devoir de vacances: la gratitude . Si scires donum Dei (2)
Publié le 3 Juillet 2017
Nous sommes plus aimés de Dieu que nous le pensons . .. Pour savoir à quel point nous le sommes, il faudrait connaître tout le prix de la grâce sanctifiante, germe de la vie éternelle . Or pour connaître tout le prix de la grâce, il faudrait avoir vu Dieu face à face, il faudrait avoir joui un instant de la béatitude de l'éternité: comme il arriva probablement pour saint Paul lorsqu'il fut ravi au troisième ciel . De même pour connaître tout le prix du germe contenu dans un gland, il faut avoir contemplé le chêne qui peut sortit de ce gland . Qui dira le prix de la grâce sanctifiante, alors que saint Thomas a pu écrire :" Le moindre degré de grâce contenu dans l'âme d'un petit baptisé vaut plus que le bien naturel de tout l'univers " ; il vaut mieux que toutes les natures créées , prises ensemble, y compris toutes les natures angéliques, car la grâce sanctifiante dépasse sans mesure la nature des anges les plus élevées, toute nature créée et créable.
Et alors, malgré les tristesses que nous trouvons actuellement dans les circonstances de ' nos évènements présents " , nous sommes beaucoup plus aimés de Dieu que nous ne le pensons , aimés par lui dès avant notre naissance , bien plus : de toute éternité ; car c'est de toute éternité qu'il nous a appelés à naître dans une famille chrétienne, à recevoir le baptême , et pensons à toutes les grâces reçues depuis lors, à toutes les absolutions, à toutes les communions , à toutes les grâces actuelles, à tous les bons exemples, à tous les enseignements reçus, à toutes les leçons de la Providence ! Et alors , quel ne doit pas être notre merci !
Notre reconnaissance sera toujours inférieure à ce qu'elle devrait être pour tous les bienfaits . Comment donc remercier dignement le bon Dieu ?
Comment ? Il faut unir notre merci à l'action de grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, car son action de grâces à Lui puise dans sa personnalité divine une valeur infinie égale aux plus grands bienfaits. Nous ne saurions assez remercier Dieu du mystère de l'Incarnation ; Jésus a souvent rendu grâce pour les mystères de l'Incarnation, de la Rédemption, de la Vie éternelle . Il a dit à ce propos :" Je te rends grâce , ô Père, de ce que tu as caché ces choses aux prudents et aux sages, et de ce que tu as révélées aux petits . Il a rendu grâce en ressuscitant Lazare, parce que cette résurrection manifestait la gloire de Dieu. c'est-à-dire sa bonté rayonnante . Il a rendu grâce en constituant l'Eucharistie qui est un sacrifice d'adoration , de supplication, de réparation, de reconnaissance .
Au ciel, maintenant, Jésus ne souffre plus, ne mérite plus mais il continue d'adorer son Père et de rendre grâces, et son acte d'oblation toujours vivant en son coeur est l'âme de toutes nos messes dont il est le Prêtre principal. Aussi le meilleur merci que nous puissions dire à Dieu est une messe d'action de grâces :" Quid retribuam Domino pro omnibus quae dedi mihi ? Calicem salutaris accipiam et nomem Domini invocavo.
Que rendrais-je au Seigneur pour tous ses bienfaits ? Je lui offrirai le calice du salut et j'unirai mon oblation à celle du Sauveur qui est prêtre pour l'éternité.
Il existe depuis vingt-cinq ans dans l'Eglise, une pieuse union de la reconnaissance, qui , par les soins d'une humble chrétienne, sans aucune ressources, a fait célébrer le deuxième vendredi du mois, en divers diocèses de France, d'Italie , de Belgique , plus de cent mille messes d'actions de grâces , pour apprendre aux fidèles à dire merci .
Lorsque la dernière messe sera achevée, à la fin du monde, le culte de supplication et de réparation cessera, mais celui d'adoration et d'action de grâces durera éternellement . Il sera exprimé par le Sanctus en l'honneur du Dieu trois fois saint, et, à la messe notre " Sanctus " est le prélude de ce culte de l'éternité .
L'action de grâces ne répond pas seulement à un devoir, elle comble en même temps les désirs de notre coeur, car elle est un retour d'amour de l'âme vers Dieu pour le remercier . Ainsi elle nous donne la paix, la tranquillité de l'ordre, en nous mettant à notre vraie place devant Dieu . C'est tellement vrai que l'âme vit d'action de grâces ne demande pas la paix, car elle l'a déjà et même elle a souvent la joie d'être enfant de Dieu; elle se réjouit que Dieu soit l'infinie bonté, que nous soyons ses enfants et que tout concoure au bien de ceux qui aiment le Seigneur jusqu'à la fin .
L'action de grâce est ainsi réparatrice de nos fautes d'ingratitude . Elle prépare par là la pacification du monde, car, comme l'a dit la très sainte Vierge à Fatima, les guerres viennent des péchés et de l'ingratitude des hommes tandis que l'action de grâces ramène sur nous le fleuve des miséricordes divines . Le meilleur moyen d'obtenir de nouvelles grâces de Dieu, c'est de lui dire merci . Malheureusement, depuis quelques années, on néglige l'action de grâces, même après la communion . Saint Philippe de Néri voyant une dame sorti de l'église sitôt après avoir communié, dit à deux acolytes :" Allumez vos cierges et accompagnez cette dame " ; elle en fut fort choquée et demanda pourquoi :" Vous portez, Madame le Saint-Sacrement , lui dit le saint, Celui qui néglige l'action de grâces après la communion montre qu'il n'en connait plus le prix, qu'il oublie que la communion augmente en nous dans la mesure de nos dispositions , la charité, toutes les vertus et les sept dons, en nous donnant une union actuelle, vivifiante avec Notre-Seigneur Jésus-Christ .
Rappelons-nous sur ce point les conseils de saint Philippe de Néri qui remerciait Dieu quand les choses allaient selon ses désirs, mais qu'il le remerciait aussi quand elles n'allaient pas comme il l'aurait souhaité, car il se disait alors : Dieu en permettant ce contre-temps doit préparer un bien supérieur car tout concourt au bien de ceux qui l'aiment ....
Rp . Garrigou Lagrange . Op