A Dieu Maestro ! Georges Prêtre.
Publié le 8 Janvier 2017
© PASCAL PAVANI
" Le silence seul digne de Dieu"
Les obsèques de Georges Prêtre se sont déroulées hier matin dans son village de Navès. Et c'est dans l'intimité et sans musique, que le célèbre chef d'orchestre a été inhumé.
La cérémonie a été à l'image de l'homme : simple et discrète. 150 personnes sont venues dire un dernier au revoir à Georges Prêtre hier matin en l'église de Navès, village aux portes de Castres, où le grand chef d'orchestre français vivait et où il est décédé mercredi à l'âge de 92 ans (voir notre édition de jeudi). La famille souhaitait une messe dans l'intimité. Un souhait respecté puisqu'uniquement ses proches, ses amis et quelques habitants de Navès étaient présents. Le monde de la musique et de la culture ainsi que les grands de ce monde, que Georges Prêtre a côtoyés toute sa vie dans sa carrière internationale incomparable, attendront la cérémonie prévue d'ici la fin du mois en l'église Saint-Roch à Paris pour rendre hommage au maestro. «Pour Georges Prêtre, du balayeur à la reine d'Angleterre, chacun méritait le même respect», a indiqué le père Vincent Cabanac, ami du défunt, qui a célébré la messe avec le père Claude Cugnasse. une cérémonie «sans musique» selon le souhait du maestro préférant «une mélodie spirituelle». Car pour celui qui a fait de la musique «le sang qui animait sa vie, les notes surgissaient du silence, a expliqué le père Cabanac. Georges Prêtre disait que le silence était seul digne de Dieu».
En dehors de son talent, c'est la simplicité et la gentillesse de l'homme qui reviennent avant tout dans la bouche de ceux qui connaissaient Georges Prêtre qui a «tout donné à ses passions : sa femme, sa famille et la musique».
«Il était du village, je le voyais souvent, au moins à la messe, et il venait partager la fabounade à la fête du village», témoigne cet habitant de Navès qui avait tenu à être présent hier matin. Le chef d'orchestre, qui a dirigé les plus grands orchestres de Paris à New-York, de Chicago à Milan, avait d'ailleurs invité une douzaine de jeunes de la section musique de la MJC de Navès en 1988 pour un séjour de 10 jours à Vienne où il était comme chez lui en tant que membre d'honneur de la Société philharmonique de la capitale autrichienne. «Il nous a servis de guide. C'est inoubliable, raconte le maire Marc Cousinié qui voyait régulièrement et déjeunait souvent avec le maestro qui l'avait notamment invité à venir à l'Élysée quand il a été fait grand officier de Légion d'honneur en 2009 par Jacques Chirac. Il s'intéressait à la vie de la commune. C'est une grande émotion pour moi. C'était un administré avec qui j'avais des affinités.»
«Des gens comme lui, il n'y en a plus»
Une commune qu'il a adoptée lorsqu'il a épousé Gina en 1950, la fille du directeur de l'opéra de Marseille, Jean Marny, originaire de Mazamet. Georges Prêtre va alors s'installer dans le château familial de Vaudricourt où il venait se ressourcer entre chaque concert et «prendre le calme». «Il avait toujours plein de projets. Il y a encore deux mois il me disait que c'était en devenant vieux qu'on devenait bon en musique, continue le maire. Et il espérait repartir faire des concerts. Il était originaire du Nord, le pays du charbon, et est allé au charbon toute sa vie». Un homme enthousiaste qui est toujours resté proche des gens, et notamment de son cercle d'amis castrais, malgré une carrière incroyable qui lui a permis de rencontrer les plus grands artistes et chefs d'État de ces 60 dernières années. «Il était grand et simple à la fois, indique Jacques Thouroude, conseiller régional qui avait côtoyé Georges Prêtre. J'avais organisé une entrevue avec le chef d'orchestre du conservatoire de musique et de danse du Tarn qui rêvait de le rencontrer. Cela a été d'une simplicité.» «On perd un ami, témoigne Jacques Limouzy, ancien ministre et ancien maire de Castres, présent également à cette cérémonie aux côtés entre autres du général Cann. On avait presque le même âge. Il est venu déjeuner à la maison avec sa femme le mois dernier. Des gens comme lui, il n'y en a plus».
Après avoir déjà baptisé la salle municipale au nom de Georges Prêtre il y a quelques années, la ville va faire construire un kiosque à musique «dédiée à la famille Prêtre» devant la mairie. «Georges Prêtre restera graver dans les annales de Navès», affirme Marc Cousinié. Il repose dorénavant au côté de son fils, Jean-Reynald, décédé brusquement en 2012, dans le caveau familial du cimetière du village qui surplombe la ville de Castres où il aimait souvent venir. Mais toujours dans la plus grande discrétion.
Audrey Azoulay : «Il était adulé par les mélomanes du monde entier»
Représentée aux obsèques de Georges Prêtre par Pierre-Jean Dupuy, adjoint du directeur régionales des affaires culturelles, Audrey Azoulay, ministre de la Culture, a rendu hommage au maestro dans un communiqué : «Remarquable ambassadeur du répertoire français, Georges Prêtre a dirigé les plus illustres orchestres, de Vienne à Milan, de New-York à Chicago. Paris n'était pas en reste : il y avait donné un dernier mémorable concert en 2013. Adulé par les mélomanes du monde entier, les musiciens appréciaient son art du laisser jouer, marque des plus grands. Ancien élève du Conservatoire de Paris, il fut le Maestro préféré de Maria Callas dont il accompagna les débuts à l'Opéra national de Paris. Admiré de Francis Poulenc, il créa l'un de ses chefs-d'œuvre, «La voix humaine», dans la fosse de l'Opéra Comique.»
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