Saint Luther , semaine de l' Unité
Publié le 20 Janvier 2017
Le signe de la vérité, c'est l'unité. La vérité venant de Dieu, ne change pas. Ce qu'elle est aujourd'hui, elle l'était hier, elle le sera demain.
L'erreur au contraire, a pour note caractéristique la variation. Issue de la pensée humaine, livrée au hasard des conceptions personnelles, elle en a toute la mobilité et la faiblesse. Or, le protestantisme qui est l'erreur n'a pas échappé, et dès son origine même, à cette loi, par une interprétation arbitraire du dogme révélé.
On a donné au protestantisme le nom de Réforme; il aurait mieux fallu de lui donner celui de Révolte: car il a été la révolte contre l'autorité disciplinaire et doctrinale de l'Eglise, avec ses plus funestes conséquences.
De Luther on a dit qu' "il changeait d'opinion du lever au coucher du soleil, parlant le matin comme Emser, et à la nuit tombante comme Wiclef". Après s'être prétendu inspiré pour donner une nouvelle version de la Bible, il efface de son travail avec les années un grand nombre de fautes et ajoute à chaque édition des notes rétractatives qu'il met sur le compte de l'Esprit-Saint. Les erreurs et les contre-sens qu'elle renferme enlèvent aujourd'hui à cette oeuvre, en dépit de son art littéraire toute autorité.
Au catéchisme qui civilisa le monde Luther veut en opposer un autre, mais qu'il faut raturer sans cesse. Le point central de sa théologie est le principe fameux de la justification par la foi seule et de l'inutilité des oeuvres pour le salut, comme si saint Paul n'avait pas dit :" Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres." Il condamne également le jeûne, l'abstinence, l'aumône dont l'Evangile glorifie si fréquemment le mérite.
La dogmatique saxonne se transforme perpétuellement . Après avoir admis la hiérarchie pontificale, Luther la repousse, combat la primauté romaine et préconise une Eglise d'état. Contre les catholiques, il rejette le principe d'autorité et fait appel à l'Ecriture exclusivement; et lorsqu'il s'adresse à des adversaires protestants, il ne craint pas d'invoquer le témoignage des martyrs et des Docteurs.
Sur la question du pouvoir de juridiction sacerdotale, Doellinger fait remarquer que la pensée de Luther varia quatorze fois. Il disait le tenir, tantôt du magistrat de Wittenberg, tantôt de sa dignité de docteur.
Si dans ses premières thèses il maintient l'intégralité des sacrements, un peu plus tard, dans une lettre à Mélanchton il les réduit à deux ou trois.
D'après la version grecque et la Vulgate dont l'authenticité est officiellement reconnue, nous avons le sens précis de ces paroles : Ave gratia plena, adressées à la Vierge de Nazareth. Dans le camp de la Réforme, tout docteur en appelle sur ce point à la fantaisie de son jugement personnel. Les modernistes en auront leur traduction aussi suivant leurs fantaisies.
Chacun a pour seul guide sa conscience. Après avoir admis la prière et le culte des morts, il les condamne avec violence. Il dénature sur la Sainte Eucharistie toutes les acceptations du langage humain pour faire triompher le sens figuré, et par les données les plus contradictoires.
Au surplus Luther et Calvin ne firent que copier les hérétiques antérieurs. Vous ouvrez un des livres qu'ils nous ont laissés, c'est Arius; vous tournez la page, c'est Manès,; vous prenez une autre page, c'est Jean Huss.
A propos du texte de l'Eucharistie: " Ceci est mon corps; ceci est mon sang," Luther il est vrai garda constamment la doctrine de l'Eglise, du reste " si remplie de clarté à ses yeux qu'un enfant de sept ans ne lui donnerait pas une autre interprétation." Mais ses disciples seront loin de l'imiter. " Ceci signifie mon Corps," dit Carlstadst. " Du Christ dans la Cène, il n'y a qu'une présence figurative ." prétendent Oecolampade et Zwingle. " Il y est dans sa chair véritable," riposte Mélanchton. Un peu plus tard ses disciples les modernos transformerons l'Eucharistie "en pain de la route ! " communion aux fidèles sous les deux espèces etc..
En 1527, Luther comptait huit explications divergentes des paroles consécratoires; tente ans après elles étaient au nombre de 85 .
On vend la Bible de Wittenberg, la Bible de Genève, la Bible de Zurich, la Bible de Bâle. Le catéchisme de Zurich ne ressemble pas à celui de Neuchâtel, et le catéchisme de Neuchâtel à celui de Genève. Strasbourg est tour à tour luthérienne, anabaptiste, zwingilienne. etc...
St Hilaire disait aux Ariens :" Vous ne faites que bâtir et démolir . Il y a maintenant chez vous une aussi grande variété dans la doctrine que dans les modes; Chaque année, chaque mois en voit en éclore une nouvelle. "
Théodore de Bèze ne craindra pas d'écrire en parlant de ses coréligionnaires : " Ils se laissent emporter à tout vent de doctrine, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre,; si on peut connaître aujourd'hui leur sentiment en matière de religion, on peut jamais être assuré de ceux qu'ils auront demain."
Et l'âme chrétienne s'en va disant comme Madeleine éplorée: Ils ont enlevé mon Maître et je ne sais ce qu'ils en ont fait . "
Ainsi peut-on faire une rapide esquisse de ce portrait lugubre, sombre et sans saveur.