les O de l'Avent
Publié le 17 Décembre 2016
L'Eglise fait entendre les prières plus pressantes dans les grandes antiennes appelées encore antiennes O, parce qu'elles commencent toutes par cette invocation. Elles se composent de divers passages de l'Ecriture, réunis et fondus ensemble. La liturgie catholique a peu de parties aussi belles. Le savant Alcuin admirait les antiennes solennelles, et on raconte que, pendant quelques temps avant de mourir, il répétat plusieurs fois celle qui commence par ces mot " O clavis David! O clef de David". Qu'on se figure ces pensées de l'Esprit Saint, ces formules de Moïse, David, Isaïe, chantées sous les voûtes du Mont-Cassin ou de Clairveaux, par un saint Benoît ou un saint Bernard..., on aura l'idéal de la poésie ou du lyrisme.
Voici la traduction de ces belles antiennes:
O Sapientia: O Sagesse qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut, qui atteignez d'une extrémité à l'autre avec force, et qui disposez tout avec douceur, venez nous enseigner la voix de la prudence!
O Adonaï: O Adonaî, ô Dieu puissant, conducteur de la maison d'Israël, qui vous êtes montré à Moïse dans le buisson ardent et lui avez donné la loi au Sinaï, venez nous racheter en déployant la force de votre bras!
O Radix Jesse: O rejeton de Jessé, qui êtes exposé comme un étendard aux yeux des nations, devant qui les rois gardent le silence, à qui des gentils offriront leurs présents, venez nous racheter et ne tardez pas!
O Clavis David: O clef de David et sceptre de la maison d'Israël, qui ouvre et personne ne ferme, qui fermez et personne n'ouvre, venez et tirez de la prison le malheureux captif assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort.
O Oriens: O Orient, splendeur de la lumière éternelle et soleil de justice, venez éclairer ceux qui sont dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort!
O Rex Gentium: O roi des nations, vous qu'elles appellent de leurs désirs, pierre angulaire qui réunissez tous les peuples en un seul peuple, venez et sauvez l'homme, que vous avez formé de limon de la terre !
O Emmanuel: O Emmanuel, notre roi et notre législateur, l'attente des nations et leur sauveur, venez nous sauver, ô Seigneur notre Dieu!
On chante les O à Magnificat pour marquer que le Sauveur que nous attendons nous viendra par Marie.
Le 18 Décembre l'Eglise fêtait la fête de l'Expectation de l'Enfantement de la Sainte Vierge. Cette fête s'appelle encore Notre Dame de l'O ou la fête de l'O à cause des grandes antiennes et surtout celle qui commence par O Virgo Virginum ...(église d'Espagne)
Ces antiennes s'adressent à Jésus. Dans certaines églises, au moyen âge, on en chantait neuf: une à la sainte Vierge: O Virgo virginum! et une à l'ange Gabriel: O Gabriel! ou encore à saint Thomas, dont la fête tombe dans le cours des féries majeures.
Le rite parisien avait aussi neuf antiennes, mais, au lieu des O en l'honneur de la Vierge, de l'Archange et de saint Thomas, on chantait les antiennes O Sancte Sanctorum et O Pastor Israel. Il y eut même certaines églises qui portèrent jusqu'à douze le nombre de ces antiennes.
Histoires d'O d'avant la Révolution.
dans une maison de Gonesse, " Nous avons vu, une image représentant saint Michel terrassant le démon, et qui est une récompense accordée au jeune Etienne Cheyrolat, pour avoir chanté dans l'Eglise de Saint Nicolas, le 22 Décembre 1783, l'antienne O Rex gentium. Le petit bonhomme n'était âgé, est-il dit sur la gravure que de trois ans et demi.
A Saint Germain de Paris, il y avait un O fondé par les marchands de vin. Le prévôt des marchands, les échevins, le procurateur du roi, le greffier et les autres officiers de la ville y assistaient et on leur distribuait des confitures et des pains de sucre, ce qui avait fait donner à la cérémonie le nom d'O sucré . Par la suite, on remplaça ces sucreries par quelques livres de bougies, mais la fête n'en continua pas moins à porter le même nom..
Les archives de la collégiale de Notre-Dame de Poissy nous apprennent que les chanoines recevaient une rétribution pour les O de l'Avent. 2 livres et à Mrs les vicaires 30 soles pour leur assistance aux dites O ( 11 décembre 1686)
A Notre Dame de Paris, une des neuf antiennes des O de Noël appelée l'O d'Andrésy, comme il y en avait une dite de Vitry, une autre de Courbeuse. L'église appartenait au Chapitre de Paris, qui avait droit de nommer à la cure. Sa désignation d'O d'Andrézy indique sans doute quelque redevance. Quelquefois, le chant de l'antienne était exécuté par un enfant.