La lumière et son symbolisme liturgique: lumen ad revelationem gentium
Publié le 23 Janvier 2017
Les saintes reliques, les images de Notre Seigneur, celles de sa mère et de ses saints peuvent également recevoir des fidèles la lumière de l'huile en témoignage de vénération. Son symbolisme est le même.
Le grand nombre de ces veilleuses dans nos sanctuaires manifeste la vivacité du sentiment religieux au coeur d'une population, la précision de la confiance en l'efficacité de la communion des saints; elle montre dans un signe l'activité compatissante de la famille qui possède la lumière et le repos éternel, au profit des frères qui continuent dans les larmes leur pèlerinage terrestre.
L'huile se prête, aussi bien que la cire, à son rôle d'holocauste symboliique, de prière se poursuivant dans un signe matériel; son sacrifice est complet, puisqu'elle passe toute en feu et en lumière.
L'odeur qu'elle exhale, lorsqu'elle est de bonne qualité, convient comme celle des cierges à l'atmosphère de nos églises. Les chrétiens d'Orient se sont plus en maintes circonstances à la parfumer encore au moyen de substances aromatiques, pensant honorer davantage le Seigneur.
L'huile a une noblesse qui la distingue entre les substances que la nature fournit aux hommes en récompense de leur travail; l'Eglise la célèbre avec une complaisance marquée dans la préface que l'évêque chante le Jeudi Saint durant la consécration de l'huile sainte, de l'huile des catéchumènes et du Saint-Chrême.; il lui a suffi, pour le faire, de connaître et d'admirer la grandeur et la beauté que Notre Seigneur Jésus-Christ leur confère en les associant à l'économie de ses sacrements.
Le Pontife rend grâce au Seigneur Tout-Puissant, éternel, qui, au commencement des choses, entre autres preuves de sa bonté, donna l'ordre à la terre de produire des arbres qui se couvriraient de fleurs et de fruits, et, plus particulièrement celui où naissent et mûrissent les olives génératrices du liquide onctueux avec lequel on confectionne le Saint-Chrême.
David à qui l'Esprit Saint révéla l'harmonie existant entre les secrets de la nature et les mystères de la grâce, invite les hommes à réjouir leur visage en l'oignant avec de l'huile, qui devient ainsi le symbole de la félicité et de la force. Dieu la proposa comme un indice de la paix rendue au genre humain et des avantages qu'elle porte avec elle, le jour où la colombe revint dans l'arche, un rameau d'olivier au bec;
elle annonçait ainsi que le déluge prenait fin et que la terre allait de nouveau donner à ses habitants la nourriture de chaque jour. Les évènements figuraient à l'avance l'effusion de l'Esprit-Saint dans le corps et l'âme des chrétiens par l'onction de l'huile consacrée; ceux-ci jouissent des biens surnaturels montrés à leur pères sous des figures transparentes quelquefois.
Dieu se servit de l'huile dans l'ancien Testament pour transmettre ses bénédictions aux hommes. Par son ordre, Moïse la versa en abondance sur la tête de son frère Aaron, après l'avoir fait se purifier dans l'eau; il préludait ainsi à l'effusion de l'Esprit-Saint qui se fit sous la forme d'une colombe, lorsque le Seigneur eut reçu le baptême des mains de Jean; cette onction mystérieuse lui valut un témoignage solennel des complaisances divines.
L'olivier, qui livre aux hommes ce liquide, le plus riche de tous, pousse volontiers et fructifie auprès de leurs maisons. Cet arbre est pour eux un compagnon, un ami, dans les campagnes qu'un soleil ardent échauffe. Sa chaleur et sa lumière sont élaborées par l'olivier pacifique en baies charnues; l'huile qui en sort mêle ses vertus aux aliments dont l'homme se nourrit; il deviennent plus substantiels et plus assimilables; c'est-à-dire générateurs plus actifs de force et de vie. Telle est son efficacité que les peuples primitifs en font un usage externe, pour donner à leurs muscles vigueur et souplesse.
Dieu qui l'a pourvue de ces qualités est resté fidèle à lui-même, quand il en a fait le véhicule de ses grâces sacramentelles et les chrétiens entrent dans ses vues, lorsqu'ils la consacrent au luminaire liturgique..
L'huile qui brûle devant les relique des saints Thaumaturges ou les images miraculeuses passa longtemps pour se charger de leur vertu. Les pèlerins en recueillaient quelques gouttes qu'ils enfermaient pieusement dans une ampoule. Ces souvenirs étaient l'objet d'une vénération confiante de la part des fidèles, qui les honoraient comme des reliques véritables. Des miracles furent souvent la récompense de leur foi; des récits authentiques en sont la preuve.
Ces faits ne témoignent pas seulement de la vivacité du sentiment religieux chez nos pères, ils attestent encore la communication surnaturelle que le culte divin établit entre les saints et les objets qui servent à les honorer.
(à suivre)
dom Paul Besse. op+