Saint Benoît 21 Mars , priez pour nous, pour la France
Publié le 18 Mars 2017
Benoît est né vers 48à à Nursie, petite ville située dans l'Apennin Romain, à quelques kilomètres à l'est de Spolète et de Foligno. Région montagneuse et austère, habitée par une population depuis longtemps chrétienne et célèbre par sa rude vertu. Il appartenait à une famille sénatoriale ou équestre, donc à la bourgeoisie provinciale et cette origine explique ce cachet de distinction, ce souci de courtoisie que l'on remarque si souvent chez lui.
Il fut envoyé faire ses études à Rome, étude des belles lettres sans doute, mais aussi du droit, cette spécialité de la Rome antique, encore en faveur au VIème siècle; sa Règle à plusieurs reprises révèle ' un sentiment délicat du droit, un coup d'oeil de juriste exercé, une grande familiarité avec la langue du droit romain."
Jusqu'à maintenant, la vie de Benoît nous a rappelé d'une manière saisissante celle d'Ambroise; les deux hommes sont à peu près de même origine sociale, tous deux Romains de vieilles familles chrétiennes; tous deux semblent bien devoir à une éducation profondément sérieuse d'avoir mené une jeunesse pure; leurs études supérieures s'étaient pareillement orientées; les tempéraments eux-mêmes semblent assez voisins et, dans une vie comme dans l'autre, il y a la tendresse d'une soeur donnée à Dieu.
Mais il fallut forcer la main à Ambroise pour lui faire abandonner sa carrière de fonctionnaire impérial et entrer dans le clergé séculier, tandis que Benoît, avant même d'avoir achevé ses études, quitta Rome et le siècle pour se donner à Dieu.
Cette première conversion de Benoît fut dûe au dégoût que provoqua chez lui le spectacle de la licence morale qui caractérisait à Rome la vie étudiante. Le roi goth Théodoric, en s'emparant de Rome, avait voulu s'y rendre la populace favorable. Aussi continua-t-il à lui assurer panem et circenses; jamais les jeux du cirque, les pantomines et les ballets n'avaient provoqué pareil engouement et l'on sait de reste à quelle bassesse morale de pareils spectacles descendaient. La fuite de Benoît est une protestation contre cet avilissement .
Il semble qu'alors le jeune homme ait songé au clergé séculier et, à cette fin, commencé avec d'autres débutants, sous la direction d'un prêtre, l'apprentissage de la vie ecclésiiastique. L'expérience ne devait pas durer longtemps. Bientôt Benoît s'enfuyait à nouveau pour se retirer cette fois dans une complète solitude, à Subiaco, à cinquante kilomètres environ à l'est de Rome.
Saint Grégoire donne pour seul motif à cette deuxième conversion un désir de vie plus parfaite. Benoît a-t-il été déçu par le milieu ecclésiastique qui l'avait accueilli? a-t-il pris pour une illusion son désir d'apostolat dans le clergé séculier? a-t-il simplement cédé à un attrait puissant, à une vocation impérieuse? L'important est, en tout cas, de noter que cette retraite est une retraite au désert: c'est à l'imitation des grands solitaires égyptiens, dont la vie était bien connue des milieux ascétiques de Rome, que Benoît va vivre désormais.
C'est en effet une vie d'ermite, dans une grotte, adonné à la mortification et à la prière mentale, qu'il va poursuivre pendant quelques années. De vie commune point, ni donc de liturgie,: leur perfection personnelle était l'unique but de ces ermites, alors assez nombreux dans l'Italie Centrale.
La Providence voulait sans doute que celui qui devait être le patriarche des moines d'Occident fit tour à tour l'expérience de toutes les formes de vie religieuse, car, trois années plus tard, Benoît nous apparait à la tête de disciples, groupés en petits monastères isolés, chacun sous son supérieur propre. Cette formule, conciliation de l'érémitisme et du cénobitisme et s'essayant à corriger l'un par l'autre, avait déjà été expérimentée en Egypte, dont Benoît, là encore nous apparait tributaire.
A cette date en effet, Benoît, accompagné de quelques disciples choisis, quitte Subiaco et va s'installer au Mont Cassin, merveilleux site d'acropole sur la route historique de Rome à Naples. Il va y pratiquer cette fois et jusqu'à sa mort, vers 547, le cénobitisme intégral: un seul monastère, un seul abbé, une seule famille monastique, une seule vie commune. Cette idée non plus n'était pas nouvelle : on la trouvait déjà réalisée, toujours en Egypte, dans les monastères pacômiens.
Mais Benoît, riche d'expérience, ayant tour à tour fait l'épreuve de toutes les formes de vie religieuse connues de son temps, prend enfin conscience de son génie propre; il n'emprunte plus que pour transformer et la Règle qu'il donne au Mont Cassin est, cette fois, une règle originale et qui fait date dans l'histoire de la vie monastique.
E. Delaruelle.
(à suivre )