de la férie : la sainte Messe . (2)
Publié le 4 Septembre 2017

Pensons, en outre, que la messe représente réellement la Passion du Seigneur, la rend réellement présente par la présence du vrai corps qui fut immolé sur la Croix.
Ainsi l'effet produit par la bienheureuse Passion dans le monde, l'eucharistie l'accomplit par la communion dans nos âmes, et quand nous approchons nos lèvres du calice, nous avertit saint Jean Chrysostome, nous devons y boire comme si nous puisions le sang au côté ouvert du Sauveur. Le Seigneur lui-même n'a-t-il pas dit :" Ceci est mon sang, qui sera versé pour vous en rémission des péchés. " (Matth, XXVI, 28)
Rappelons-nous encore que ce sacrement nous est donné sous forme de nourriture et qu'il a dans nos âmes les mêmes effets spirituels que le pain et le vin produisent physiquement en nos corps. Le pain soutient le corps, et ce sacrement soutient l'âme. Le pain répare les forces de nos corps,; ce sacrement, celles de l'âme. Le pain accroît la vie du corps; l'hostie, la vie de l'âme. Le pain réjouit notre corps; l'eucharistie réjouit l'âme et la comble enfin de délices spirituelles qui ne lassent jamais notre goût. Ainsi , comme le pain et le vin deviennent la chose et la substance du corps qui a faim, le Christ devient la chose et la substance de l'âme qui a le désir et l'amour.
Praestat se nobis desiderantibus, dit encore saint Jean Chrysostome: le voici qui se prête à nos désirs; nous pouvons le prendre et l'avoir au plus intime de nous-mêmes, l'aimer présent en notre âme et, ayant en nous son amour, " demeurer dans son amour ", selon le précepte que Lui-même nous a donné avant de souffrir: Manete in dilectione mea.
Pour jouir de ces bienheureux effets de la messe, il suffit d'y apporter les dispositions personnelles de foi et d'amour nécessaires. Ces grâces sont offertes à chacun : elles ne requièrent qu'une préparation individuelle.
Mais si le Seigneur aime chacun de nous, il nous aime aussi tous ensemble, il nous aime unis, en église; il nous groupe autour de sa table, pour que nous tous qui sommes plusieurs nous ne fassions, tous ensemble, qu'un corps avec Lui. Saint Paul nous en avertit :" La coupe de bénédiction, que nous bénissions, n'est-elle pas la communion au sang du Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion au corps du Christ? Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps, participant tous à un même pain. (I Cor. X, 16,17)
Ce fut l'intention suprême du Sauveur de nous grouper tous en son amour, en mourant par amour pour nous tous :" Père , qu'ils soient un comme vous et moi nous sommes un . " Dès la fin du premier siècle cette idée se trouvait au centre de la croyance eucharistique . " Comme ce pain rompu, lisons-nous dans la Didaché, était auparavant dispersé sur les monts et , rassemblé, est devenu un, qu'ainsi se rassemble ton Eglise, des confins de la terre , en ton règne . "
Aussi le Seigneur a t-il voulu nous donner ce sacrement en des choses qui signifient l'union et doivent opérer l'unité: le pain et le vin faits de grains auparavant multiples et épars, maintenant fondus en une seule substance pour nourrir un seul peuple et lui donner une seule vie immortelle dans la puissance unique du Seigneur. Sur quoi saint Augustin s'écrie :" O sacrement de la tendresse, ô signe d'unité, ô lien mystérieux de la divine charité !" .
Mais le message du Seigneur vient éveiller des morts dans un monde obscur.
C'est le mot si triste de saint Jean au seuil de son Evangile de joie :" Il est venu chez les siens et les siens ne l'ont point reçu. " Seuls ceux qui le reçoivent ont aussi ce pouvoir de devenir enfants de Dieu.
Voilà donc une discrimination qui pourrait être effrayante si l'on en voyait tout le drame. Très peu reçoivent vraiment le Seigneur, très peu s'ouvrent à lui pleinement à la messe, pour recevoir de lui cette vie éternelle que le pain du ciel doit nourrir.
Pourquoi ? Les causes sont infinies, mais toutes se ramènent à des responsabilités personnelles .
Le don du Seigneur est sans défaut; c'est nous qui défaillons et ne savons plus tendre vers lui des mains loyales pour le recevoir. Et comment avons-nous laissé s'obscurcir l'or pur de la messe?
... Nous avons la clé du trésor, le trésor n'est-il pas fermé parce que nous avons négligé de l'ouvrir ?
rp Lajeunie op .