3ème vendredi de carême
Publié le 23 Mars 2017
Jetez les yeux, Père clément sur votre Fils très clément, qui a pour moi souffert une telle inclémence. Que la vue de sa souffrance, Roi très bon, vous fasse ressouvenir avec bienveillance de celui pour qui il souffre. N'est-ce pas, ô mon Seigneur, ce Fils innocent que vous avez livré pour racheter votre serviteur. N'est-il pas l'auteur de la vie, lui qui s'est laissé mener comme une brebis à la tuerie, lui qui s'est fait à vous obéissant jusqu'à la mort, et n'a pas craint de subir la mort la plus atroce?
Songez, ô vous qui avez disposé toute l'ordonnance du salut, que si sans doute vous l'avez engendré de votre puissance, vous avez néanmoins voulu le rendre aussi participant de ma faiblesse. Ce que vous apercevez là, c'est vraiment votre divinité, qui revêtue de ma nature est montée sur le gibet de la Croix, et a supporté, dans la chair qu'elle a assumé, un dur supplice.
Seigneur mon Dieu, ramenez le regard de votre majesté sur l'oeuvre de votre ineffable bonté. Considérez le corps écartelé de votre doux Fils, voyez couler de ses mains innocentes son sang sacré; et ainsi apaisé, remettez les crimes qu'ont accomplis mes mains. Contemplez ce côté sans défense, férocement ouvert d'un coup de lance; et renouvelez-moi dans cette source sainte et sacrée que je crois avoir coulé de là.
Voyez: ces pieds immaculés qui ne se sont pas tenus dans la voie des pécheurs, mais ont toujours marché dans votre loi, les voici cruellement percés de clous; affermissez donc mes pas dans vos sentiers , et faites par votre bonté, que je prenne en haine toute voie d'iniquité. La voie de l'iniquité, que votre miséricorde la détourne de moi que votre faveur me fasse choisir la voie de la vérité. Je vous en prie, Roi des saints, par ce Saint des Saints, par ce mien Rédempteur, faites-moi courir la voie de vos commandements afin que je puisse être uni d'esprit à celui qui n'a pas eu horreur de se revêtir de ma chair.
Ne prêtez-vous point attention, bon Père, comme votre Fils très cher, malgré sa jeunesse, a le cou blanc comme neige et tout flétri, et comme sa tête s'est abîmée en une mort chèrement acquise?
Regardez, Créateur plein de tendresse, l'humanité de celui que vous avez engendré, et dans votre amour prenez en pitié la faiblesse de celui que vous avez créé fragile. Voyez sa poitrine mise à nu et toute blanche, son côté rouge de sang, tous ses vaisseaux, étirés, se dessèchent , les lumières de ses beaux yeux sont éteintes, ses lèvres royales sont toutes pâles, ses bras étendus sont tout raides, ses jambes de marbre pendent, son sang bienheureux, à flot, arrose ses pieds transpercés.
Jetez les yeux, Père glorieux, sur les membres lacérés de votre Fils très cher; et souvenez-vous avec bienveillance de cette nature qui est la mienne. Considérez le châtiment qui pèse sur l'homme-Dieu et soulagez la misère de la créature humaine.
Voyez le supplice du Rédempteur, et remettez la faute de celui qu'il rachète. C'est lui , Seigneur, que vous avez frappé à cause des péchés de votre peuple, lui qui est cependant le bien-aimé en qui vous avez mis vos complaisances.
Il est cet innocent en qui n'a pas été trouvée de fourberie et que cependant on compte parmi les malfaiteurs.
texte ancien.