petit Jacques. ( pour enfant sage ! )
Publié le 7 Décembre 2016
décembre: le mois des petits .
Il neigeait; le ciel était gris, la terre était blanche, le vent du nord pleurait dans les branches des arbres, l'étang était gelé, et les petits oiseaux avaient faim.
Depuis le jour où Grand-Pierre avait été ramassé mort, sur la route, le malheur planait sur la chaumière de Marguerite, et avec le malheur était venue la misère. La veuve était couchée, les pommettes rouges, les yeux demi-clos, les lèvres pâles.
Le petit Jacques, son fils, venait d'atteindre ses dix ans.
Le matin de Noël, l'enfant se lève au petit jour :" Avez-vous bien dormi, mère?
- Oui cher petiot, très bien. Je me sens mieux, mon Jacquot, mais j'ai un peu froid! Fais du feu dans l'âtre."
Jacques inspecta tous les coins :" Mère, il n'y a plus de bois!" Marguerite leva les yeux au ciel: " Comment faire?" Et s'efforçant de sourire, elle ajouta :" Il me semble que j'ai moins froid que je ne le croyais!"
Jacques se chaussa, enfonça son bonnet sur ses oreilles et dit à sa mère :" Je vais à la forêt chercher du bois mort, je serai bientôt de retour.
- Mais c'est le jour de Noël, enfant, !
- Le Bon Dieu me pardonnera, mère, puisque c'est pour vous.
- Petiot, c'est défendu d'aller dans la forêt.
- Personne ne me verra, je serai revenu pour aller à la messe.
Marguerite hésitait, mais elle avait si froid: " Va, mon enfant, dit-elle, Dieu te bénira parce que tu aimes ta mère. "
Petit jacques prit sa serpette, une ficelle pour lier son fagot, il embrassa sa mère et ouvrit la porte pour sortir. Une rafale de vent, chargée de neige, vint tourbillonner dans la chambre :"
- Quel temps! Seigneur" , murmura la malade. ' Ecoute, petiot, ouvre le coffre où j'ai serré les hardes de ton pauvre père, prends son manteau, ce manteau dans lequel on me l'a rapporté le jour du malheur! Enveloppe-toi bien avec, et le froid ne te fera pas de mal. C'est assez d'un malade à la maison."
Jacques prit le manteau plié dans le coffre, et sur lequel reposait une branche de buis bénit. C'était une de ces larges mantes en laine, appelées selon les contrées, roulières ou limousines.
Au moment où l'enfant allait partir, Marguerite ajouta:" Jacques, si tu passes au carrefour des fées, n'oublie pas de faire ta prière aux pieds du crucifix."
Jacques prit le chemin de la forêt. La neige tombait toujours, chassée par la brise. Parfois l'enfant s'arrêtait pour enlever, d'un coup sec, la neige attachée à ses sabots. Il n'avait pas froid, mais sa roulière lui semblait lourde, et il marchait avec courage, car c'était un bon petit gars.
Il allait, enfonçant parfois jusqu'aux genoux, tombant parfois, mais il se relevait en riant.
Dans la forêt, Jacques se mit à l'oeuvre. Ah! comme il se dépêchait, le brave petit! Il avait enlevé sa roulière pour être plus libre. Ses jambes, ses bras, ses mains étaient trempés de neige et transis de froid pendant que son visage ruisselait de sueur. Alors il se redressait; regardait le tas de branches mortes déjà ramassées, et se sentait joyeux en songeant à la flambée que cela ferait et qui réchaufferait sa mère.
Enfin, il a ramassé tout ce qu'il pourra porter. Il ajouta encore deux ou trois branchettes pour faire bonne mesure, lie son fagot, remet sa roulière sur ses épaules, charge son paquet sur son dos au moyen de deux bâtons plantés au-dessous de la ficelle, et reprend le chemin du village.
Ses petites jambes tremblent un peu, car le fardeau est pesant et la neige épaisse, mais sa mère a froid, elle grelotte en l'attendant; et puis, il a entendu la cloche sonner le premier coup de la messe... Comme il se hâte !
(à suivre !!! )