Ave Maria.
Publié le 1 Octobre 2017

Egrener le chapelet, le tourner sans cesse dans ses doigts, c'est imiter, nous disait-on l'anon qui tourne indéfiniment la noria sans avoir conscience de ce qu'il fait; soit, mais cette noria du chapelet fait couler dans notre âme l'eau de la grâce qui purifie, qui étanche, qui éteint les feux des passions, qui féconde les parties arides et désolées de notre coeur.
Les dizaines d'Ave Maria récitées à haute voix font un bruit de moulin; mais ce moulin broie aussi la farine de la grâce, farine eucharistique qui nous réconforte, nous soutient, nous donne l'énergie de persévérer dans nos desseins vertueux, malgré les obstacles de toutes sortes, les échecs, les incompréhensions et les calomnies, les mépris..
Le chapelet récité en public par les fidèles, par les enfants, par les jeunes filles, est peut-être exaspérant pour les incroyants comme le concert des cigales, mais cette récitation entrecoupée de chants et d'hymnes dans les jours de fêtes célébrées par l'Eglise catholique est vraiment, pour ceux qui savent entendre, une symphonie incomparable ou plutôt absolument unique.
Toutes les voix y sont accordées, et les voix cristallines des enfants et celles des vieillards. Les personnes de toutes les classes et de toutes les conditions, les riches et les pauvres, les savants et les ignorants, les religieux et les laïcs, les militaires, les matelots, font leur partie dans ce concert spirituel. Aucune race, aucune nation n'en est exclue; en cette fête du Rosaire, la symphonie universelle du chapelet s'élève des quatre points cardinaux de la terre et sous toutes les latitudes, unissant dans une même intention adoratrice les coeurs des hommes de toutes couleurs et de toutes langues.
Récités par des millions de mortels sur tous les points de la terre, cette immense orchestration de toutes les consciences dans la prière constitue la grande voix de l'Eglise catholique.
Si nous savions par la pensée nous transporter dans des sphères célestes, si nous avions des oreilles pour entendre, nous écouterions quelquefois cette voix de l'Eglise, qui par le Rosaire se fait une et monte de la terre jusqu'au ciel, nous reconnaîtrions alors sa surnaturelle puissance et nous apprendrions qu'après avoir gravi le ciel, elle retombe en bénédictions sur les habitants de cette vallée de larmes.
rp Petitot. op +