carême 2017 : le désir de la perfection. en union de prières avec nos moines.
Publié le 26 Février 2017
Se contenter de peu, dans l'ordre surnaturel, se contenter du commun et de l'ordinaire, est un grave danger qui nous expose à mener une vie toute routinière, terre à terre, pleine de heurts et même de chutes. C'est compromettre les fruits abondants de la Rédemption que de renoncer à l'intimité divine et à la sainteté à laquelle nous sommes appelés. C'est même faire courir un risque à notre salut éternel.
Car, sans aucun doute, c'est courir un risque de se contenter si facilement du conseil donné par certains: Avec la lumière ordinaire de la foi et la simple pratique du Décalogue, disent-ils, marchez donc tranquillement, sans penser à rien de plus et sans vous créer d'autres difficultés: les grands efforts sont superflus, fuyez les singularités et contentez-vous d'aspirations modestes: suivez le chemin fréquenté et sûr, facile et bien battu.
Malheureusement, cette voix fascinatrice et fatale, si "facile" et si "large" qu'elle dispense de tout effort, peut bien être le "chemin battu"; elle n'est pas la voie des saints, mais des âmes molles et lâches qui fuient, non seulement les "singularités" répréhensibles, mais aussi la croix du Christ, seul chemin sûr, bien que peu suivi.
Nous ne pouvons comprendre qu'il y ait des maîtres de spiritualité, des prédicateurs assez téméraires et insensés pour proposer et inculquer de telles maximes comme étant celles du Sauveur. On les entend dire: il est nécessaire d'être toujours modeste, méthodique et simple, d'éviter les chemins scabreux et suspects comme le sont toutes les voix élevées, extraordinaires et surnaturelles. Allons par le chemin uni, humble, ordinaire et naturel, le grand chemin, celui qui est sûr et qu'il faut toujours suivre.
Conseil excellent, si l'on veut n'aller que là où vont les gens à vie facile!
Ceux qui pensent et parlent de la sorte, ne voient pas que cette humilité et apparente modestie ne sont que négligence et paresse; l'extérieur normal et la vie méthodique dont ils se glorifient, ne sont que routine et résistance à la grâce. Cette lumière ordinaire dont ils se contentent, si elle n'est accrue par la lumière des dons du Saint-Esprit ou par la lumière de vie propre aux fidèles et généreux imitateurs du Christ, peut être facilement obscurcie par l'amour-propre où les intérêts terrestres que l'on ne sait plus la distinguer; elle peut être tellement affaiblie, et même éteinte par le péché qu'elle est insuffisante à découvrir les pièges et embûches tendus pour nos ennemis. " Prends garde que la lumière qui est en toi en soit ténèbres." Luc XI,35 - cf Jac II, 28;
Se contenter si facilement des préceptes est la manière d'agir d'un esclave, non celle d'un fils. Cela revient à mépriser les conseils paternels dont la pratique nous est nécessaire, - à chacun selon notre état- pour atteindre la perfection obligatoire, avec la fidèle pratique des vertus, et pour observer les préceptes eux-mêmes.
On s'expose à un purgatoire terrible et prolongé.
Enfin, cette "grande route", ce chemin facile, large et bien battu", par cela même qu'il ne monte pas et qu'il n'est pas semé de croix, n'est pas le chemin de Dieu ni des vrais serviteurs de Dieu. Ce n'est pas par là qu'on fait l'ascension du sommet solitaire et escarpé de la perfection chrétienne. Mais on court à la perdition: le Sauveur lui-même nous en avertit.
Notre-Seigneur ne se contente pas d'ailleurs de cet avertissement: il nous recommande avec une vive et chaleureuse insistance de toujours marcher dans le sentier droit de la justice et de la sainteté qui seul fait passer par la porte du recueillement, de la vigilance fidèle sur les sens, de l'abnégation, et du complet dépouillement de nous-même.
Sentier étroit, peu fréquenté, hélas! mais le seul qui mène sûrement et tout droit au ciel, l'unique voie que les vrais saints ont suivie: malgré toutes les difficultés, obstacles, travaux, angoisses, privations et tribulations, cette voie peut nous conduire tous, sans aucun danger jusqu'aux plus hautes cimes de la perfection, où peu à peu tout s'élargit et devient facile et où est promis à nos âmes le divin repos.
Ces sentiers de la droiture, cette voie de la sagesse (Prov. IV.II) Dieu lui-même s'offre à nous les enseigner, si nous prenons véritablement la résolution de gravir :' ce sommet de la montagne sainte qui nous a été préparé." (Is. II,2)
De cette manière, " nous serons admis dans sa maison et nous pénétrerons dans son tabernacle admirable". , (Ps. XLI, 5)
A l'imitation du Psalmiste, nous devons demander avec instance cette faveur, sûrs d'en être l'objet, et de posséder d'infinis trésors, si nous sommes à la fois humbles, craintifs et confiants.
La voie de la perfection est à la portée de tout chrétien fidèle, qui, libre des impuretés et des servitudes mondaines, désire cette perfection et la demander avec ferveur pour aller droit au ciel avec la sainte liberté des enfants de Dieu.
Oui, vraiment, la voie de la sainteté est à notre portée; nous pouvons et nous devons demander la perfection et la chercher. Nous pouvons et nous devons, avec le secours ordinaire de la grâce, porter tous nos efforts constants à suivre ce chemin de la sainteté, le chemin sûr.
La générosité du Père céleste nous y invite : il s'offre amoureusement à se manifester à nous dans Sion, si nous nous efforçons de dresser dans notre coeur l'échelle des saints désirs.
Notre faiblesse, nos besoins réclament cette perfection pour que nous ne périssions pas loin de Celui en qui se trouve tout bien.
Dieu n'aime pas que nous nous imposions des limites: nous devons viser au plus haut, au plus sublime possible, au sommet même de la perfection de la sainteté et de la béatitude.
Il n'y a pas là présomption, mais amour, confiance, générosité fidèle correspondance aux bienfaits divins. Grâce à ces bienfaits, de nouvelles forces sont données, des encouragements excitent à toujours aller de l'avant sans jamais faiblir, comme faiblissent les pusillanimes et les découragés qui se parent d'une fausse humilité. " Ceux qui se confient en Jehovah prennent de nouvelles forces; ils élèvent leur vol comme les aigles; ils courent et ne se fatiguent point, ils marchent et ne se lassent point. (Is. XI, 31) Ils peuvent progresser, monter de vertu en vertu, voir Dieu sur le sommet de la montagne sainte.
Le vrai juste ne se contente pas d'un minimum , mais aspire à la plénitude du bien. Celui qui affirme qu'il y a une souhaitable médiocrité dans le service de Dieu, montre que ses pensées sont bien éloignées des notions de la vraie justice. " Le désir des justes, dit l'Esprit-Saint, c'est le bien tout entier." (Prov. XI, 23)
Les Maîtres de la vie spirituelle nous disent que nous devons mettre toute notre confiance en Dieu, que nous devons éviter comme le plus grand des périls la pusillanimité et le découragement: Ne sois pas pusilllanime dans ton âme . ( Eccl. VII,3)
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Saint Augustin, parlant de ceux qui vont par la voie large et battue de la vie relâchée, dit que c'est eux que le Prophète appelle animaux de la campagne, parce qu'ils veulent toujours marcher dans un lieu spacieux et qu'ils rejettent toute règle et toute discipline.
Aussi, dit Gerson, par cette seule façon de parler :" Il me suffit de vivre comme les autres, pourvu que je me sauve, c'est assez, je n'aspire pas à une plus grande perfection" , on ne découvre que trop l'imperfection et le mauvais état de son intérieur, puisqu'on ne veut pas entrer par la porte étroite.
Mais ces sortes de gens, ajoute-t-il, qui par leur tiédeur et leur lâcheté, croient que c'est assez d'être sauvé parmi ceux du dernier rang, doivent extrêmement appréhender d'être condamnés comme les vierges folles qui s'endormirent sans avoir soin de rien, ou comme le serviteur paresseux qui enterra le talent qu'il avait reçu et qui ne songea point à le faire profiter: il fût jeté dans les ténèbres extérieures, et on ne lit point dans l' Evangile qu'il ait été condamné pour autre chose que pour avoir négligé de faire valoir le talent qui lui avait été confié par son maître.
Tel est le redoutable bilan de ceux qui se contentent de peu et qui prétendent se sauver seulement en menant " une vie comme tout le monde" .
Rp Arintero .