Voyez enfin Jésus en croix. (4)
Publié le 7 Avril 2017
Il est suspendu en l'air, au vu de tous. Il s'appartient moins que jamais, puisqu'il ne peut plus faire aucun mouvement. Il ne peut plus disposer que de la pénétration de son regard, de l'expression de sa voix et de l'inclination de sa tête. On dirait cependant que sa Croix, si publique qu'elle soit, l'a rendu un peu plus seul: aussi il semble que son agonie le reprend. Il a cette fois sa sainte mère près de lui, qui le soutient de son grand coeur et de sa grande foi, comme l'ange le réconfortait au jardin. Car il faut bien le dire, Jésus est vraiment à bout de forces. Il s'en va au bout de son sang, il meurt de soif, comme font les crucifiés. Mais que se passe-t-il dans son âme humaine? Ecoutez-le qui prie ainsi :" Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? "
Je vous dis que les grandes intuitions et les grandes tortures mentales de Gethsémani ont de nouveau déferlé sur lui. Il ne nous est pas possible de mesurer jusqu'où; mais c'est un fait indéniable.
Eh bien, à ce paroxysme, nous voyons mieux à quel point ce Christ atteint sa mission surhumaine et divine. Dressé entre ciel et terre, rendant comme il fait son âme à Dieu, il est pour nous le salut, il est la rédemption il est l'espérance. A ce suprême instant tout nous dit que Jésus meurt pour nous. Il nous échappe des mains, mais c'est pour s'en aller en Dieu et nous y emmener à sa suite.
Ecoutez comme il prie pour nous : " Père ! pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font."
Entendez-le qui nous confie ce qu'il a de plus cher, l'incomparable femme, sa Mère, la nôtre. Un de ses compagnons de malheur l'implore qui va mourir à côté de lui :" Jésus ! souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton règne." Et Jésus, de répondre avec une tendresse d'éternité :" En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis." Après cela, reprenant une dernière fois son souffle, Jésus dit :" Tout est consommé. " Puis, d'une voix forte et dans un grand cri :" Père, je remets mon esprit dans tes mains." Alors, ayant poussé ce grand cri et incliné la tête, en effet, il rendit l'esprit.
Après cela, je n'ai plus rien à ajouter. Comme on se raccroche au dernier souffle, au dernier mot, d'un être aimé, ainsi nous sommes suspendus à ce dernier soupir de notre Rédempteur.
Avec lui, quand il exhale ainsi son âme, nous savons bien, nous sentons bien, que nous passons du temps à l'éternité, du monde en Dieu.
Mourir ainsi, c'est nous sauver.