Resurrexit ... !
Publié le 15 Avril 2017
Dans la pensée de l'Eglise et de son fondateur, la Passion et Pâques sont deux mystères inséparables. Impossible de comprendre Pâques sans la Passion. La résurrection suppose la mort. Une résurrection glorieuse suppose une mort ignominieuse. Réciproquement, la Passion perdrait son caractère divin sans la Résurrection.
Dans sa folie d'amour, Dieu peut mourir, il peut librement se livrer aux mains des bourreaux, mais les droits de sa puissance, le triomphe même de son amour, exige que cette mort n'ait qu'un temps, qu'elle soit suivie de la Résurrection. Après ce supplice passager , le Fils de Dieu , le Sauveur des hommes, entre dans la gloire de la résurrection pour l'éternité.
La raison découvre sans doute de profondes convenances à cette économie des desseins providentiels.
Dans les affaires humaines, nous en trouvons de frappantes analogies. Pas de victoire sans lutte. Pas de succès éclatant sans rude bataille. Il y a une proportion quasi nécessaire entre ces deux réalités. Plus le combat a été acharné et pénible, plus il a coûté de larmes et de sang, plus le triomphe est glorieux, plus il est digne de solennités de toutes sortes.
Pourtant, à l'heure du succès, le soldat oublie les souffrances de la lutte. Il laisse bien loin derrière lui le cauchemar de la mêlée, pour ne plus être qu'à la joie de la paix et de la récompense.
Jésus au contraire, au lendemain de sa Passion , nous montre ses plaies. Aux disciples d'Emmaüs, il parle de ces évènements qui restent toujours présents à son esprit et à son coeur. Sans doute, la Passion et la Résurrection se sont déroulées dans le temps; à ce point de vue, elles constituent deux mystères distincts, mais au regard de l'éternité, ne sont-ils pas les deux phases, les deux aspects, pourrions-nous dire, d'une même réalité? Plus profondément encore, sous ces contextes extérieurs si divers, n'y a - t- il pas, reliant intimement ces deux évènements, une même réalité?
Dans les combats de la terre, hélas! ce ne sont pas les mêmes qui luttent avec acharnement jusqu'au dernier soupir et qui reçoivent les palmes du susccès. Voilà la raison de cette mélancolie profonde qui enveloppe les plus belles victoires. Au moment du retour, il y a des vides. Les deuils projettent de sombres ténèbres sur les plus éclatants triomphes.
Ici c'est le même Jésus qui est mort et qui, le troisième jour est ressuscité, Christus passus, Christus mortuus, Christus resurrectus... Il y a plus .
Dépassons les apparences sensibles et pénétrons hardiment dans le Coeur sacré de notre Sauveur.
En les demeures les plus intimes de ce divin sanctuaire, nous trouvons toujours les mêmes sentiments. Pendant la flagellation , sous les coups des bourreaux, et au glorieux matin de Pâques, Jésus a exactement le même amour pour son Père, la même miséricorde pour les hommes. La flamme de sa charité n'a pas changé, elle est toujours aussi intense. Dès le premier instant de sa conception, elle est fixée dans son infinité immobile par le beau soleil de la vision béatifique. Tel est le secret de l'union intime, de la véritable unité entre ces deux mystères. Par là, ceux-ci dépassent toutes nos réalités humaines.
Tâchons de mieux saisir ces secrets du Coeur de Jésus; ils seront pour nous source d'un ardent amour, ils augmenteront notre joie de Pâques, ils la feront même rayonner sur les jours précédents, ils nous apprendrons à en vivre d'une façon plus divine, et partant plus réaliste.
Ce secret , demandons-le à Marie. Elle seule peut nous le découvrir. Pendant la Passion, n'est-elle pas la seule qui ait pleinement communié à ce profond mystère enfermé dans le Coeur de Jésus?
TRIOMPHE DU CALVAIRE : Pâques
Ce triomphe rejaillit d'abord sur le corps du Christ. Ce pauvre corps a été la matière du sacrifice. Grâce à lui, le Sauveur a pu être victime, il a pu souffrir et mourir. Durant la Passion, il a joué un rôle de premier plan. Il a été broyé par la douleur. Les bourreaux l'ont taillé en pièces, ils l'ont maltraité et outragé de toutes façons. Le sang a été complètement séparé des chairs. Ce misérable corps si beau, formé en le sein virginal de Marie, par l'opération du Saint-Esprit n'a plus de figure humaine. Il est sans forme, sans beauté. Il est juste qu'il soit maintenant couvert de gloire. Il y a droit, car il est divin. Il doit avoir sa part de la victoire.
La Résurrection est d'abord le triomphe du corps adorable du Sauveur.
Dans l'âme de Jésus, du moins en ses moments supérieurs, il n'y a aucun changement. Aux heures les plus affreuses de la crucifixion et au jour glorieux de Pâques, les cimes les plus hautes de l'esprit de Jésus baignent dans la même lumière. La flamme de l'amour n'a pas varié. Immuable, elle monte toujours vers le Père. La transfiguration admirable de la résurrection se réalise dans le corps du Christ. La divinité, qui paraissait être cachée en son Coeur, rejaillit maintenant sur tout son être. Ses mains, ses pieds, toute son humanité deviennent des source jaillissantes de vie. La lumière rayonne de tout son corps. La grâce n'a rien gagné en profondeur et en chaleur, mais elle augmenté en extension et en gloire.
La fête de Pâques est en premier lieu la fête du Corps immortel de Jésus. Par là, elle est le gage précieux de la résurrection de la chair. L'humanité de Jésus est le modèle de la nôtre. Sa résurrection est la cause exemplaire et la cause efficiente de la nôtre.
Du corps du Sauveur, son triomphe se propage sur tout son entourage; Marie-Madeleine, la pécheresse touchée par la miséricorde du Maître, la contemplative attentive à ses paroles et à son silence, les onze, les disciples, en ont tous leur part.
Marie , sa Mère, parait seule oubliée. Oh ! certes il n'en est rien.
La tradition a bien interprété le silence des évangélistes. La sainte Vierge a dû avoir les prémices de cette allégresse débordante. Mais son entrevue avec Jésus, n'a-t-elle pas été trop émouvante, trop intime pour être relatée? D'ailleurs, il n'était pas besoin qu'elle soit publique. Marie était la seule qui avait pleine conscience du caractère triomphal de la Croix, étant devenue au Calvaire l'Epouse de Jésus, ayant mystérieusement reçu son Coeur; en même temps qu'elle nous accueillait comme ses enfants, elle avait dès cet instant la source même de la résurrection. Toute la substance de cette victoire lui avait été à l'avance octroyée.
La gloire débordante de Jésus ressuscité, en se cachant dans le Coeur de Marie, se transforme en chaleur. La lumière rayonnante de Pâques s'enfermant dans ce sanctuaire encore tout enveloppé des voiles de la foi, se change en feu, elle y allume un immense incendie qui grandira jusqu'au jour de l'Assomption, complément pour Marie de la fête de Pâques. La Pentecôte qui est au centre de ces mystères glorieux, nous avertit que cette dernière étape de la vie de Notre-Dame est sous le signe du feu.
Demandons-lui en ce temps pascal de réconforter un peu ses enfants par la grande joie de Pâques, mais surtout de déposer en leurs pauvres coeurs si froids, une étincelle de la fournaise ardente du sien.
RP. Philippe.
nd de Fatima, priez pour nous.
Resurrexit sicut dixit alleluia !