Jeudi 15 Juin : Fête Dieu .

Publié le 13 Juin 2017

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Je vous adore, ô Divinité cachée; sous ces apparences, mystérieusement vous demeurez. Mon coeur se soumet à vous tout entier, parce qu'il se perd à vous y contempler. La vue, le toucher, le goût , sont ici déçus; la foi, qui vient par l'ouïe, est seule notre sûr guide. Je crois tout ce qu'à dit le Fils unique de Dieu; rien n'est plus véritable que le Verbe de vérité.

Sur la croix se cachait la seule divinité; ici, l'humanité se dérobe en même temps. Je crois et confesse l'une et l'autre pourtant, et prie comme le larron pénitent.

Je ne vois pas vos plaies comme les vit Thomas; mon coeur néanmoins vous confesse pour mon Dieu. Faites qu'à vous je crois toujours davantage, que j'espère en vous, que je n'aime que vous.

Donnez à mon esprit de vivre de votre lumière, de n'avoir de goût que pour votre douceur. Faites-moi un coeur pur, vous qui sauvez le monde.

O mémorial de la mort du Seigneur, pain vivant qui donnez la vie à l'homme; Dieu réellement présent, quoique dans le mystère, comme la foi vous donne obscurément à l'âme !

Jésus, que mes regards ne voient que sous un voile, vous savez ma prière, la soif qui me dévore: vous voir sans distance, sans séparation, face à face; dans la vue de votre gloire, la béatitude.

 

panis angelicus, "Je suis le pain de vie. "

 

   Dieu nous a donné son Fils unique par l'Incarnation, pour être le remède à nos blessures et l'aliment de la vie éternelle. Lui qui descend du ciel et demeure dans le ciel, il a vu, il voit le Père; il est tout entier, selon sa divinité, dans ce regard d'amour . Il ne possède pas seulement la science et la sagesse divines, il est cette science et cette sagesse: empreinte de la substance du Père et rayonnement de sa gloire, son image, son expression incréée, le mot substantiel qui le dit tout entier, le verbe de son coeur et qui le contient réellement. Sa science divine se transpose fidèlement dans son intelligence humaine, laquelle en sa docilité filiale, ne veut savoir que ce qu'elle entend du Père, ce qu'elle perçoit de sa beauté par le regard exhaustif d'amour qui l'emporte aussi tout entière vers le sein de la tendresse première.

   L'Incarnation se prolonge éminemment par l'Eucharistie . " Sur le point de quitter ses disciples  selon ses propres apparences, le Christ se laissa soi-même à eux sous les apparences du sacrement. "

   Nous possédons, sous les espèces très humbles d'un peu de pain, d'un peu de vin, notre Sauveur vivant, le même qui est né de la Vierge Marie, a souffert, est mort, est ressuscité, est assis à la droite de Dieu. La messe nous le donne à l'état de victime, comme une hostie: hostie qui ne peut plus souffrir ni mourir, mais qui nous apporte toute l'énergie rédemptrice de la Passion, toute la source de la vie éternelle . " Dieu a tant aimé le monde, qu'il lui a donné son Fils unique . "

    Il nous l'a donné, en effet, et par l'Incarnation et par l'Eucharistie; par l'Eucharistie comme le couronnement de l'Incarnation.

    Il est là pour se faire notre nourriture; et c'est pour manifester jusqu'à l'évidence son intention, qu'il a revêtu les apparences des choses qui forment la substance de l'alimentation humaine, le pain et le vin.  Mais écoutons sur ces mystères la grande parole de saint Thomas :" C'est le Verbe de Dieu lui-même qui est dit principalement le pain de vie.

   Voilà pourquoi le Christ dit :" Je suis le pain de vie. "

    Et parce que la chair du Christ est unie au Verbe de Dieu, elle a aussi la puissance de vivifier; le corps du Christ, pris sacramentellement est donc aussi source de vie.

   Car c'est par les mystères que le Christ a accomplis dans sa chair qu'il donne la vie au monde; et ainsi la chair du Christ, par suite de la parole du Seigneur, est le pain, non de la vie au sens vulgaire, mais de cette vie que la mort ne brise point.

   La chair du Christ est donc appelée pain... Elle est signifiée par la manne. Manna signife: Qu'est-ce? parce que les Juifs, en la voyant admiraient et se disaient les uns aux autres: Qu'est-ce là ? 

    Mais rien n'est plus admirable que le Fils de Dieu fait homme... Et c'est aussi une chose bien admirable , que la manière dont le Christ est dans ce sacrement.

   La chair du Christ " met en nous la participation de Dieu" , dit Saint Cyrille d'Alexandrie ; " elle a puissance pour déifier ", dit Théophylacte.

C'est elle qui fait les vrais chrétiens; c'est le culte de l'Eucharistie et la pratique de la communion qui font les sociétés chrétiennes, et il est bien remarquable que la grande apostasie des temps modernes ait commencé, à la Réforme, avec la négation du sacrifice de la messe et de la présence réelle; c'est la communion fréquente qui fait germer les grandes fleurs merveilleuses de la virginité, et garde le mariage dans la sainteté de la pureté; c'est la communion qui fait les saints .

En possession d'une vie divine, l'âme unie au Seigneur ne craint plus la mort: elle espère fermement la grâce de la persévérance, et que tant de fleurs qu'elle sent germer en soi à son contact iront s'épanouir à la lumière de sa face, dans le paradis. Et pourquoi encore redouterait-elle la mort, si elle est rendue certaine par l'espérance que son corps ressuscitera glorieux? Ce triomphe promis à la foi est aussi le fruit du sacrement.

Par le fait de celui-ci, le corps , dès ce monde, commence d'échapper aux conséquences désastreuses du péché. On voit la chair du Seigneur, qui fut l'instrument physique de tant de prodiges, guérir encore miraculeusement dans l'Eucharistie et soutenir l'existence terrestre : In jejunio cibus; in infirmitate medicina. Toujours elle exerce une action sanctifiante sur le corps du communiant, non pas seulement par l'intermédiaire de l'âme et en vertu de l'influence que celle-ci possède naturellement sur la partie sensible, mais à titre de cause instrumentale physique. De même , elle est un gage de la resurrection, non pas seulement en la faisant mériter, mais de nouveau en qualité de cause instrumentale physique :" Celui qui mange ma chair et boit mon sang, dit le Seigneur, a la vie éternelle; et moi , je le ressusciterai au dernier jour ."

...

Les saints ont admiré la tendresse du Seigneur en ces divines rencontres: il leur a donné à boire la coupe de sa joie; il a renouvelé leur jeunesse, multiplié leur force, soutenu leur vaillance, allumé leur enthousiasme. Qu'ils sont beaux ceux que Dieu aime, dans l'éclat communiqué par son regard; qu'ils sont heureux!  Sainte Thérèse un jour s'échappa jusqu'à dire familièrement à son Seigneur :" Il n'est pas étonnant que vous ayez si peu d'amis; vous leur faites la vie trop dure!" Combien, elle surtout, pouvait-elle dire plus justement :" Est-il croyable Seigneur, que vous ayez si peu d'amis, alors que vous leur faites la vie si belle ? "

dom Pichery osb.

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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