de l'Annonciation (1)
Publié le 20 Mars 2017
L'ange Gabriel fut envoyé de Dieu auprès de la Vierge Marie. Ce messager de Dieu s'approche d'elle, la salue et lui annonce la grande nouvelle :
Voici que vous concevrez en votre sein, et vous enfanterez un fils et vous le donnerez le nom de Jésus. Il sera grand: on l'appellera le Fils du Très-Haut : le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. Il règnera éternellement sur la maison de Jacob et son règne n'aura point de fin.
Marie, la Vierge vouée au Seigneur et qui ne voulait plus vivre que pour lui en le louant, l'adorant et l'aimant, ne comprend pas ce message divin. L'Ange, au nom de Dieu, ne lui annonce-t-il pas une mission tout à fait nouvelle? Ne doit-elle pas devenir mère de celui qui doit sauver son peuple et régner éternellement sur lui? Comment se fera-t-il? Je ne connais point d'homme. - L'Esprit Saint viendra sur vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'Etre saint qui naîtra de vous sera appelé Fils de Dieu.
Marie n'a plus alors qu'à s'abandonner totalement à son Dieu: Voici la servante du Seigneur: qu'il me soit fait selon votre parole.
Ce " Fiat " de Marie, qui jaillit de son âme, traduit à la fois l'adhésion parfaite et immédiate de son coeur et de son intelligence à la parole de Dieu, transmise par son envoyé , et la remise complète de toute sa vie au bon plaisir de Dieu sur elle. car c'est le " Fiat " de la servante du Seigneur , de celle qui n'a plus d'autre ambition que de servir Dieu, et d'accepter comme règle de vie son bon vouloir divin.
C'est le " Fiat " de la petite enfant joyeuse de répondre par " oui " sans condition, à ce que désire son Père, si invraisemblable que cela puisse paraître à la lumière de la prudence humaine. Elle ne discute pas, mais aussitôt dans son coeur elle s'empare de cette nouvelle parole de son Père pour la faire sienne.
Saint Augustin dit magnifiquement cela en affirmant que Marie a conçu le Verbe de Dieu dans son coeur avant de le concevoir dans sa chair :" Prius concepit in corde quam in carne " .
Cette présence réelle du Verbe de Dieu incarné au plus intime d'elle-même va transformer toute la vie de Marie.
Toute sa vie humaine : elle devient Mère de son Dieu; toute sa vie spirituelle et divine : son Dieu lui est donné d'une façon toute nouvelle. L'Esprit-Saint vient sur elle, la vertu du Très-Haut la couvre de son ombre. Le Verbe s'incarne en elle; elle devient le temple vivant de Dieu, où habite corporellement son Sauveur.
Dans ce nouveau temple de Dieu, dont le temple de Jérusalem n'était que la figure, jaillit immédiatement une nouvelle prière: la première prière chrétienne, c'est celle qui vient du Christ et qui s'adresse au Christ; c'est celle qui fait écho à celle du Christ et cherche à l'imiter le plus étroitement possible. Marie est la première dans l'ordre du temps et aussi dans l'ordre de la perfection, qui ait vécu dans ce rayonnement divin et humain du Verbe fait chair.
Elle est la première qui ait été enseignée par lui et qui ait compris que tout devait venir de lui. Sans moi vous ne pouvez rien faire, surtout quand il s'agit de cette oeuvre éminente de la prière. Aussi dès l'instant de l'Incarnation, dès son " Fiat " , toute la prière de Marie prend-elle une nouvelle orientation; elle se tourne vers son Jésus. Toute sa prière passe par le coeur adorable de son Fils. Elle doit même s'y terminer, puisqu'il est Dieu.
Mais ce n'est pas assez de dire que la prière de Marie trouve par le coeur de Jésus un nouvel accès auprès de Dieu: plus profondément, le coeur de son Jésus devient la source vivante d'où jaillit sa prière. C'est à ce coeur, si proche du sien, si uni au sien, par la chair et le sang, que dorénavant elle puise toute sa prière. Car ce coeur de Jésus possède dès le premier instant non seulement tous les trésors de la sagesse et de la science divines, mais surtout il est la fournaise ardente de l'amour. Il est le centre, le roi de tous les coeurs. Car ce coeur est uni substantiellement au Verbe de Dieu, il est la source de toutes les grâces. Marie comprend cela dans sa foi vive. Sous le souffle de l'Esprit-Saint, elle se met docilement à l'école de son petit Jésus, pour apprendre de lui à prier le Père, pour recevoir de lui grâce sur grâce, amour sur amour. L'unique désir de Marie, c'est que sa prière ne soit plus qu'un prolongement vivant de celle de son Fils.
L'adoration
L'adoration de la très sainte Vierge s'unit à celle de son petit Jésus. Cette prière d'adoration, qui avait déjà au temple, creusé en l'âme de Marie des abîmes d'anéantissement, va encore s'approfondir. Le coeur de Jésus dès le premier instant de l'Incarnation adore son Père dans un silence d'amour et de respect. Il s'anéantit totalement en face de la toute-puissance créatrice de son Père qu'il voit et contemple en lumière de gloire. Il proclame au plus intime de son coeur les droits souverains infinis de son créateur sur tout l'univers qui n'existe que par lui, et dans sa libre volonté. Il proclame les droits particuliers de son Dieu sur sa propre nature humaine, qui ne subsite que dans le Verbe, et qui par le fait même est dans un état de dépendance infiniment plus grand que toutes les autres créatures. La faiblesse de son petit corps d'enfant, sa dépendance si étroite à l'égard de sa Mère, ne sont qu'une image de la dépendance absolue et divine dans laquelle il est à l'égard du Père. Cette dépendance absolue, il la reconnait, il l'aime, car elle laisse toute la place à la toute puissance de son Père, qui peut s'exercer librement . C'est pourquoi il adore son Père en s'offrant immédiatement à lui, à en se livrant tout à lui : Ecce venio .
Dans le même silence, dans le même amour , dans le même respect, Marie adore, mais dans la foi, le même Père. Elle proclame au plus intime de son coeur cette toute puissance , cette même majesté. N'est-elle pas mue par le même Esprit que son Fils ? C'est lui qui unit si étroitement leurs coeurs et leur adoration.
L'Ecce ancilla Domini fait écho à l'Ecce venio du Verbe incarné . Mais en ce même temps elle adore son Jésus, son tout petit enfant qu'elle porte en elle . La faiblesse même de son enfant et sa dépendance si complète à son égard lui manifestent d'une façon saisissante , si proche d'elle, si familière, la transcendance de son Dieu et son immanence. Dieu qui réalisé en elle cette génération miraculeuse lui monte bien sa toute-puissance: Rien n'est impossible à Dieu. Et ce même Dieu qui agit avec une telle efficacité s'incarne en elle, se cache en elle, dans la plus totale infirmité. Ce Dieu incarné est vraiment " sa chair et son os " . Il est formé d'elle, par elle. Comme cette présence réelle de son Dieu en elle a dû lui faire saisir avec une nouvelle acuité combien son Dieu était grand, combien la créature n'est rien en face de lui !