devoir de vacances: la gratitude . Si scires donum Dei
Publié le 4 Juillet 2017
Les tristesses de l'heure présente nous font oublier parfois un de nos grands devoirs envers Dieu, celui de la reconnaissance, et nous oublions plus encore de remarquer qu'elles sont souvent une suite de notre ingratitude et de la méconnaissance des bienfaits de Dieu.
Depuis des mois, ' des années" le Seigneur montre aux hommes ce qu'ils peuvent faire par eux-mêmes, lorsqu'ils veulent se passer de lui, une société déchristianisée devient un véritable enfer où les hommes ne savent plus que s'entredéchirer. C'est une preuve par l'absurde de l'existence de Dieu et de nos devoirs envers lui. C'est une confirmation de ces paroles du Sauveur: "Sans moi vous ne pouvez rien faire. Qui n'est pas avec moi est contre moi et qui n'amasse pas avec moi dissipe. Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroit." Le Psalmiste disait de même : " Si le Seigneur ne bâtit pas la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent. Si le Seigneur ne garde pas la cité, en vain la sentinelle veille à ses portes. "
Pour parler de ce devoir, il convient de faire sentir d'abord le désordre qui se trouve dans l'ingratitude. Et même le prix de la reconnaissance nous apparait surtout par la douleur que l'ingratitude nous cause. Si un père et une mère très bons reçoivent la reconnaissance de leurs enfants, il en sont touchés, mais c'est là quelque chose de tout naturel et l'on n'est pas porté à le remarquer. si, tombés dans la gêne ou atteints de graves infirmités, leurs enfants ne les assistent pas et leurs refusent tout secours, le père et la mère en souffrent profondément et d'autant plus qu'ils ont été meilleurs pour ces enfants devenus si ingrats.
Plus le bienfait a été grand, plus l'ingratitude est grave et fait souffrir.
Si donc nous savions tout ce que nous avons reçu d Dieu, quelle ne devrait pas être notre reconnaissance envers lui! Or nous avons reçu de lui incomparablement plus que de nos parents les meilleurs et que des plus insignes bienfaiteurs.
Si scires donum Dei !
Tous nous avons reçu de lui l'existence, et c'est de toute éternité qu'il a voulu nous la donner . Nous avons reçu de lui la vie et tout ce qui nous est nécessaire et utile à l'entretenir; si bien que saint Paul nous dit :" Tout est à vous , comme vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu." Toute la création inférieure à l'homme est pour lui, le règne minéral, le règne végétal, le règne animal. Nous avons reçu de Dieu une intelligence pour connaître la vérité, une conscience pour discerner le bien du mal, un coeur pour aimer tout ce qui mérite de l' être, une volonté pour vouloir le bien; nous avons reçu de Dieu par création spéciale, une âme spirituelle, une vie qui doit durer, non pas soixante ou quatre-vingts ans, mais toujours.
Bien plus, Dieu en sa bonté nous a élevés de façon toute gratuite à la vie de la grâce, participation de sa vie intime, de sa nature divine; cette grâce est le germe de la vie éternelle, qui consiste à voir immédiatement le Très-Haut comme il se voit et à l'aimer comme il s'aime, sans que rien puisse détruire cet amour très pur et très fort ni l'amoindrir en quoi que ce soit. Il a fait de nous ses enfants adoptifs et il a vraiment pour nous un coeur de Père.
Comme nous avons, par le péché, méconnu le prix de la grâce, le bon Dieu , qui aurait pu nous laisser dans l'état de déchéance, nous a donné un Fils unique qui s'est incarné pour notre salut, et qui s'est offert pour nous en sacrifice sur la Croix : Dieu a tellement aimé le monde, dit saint Jean, qu'il lui a donné son propre Fils et qu'il l'a livré à la mort pour notre salut. Pourrions-nous lui dire un merci suffisant. Comme si ce n'était pas encore assez, le Seigneur qui aurait pu se contenter de nous soutenir par des grâces intérieures, nous a donné l'Eucharistie; il nous la redonne tous les jours, en chaque église ou un prêtre consacre et donne la communion. Notre Seigneur se donne ainsi en nourriture pour nous assimiler à lui, pour augmenter chaque jour en nous la vie de la grâce et nous préparer à la vie de l'éternité.
Enfin , lui qui a dit de pardonner septante fois sept fois, c'est-à-dire toujours, nous pardonne même les plus grandes fautes, chaque fois que nous venons lui demander sincèrement l'absolution. Misericordia Dei plena est terra, la terre est pleine de la miséricorde de Dieu, dit le psalmiste .
On le voit même aux heures les plus tragiques, dans les instants les plus douloureux, les âmes fidèles voient transparaître la miséricorde divine. ... Combien ont un moral excellent dans ces villes réduites en ruines par les bombardements, ont un moral excellent parce qu'elle se sentent toujours soutenues par Dieu au milieu des pires angoisses et ont compris plus que jamais, au moment de tout perdre, que seule compte l'union à Dieu par la foi, la confiance et l'amour et que tout le reste n'est rien.
Tout ce qu'il y a de bon en nous dans l'ordre de la nature et dans celui de la grâce nous vient du Très-Haut, comme créateur, conservateur, Père et Providence. Comme le dit saint Paul :" Quid habes, quod non accepisti? Qu'avons-nous que nous n'ayons reçu?
Et comment lui répondent beaucoup d'hommes ? Par l'ingratitude la plus manifeste, par l'indifférence la plus complète, quelquefois par la haine qui travaille à déchristianiser la vie individuelle et la vie familiale, par la dénatalité volontaire, (avortement ) et divorce. Plusieurs lui répondent par la haine qui travaille à la déchristianisation de toute la société; ce qui conduit à un recul moral formidable où les hommes ne savent plus que s'acharner les uns contre les autres avec des moyens de destructions les plus perfectionnés . Alors, comme l'a dit Le Play, là où la loi divine n'est plus observée, le progrès matériel s'accompagne d'une immense régression vers la barbarie.
Si nous savions le don de Dieu ? Comment donc lui répondrons-nous ? Serons-nous comme neuf de ces dix lépreux qui furent miraculeusement guéris par Jésus. Un seul vint le remercier : Et les autres, où sont-ils? dit Notre-Seigneur.
Si nous savions le don de Dieu, quelle ne devrait pas être notre gratitude !
rp Garrigou Lagrange op .