mon Dieu, je ne suis pas digne.
Publié le 19 Janvier 2017
Au moment où le Seigneur entra à Capharnaüm quelques notables s'approchèrent de lui . Ils venaient recommander à sa bienveillance la requête qu'un officier allait lui présenter pour la guérison d'un de ses domestiques. Car déjà le bruit s'était répandu que le Christ était un thaumaturge, et l'on s'adressait à lui dans les cas où la science de l'époque s'était révélée impuissante. Le centurion de Capharnaüm avait su s'attirer les bonnes grâces des gens du pays où il campait. Ses émissaires eurent soin d'en faire connaître la raison: ils le présentèrent comme un homme digne d'être assisté, parce que favorable à la nation prédestinée. L'âme de l'officier était donc orientée vers la vérité divine.
Il était préoccupé par la maladie d'un serviteur. Cela nous parait tout simple: c'était pourtant bien rare à une époque où l'on ne mettait guère de différence entre un esclave et une bête de somme. Il a fallu des siècles de christianisme pour nous imprégner de cette charité céleste. Le centurion, lui connaissait déjà la pitié ce qui n'était pas l'apanage de beaucoup de soldats romains.
Le centurion supplia Jésus de guérir son serviteur malade.
Il sentait bien que pour obtenir une faveur si extraordinaire, il fallait avoir devant Dieu des mérites exceptionnels. Il se rendait compte que personne (et lui en particulier, pensait-il) ne peut avoir la témérité de prétendre qu'il est assez élevé en sainteté pour requérir une telle manifestation de la toute-puissance céleste dominant les forces de la nature.
Quelle impulsion surnaturelle lui révéla que le meilleur moyen de s'approcher du Dieu infiniment grand, c'est de se faire tout petit?
Il s'effraye à la pensée que Jésus viendrait dans sa trop modeste maison. Mais surtout il comparait la misère de son âme à la sainteté suréminente de Celui à qui il avait osé s'adresser. Et ce sentiment très noble lui dicta ce voeu :" Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez chez moi, mais dites seulement une parole et mon serviteur sera guéri. "
L'expression de cet officier a paru si admirable à l'Eglise qu'elle l'a reprise pour en faire une des plus solennelles formules liturgiques: elle la place tous les jours sur les lèvres de ses prêtres et la leur fait répéter trois fois avec une variante adaptée, à l'instant où ils vont avoir le redoutable honneur de consommer le corps du Christ et de le distribuer aux fidèles.
L'humilité du centurion ne lui fait pas perdre pour autant l'objet de sa démarche.
On reste confondu devant une telle simplicité, unie à une si juste et si sainte appréciation des choses divines.
Certainement, s'il avait écouté son désir humain, l'officier aurait été glorieux et heureux de retenir, ne serait-ce qu'un instant, le Maître du monde sous son humble toit. Il sentait que c'était peut-être demander trop. Et en même temps qu'il s'abaissait volontairement, il rendait hommage à la divinité à qui il s'adressait en suppliant.
La réponse du bon Jésus ne se fait pas longtemps attendre. L'Evangile emploie, à ce moment, une expression étonnante :" Audiens autem Jesus miratus est. " Ce qui doit se traduire d'une double façon. Le verbe latin mirari exprime à la fois l'étonnement et l'admiration. " Je n'avais, jamais vu tant de foi en Israël.
Jésus s'occupa de lui témoigner l'efficacité de sa prière bien faite.
Il a eu la condescendance de se plier à toutes les modalités du désir exprimé avec tant d'humble foi. Il décida de ne pas pénétrer dans la maison, où l'on considérait qu'un tel honneur eût été exagéré. En même temps il édicta l'arrêt souverain qui effectuerait la guérison demandée. Pour accomplir ce que ni le temps ni les remèdes n'avaient obtenu, il lui suffit d'une seule seconde. Il dit :" Je veux." et ce fut à l'instant même que le domestique se trouva soulagé de ses maux, et non seulement soulagé mais guéri d'une manière radicale.
Il est permis de croire que le centurion, déjà récompensé de la sorte, reçut une rémunération meilleure encore de sa foi lorsqu'il pénétra dans l'éternité .