Mgr Castet : « C’est en retrouvant les fondamentaux de la foi que l’Église aura un avenir »

Publié le 12 Août 2017

Ce dimanche 13 août, les catholiques de Vendée fêteront les 700 ans du diocèse de Luçon. L’occasion pour eux de porter leur regard sur plus de sept siècles de présence chrétienne en terre vendéenne et sur les nombreux fruits qui en ont découlé. Entretien avec Mgr Castet, évêque de Luçon.

Aleteia : Pourquoi est-ce important de regarder le passé et de le célébrer ?
Mgr Alain Castet : Nous pouvons poser un regard historique pur. C’est le rôle et le métier de certains, pour mieux connaître, mieux se connaître, mieux connaître ses racines. Pour nous chrétiens, l’essentiel – même si ce que je viens de dire n’est pas négligeable — est de poser un regard de foi et de percevoir que, par-delà les séquences les plus variées, heureuses, tristes, dramatiques ou pleine d’espérance, Dieu a toujours été présent. Les chrétiens ont su vivre leur foi dans des contextes les plus variés, en étant inventif, en ne se cramponnant pas à ce qui étaient des formes inadéquates mais en trouvant des chemins nouveaux. Ainsi, conscients de la fidélité de Dieu mais aussi de cet engagement profond des chrétiens au service de l’évangélisation, nous proclamons,  en considérant le passé, qu’un avenir est possible. Là est le sens véritable pour des chrétiens d’une commémoration historique : éprouver la fidélité de Dieu et dire que l’espérance des hommes ne sera jamais déçue.

D’après vous, dans leur histoire, les chrétiens vendéens ont toujours réussi à trouver le chemin. Pour nous chrétiens du XXIe siècle, quel chemin trouver dans ce contexte de sécularisation et de perte des valeurs de notre société ?


Il faut se placer dans un contexte plus large qui est celui de l’Europe occidentale et dans lequel les papes Benoît XVI, Jean Paul II essentiellement, et François à sa manière, ont promu ce que l’on a appelé la nouvelle évangélisation. Non pas nouvelle dans le sens qu’elle nierait le passé mais au sens qu’aujourd’hui ce sont des chemins nouveaux qu’il s’agit d’emprunter. Dans le contexte de l‘Europe occidentale, nous ne pouvons pas nier, qu’il existe, non plus seulement une opposition à la foi chrétienne mais surtout un long glissement vers l’oubli de Dieu. Comment faire pour que ce qui fait le cœur du message : l’espérance profonde, la conviction que le mal et la mort n’ont pas le dernier mot, redevienne une bonne nouvelle dans un monde où les gens sont souvent centrés sur eux-mêmes, sauf lorsque des réalités rudes frappent à leur porte ? Comment percevoir que cette espérance est motrice? C’est notre devoir de chrétien, notre chemin, que d’être des témoins heureux, rayonnant de cette espérance mais, sans jamais édulcorer la foi chrétienne. Certains croient que nous allons attirer les gens en adaptant la foi chrétienne au temps. Beaucoup ont essayé depuis des décennies… et nous nous apercevons, qu’au lieu d’attirer du monde, nous devenons plutôt des auxiliaires de la déchristianisation de nos sociétés. Je crois que c’est en proclamant la force singulière de la foi chrétienne, son exigence et le bonheur de son observance, que l’on attire vers nous et donc vers Jésus. De même par la beauté de la foi chrétienne, la beauté de la pensée chrétienne et la beauté de la liturgie… C’est au cœur de cela que la foi sera annoncée de manière heureuse et reçue.

Comment faire dans un contexte de crise des vocations ? Comment faire sans pasteurs ?


Je ne suis pas certain que nous aurons moins de pasteurs dans l’avenir car je crois que Dieu donne toujours aux chrétiens les prêtres dont ils ont besoin. Le problème est plutôt : comment une communauté chrétienne reste vivante ? Il n’est pas possible que dans une communauté vivante, en premier lieu la famille, l’appel de Dieu ne soit pas entendu. Ce n’est pas possible ! La question n’est pas la question des vocations mais une question de foi et de la vitalité de la foi. Dans une famille où la foi est vivante, rayonnante, où ses membres ont goût pour la prière et sont attentifs aux autres, il n’est pas possible que l’appel de Dieu ne soit pas entendu. Quand la ferveur de la foi ne s’est pas affadie, l’appel de Dieu est mieux entendu.

Au lieu de crise des vocations, ne devrions-nous pas plutôt parler de crise de la transmission ?


J’ai beaucoup aimé les trois encycliques du pape Benoît XVI sur la foi, l’espérance et la charité. Il nous axe sur les fondamentaux. Je croix que c’est en retrouvant les fondamentaux de la foi que l’Église aura un avenir. Je le répète, ce n’est ni dans l’affadissement ni dans l’adaptation au monde actuel mais en osant dire, à la suite du Christ, ce qui est le bien pour l’homme.

Est-ce le message que vous souhaitez transmettre aux catholiques vendéens qui se réuniront lors de cette messe d’action de grâce le 13 août prochain ?


Je crois que ce message ne s’adresse pas uniquement aux catholiques vendéens mais qu’il est bon pour un pays comme le nôtre. Nous remarquons d’ailleurs dans les nouvelles générations que les jeunes sont en éveil, non pas à travers des paroles d‘accommodements mais grâce à des appels clairs et exigeants. Si nous ne leur servons qu’un catholicisme édulcoré ou seulement humaniste, ils ne répondront pas. Ils ne sont qu’intéressés par la vitalité qui réveille.

Le cardinal Robert Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin, célèbrera cette messe jubilaire mais aussi celle de la fête de l’Assomption le 15 août suivant, pourquoi l’avoir convié à ces célébrations ?


En premier lieu car le cardinal Sarah est un chrétien limpide qui s’est forgé à la fois comme baptisé et comme prêtre dans un contexte missionnaire et de persécutions. Il a connu les errances du marxisme en Afrique et il a été le témoin de l’espérance chrétienne. Tout cela lui a forgé une ténacité, une espérance très grande et une fidélité immense envers l’Église. Par ailleurs plusieurs prêtres vendéens l’ont connu du temps de la mission. Les frères de Saint-Gabriel (congrégation montfortaine originaire de Saint-Laurent sur Sèvre en Vendée) ont été très proches de lui lors de son ministère en Afrique. La qualité de l’homme et toutes sortes de liens avec notre terre m’ont conduit à l’inviter.

Son itinéraire personnel peut-il être un exemple pour les catholiques ?


Chaque histoire est singulière et la nôtre n’est pas celle du cardinal Sarah. Tout n’est pas transposable de la même manière mais je pense que la vigueur de sa foi, l’espérance inébranlable dont il a fait preuve sont un chemin à emprunter par tous. Ici en Vendée, nous sortons d’une chrétienté qui a duré plus qu’ailleurs et où nous serions tentés de dire que tout le monde est chrétien, que la société est imprégnée de christianisme. Non ! Aujourd’hui, il importe que la parole soit vive et nous ne pouvons plus être des chrétiens de conservation. Nous ne pouvons qu’être des chrétiens de parole et de mission.

Le cardinal Sarah s’est fait connaître en France avec ses livres dont le dernier traite de l’importance du silence pour un nécessaire dialogue intime avec Dieu. Que vous évoque le silence ?


Cela m’évoque un essentiel. Je crois que le cardinal tourne notre regard vers l’intériorité. Trop souvent, nous avons une religion du faire. Lui, oriente notre vie vers le cœur à cœur avec Dieu, vers le silence, vers l’intériorité. Il n’y a pas de foi, il n’y pas d’union à Dieu qui ne soit pas fondé sur ce cœur à cœur, sur cette prière. Là aussi comme source de la mission, il y a urgence à ce que tous les chrétiens et non pas seulement quelques-uns, pas seulement des spécialistes de la prière, mais que tous redécouvrent la force et la vigueur de la prière intérieure. Je le répète, il n’y pas de vie chrétienne s’il n’y pas d’intériorité sinon tout sera surface ou comme dans la parabole du semeur « parole qui tombe sur un sol caillouteux  n’a qu’un petit effet ».

source aleteia.

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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