Saint Benoît, priez pour nous, pour la France. suite et fin.
Publié le 17 Mars 2017
Nous avons parlé de François de Sales et de sa réforme morale. Mais après tout, cette protestation contre les observances, cette invitation à une vie plus intérieure , ce sentiment que le Christianisme est avant tout esprit, c'est d'abord chez Jésus lui-même qu'il faut les chercher. Et l'on pourrait dire à ce point de vue que la spiritualité bénédictine est tout simplement un retour à l'Evangile.
La Règle ne nous apporte pas une technique nouvelle de sanctification, mais se borne à rappeler les préceptes et les conseils du Christ.
L'étude des sources de la Règle ne laisse sur ce point aucun doute: on y relève en effet soixante cinq passages des Synoptiques, contre quanrante-huit de saint Paul et cinq seulement de saint Jean. L'Evangéliste le plus souvent utilisé est saint Matthieu (35 citations portant sur 30 versets dont 12 pris dans le Sermon sur la Montagne.) Ces chiffres sont significatifs : Benoît a médité l'enseignement moral de Jésus de préférence aux textes où saint Jean rapporte les propos du Maître sur sa vie intime et ceux où saint Paul présente à ses fidèles le Mystère. Jusque dans l'utilisation des Epîtres pauliniennes ce souci apparaît, puisque Benoît en a surtout dégagé des consignes morales de charité, d'humilité et de patience plutôt que des suggestions mystiques ou des intuitions théologiques.
Saint Benoît a donc vu surtout dans le Christ le réformateur moral, celui qui invite à une conversion. l'héritier du nomisme de l'Ancien Testament, le prédicateur du Royaume qui pose des conditions à l'entrée du salut :"
Seigneur, qui habitera sous ta tente et qui reposera sur ta sainte montagne?
Celui qui a les mains innocentes et le coeur pur. "
L'entrée au monastère lui apparait donc comme le moyen providentiel d'assurer cette conversion à laquelle le Christ appelle et de vivre désormais sous sa loi.
Que chacun cherche pour son compte dans l'Ecriture ce qui satisfera ses besoins d'âme, mais que tous commencent par satisfaire aux commandements communs.
C'est en effet d'un redressement moral que l'Occident du VI° siècle avait besoin. Les invasions barbares et la reconquête de Justinien, des années et des années de guerre et de pillages, de trahisons et d'assassinats y avaient entretenu l'anarchie morale. Le problème n'était pas de mettre en circulation des idées nouvelles sur les rapports de l'homme et de Dieu et d'en faire la théorie, ni de prêcher à des Chrétiens bien frustres les sublimités de la vie mystique, mais de freiner une décadence en rappelant les exigences sine qua non de l'Evangile.
Ce siècle avait besoin de s'entendre redire des préceptes éternels et communs et non de recevoir accès à une sagesse ésotérique, à des voies spéciales de sainteté.