petit Jacques (2) pour enfant sage.
Publié le 7 Décembre 2016
Il arrive au carrefour des fées. En haut du piédestal, les mains clouées à la croix, la tête couronnée d'épines, le côté percé, le Christ étend les bras et semble convier le monde à s'y réfugier. Ses yeux agrandis par la souffrance regardent le ciel. A côté, on avait planté des sorbiers dont les graines rouges rappelaient les gouttes de sang qui tombèrent du front divin .
Marguerite avait une dévotion particulière au Christ du carrefour des fées, parce que les hommes qui rapportaient le cadavre de Grand-Pierre s'étaient arrêtés là et avaient prié pour lui. Voilà pourquoi elle avait recommandé à Jacques, s'il y passait, de ne pas oublier d'y faire une prière.
Jacques déposa son fagot, ôta son bonnet, s'agenouilla et récita les prières que lui avait apprises sa mère. Tout en disant ses oraisons que le vent accompagnait de sa voix lugubre; il regardait le visage du Christ, fouetté par la neige: la bouche entr'ouverte, les yeux levés lui donnaient une apparence de douleur infinie. Deux petits glaçons, pareilles à des larmes congelées, étaient suspendus à ses paupières.
Petit Jacques avait pité de cette souffrance; il eut voulu consoler celui qu'il invoquait.
Sa prière achevée, il rechargea son fagot et s'éloigna. Puis, il se retourna une dernière fois; vers le Christ dont les yeux semblaient le suivre. Au même moment, un coup de vent agita la neige amoncelée sur les bras, et la statue parut frissonner.
Jacques s'arrêta :" Ô mon pauvre bon Dieu, murmura-t-il, comme tu as froid!" Et il revint auprès du Crucifix, là même, sans le savoir, où son père avait été déposé.
Il ôta sa roulière, grimpa sur le piédestal, et, s'aidant de la saillie formée par la ceinture, il put atteindre les épaules du Christ, qu'il enveloppa de son manteau.
L'enfant redescendit, recula pour mieux voir et fut content :" Au moins, dit-il, tu n'auras plus si froid." Les glaçons suspendus aux paupières fondaient doucement et glissaient, comme des pleurs de reconnaissance sur le visage de granit.
Jacques reprit son chemin en courant; la bise soufflait derrière lui et traversait sa blouse en cotonnade. Il arriva haletant au bas du coteau, près du ravin garanti de la neige par un rideau de sapins. Il s'assit pour se reposer, une minute seulement, avant de rejoindre sa mère, " car il ne faut pas dormir', disait le pauvre enfant.
Mais il était si fatigué, qu'il s'endormit.
(à suivre !!! ) que va-t-il arriver au petit Jacques à son réveil ? la suite au prochain numéro . ! quelle lecture quand même ! alala..