
Par d'immenses bienfaits signale ce beau jour!
Veille sur notre France où ta gloire rayonne,
Et luis sur l'univers comme un phare d'amour.
Pour moi que tu couvris de l'ombre de ton aile,
Je veux de mes transports enflammer tous les coeurs;
Je veux jusqu'à la mort, à ton culte fidèle,
Bénir ton nom divin et chanter tes grandeurs.
+ mr. l'abbé Firminhac