la lumière du jour: lumen ad revelationem gentium.
Publié le 23 Janvier 2017
L'attention pieuse que l'Eglise donne dans sa liturgie à la lumière des cierges et des lampes à huile ne l'empêche point d'admirer le grand foyer lumineux formé par le Créateur lui-même.
La lumière et la beauté, la chaleur et la vie qu'il prodigue aux êtres de l'univers, ne manifestent pas seulement avec un magnifique éclat la Toute-Puissance divine; elles présentent encore aux esprits l'harmonie de l'ordre naturel réalisée d'une façon saisissante.
Ces constatations pénètrent le coeur d'un enthousiasme auquel s'ajoute l'onction d'une piété reconnaissante envers l'auteur de tous ces biens. L'intelligence expérimente par ce spectacle la sagesse du Seigneur; et rien n'est pour elle plus instructif.
Le soleil et sa lumière se prêtent à un symbolisme fécond. Il apparait surtout dans la liturgie de Noël et à Pâques et dans l'office des morts. L'abondance des aperçus est telle qu'il faut se borner à des indications, permettant à chacun de les scruter pour en savourer le charme. Les vérités chrétiennes s'y montrent sous des aspects riches et variés, qui procurent à l'âme contemplative des satisfactions inattendues; il y a tant de profit à mieux les saisir et à les aimer toujours davantage.
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Ce symbolisme a pour centre la seconde personne de l'adorable Trinité, le Verbe, sagesse du Père. La clef en est donnée par saint Jean au début de son Evangile dans les textes inoubliables que le prêtre récite tous les jours à la fin de la messe: " Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par Lui et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans Lui. En Lui était la vie et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas saisie.. Il était la vraie lumière, qui éclaire tout homme venant en ce monde. Erat lux vera quae illuminat omnem hominem venientem in huc mundum."
La lumière est ici prise comme le terme de comparaison le mieux approprié à l'action extérieure du Verbe. Le nom qui lui est donné convient, en effet, à sa nature et à son acte; son nom est une image de ce qu'il est et de ce qu'il fait; il donne à l'idée, qu'il est juste de s'en faire, une expression. Le mot lumière, parce qu'elle est devenue un nom divin, exprime une idée de Dieu. On la découvre en passant de l'ordre matériel à l'ordre spirituel; les réalités sensibles sont alors transparentes pour livrer à l'observateur pieux le secret de réalités supérieures.
La lumière, qui procède du soleil, son foyer, manifeste aux yeux de l'homme le monde tel qu'il existe; à sa faveur, les yeux distinguent les êtres matériels.
Mais il y a des êtres spirituels , qui échappent aux regards; les êtres corporels, de leur côté, sont élaborés en idées, lorsqu'ils s'élèvent au domaine de l'esprit et alors ils sont insaisissables pour les yeux. De plus, certains êtres spirituels vivent et agissent dans des sphères où la raison humaine ne saurait aborder; il y a des idées , non moins inaccessibles. La connaissance, la science joue dans les rapports de l'intelligence avec ce monde un rôle analogue à celui que la nature donne à la lumière pour mettre l'homme en relation avec le monde sensible. La science, la connaissance est donc la lumière de l'esprit; elle a pour foyer la seconde personne de la Trinité qui manifeste aux hommes les êtres, les idées, l'ordre surnaturels.
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Chaque matin , à l'office des laudes, quand les clartés de l'aurore animent l'horizon, l'Eglise répète au Seigneur le cantique de Zacharie: Benedictus Dominus Deus Israel quia visitavit et fecit redemptionem plebis suae Israel; elle chante l'Incarnation et la Rédemption qui sont les visites de la lumière divine ; par ces mystères, elle procède à l'illumination des hommes , en leur donnant la foi et la possession des vérités surnaturelles.
Le chant aboutit à ces versets: ad dandam scientiam salutis plebi ejus. C'est pour donner à son peuple la science du salut, pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la voie de la paix.
Ad dandam scientiam salutis plebi ejus... Illuminare his qui in tenebris et in umbra mortis sedent.
C'est grâce aux profondeurs de la miséricorde de notre Dieu que nous avons reçu le soleil levant, per viscera misericordiae Dei nostri, in quibus visitavit nos Oriens ex alto.
Comme cet Oriens ex alto est admirablement choisi pour saluer, au moment où l'astre producteur de la lumière est sur le point de paraître à l'horizon, l'arrivée en ce monde de celui qui vient des cieux éclairer les âmes. Le Verbe fait chair, Dieu enfant, mérite bien d'être nommé Oriens ex alto, il est le soleil qui se lève pour nous. Désormais, soleil, lumière, prennent place au vocabulaire des noms divins.
Le soir, à la tombée de la nuit, l'Eglise célèbre avec le vieillard Siméon cette même lumière, qui s'est manifestée au monde: lumen ad revelationem gentium et gloriam plebis suae Israel.
Le choix du moment fait ensuite réfléchir sur la convenance de ce symbolisme.
Le soleil oriens ex alto, à son déclin du crépuscule est toujours l'image du Dieu fait homme.
(à suivre )
dom Paul Besse op;.