du purgatoire.
Publié le 25 Octobre 2017



Quand vient l'heure de la mort, à "partir de laquelle on ne peut plus rien faire" de méritoire, l'âme rend compte au souverain Juge de tout le détail d'une vie, jour par jour, minute par minute, seconde par seconde, et aussitôt elle est fixée éternellement dans son degré de gloire, dans sa puissance d'aimer. Dans la vive lumière de l'au-delà, l'âme voit la place d'honneur que le Christ lui a préparée dans son corps glorieux, " dans la maison du Père" . Entraînée par un irrésistible amour, elle s'y précipite en chantant le cantique de louanges sans fin.
Mais hélas! combien souvent les âmes sont arrêtées au seuil de la gloire entrevue où elles commencent de souffrir, parce que toutes les ruines et toutes les blessures du péché, jusqu'aux dernières traces, n'ont pas été réparées et guéries !
A dater de cet instant, dans le Purgatoire, l'âme souffre parce qu'elle voit, avec tout l'amour immense qui l'a conçu, tout le plan divin et la place qu'elle doit occuper dans le corps glorieux du Christ pour contribuer pour sa part à sa plénitude et être à jamais une " louange de gloire " à l'infinie sainteté, à l'infinie bonté, mais une louange de gloire qui doit encore se taire et que brûle comme un feu le désir ardent de mêler sa voix aux hymnes enthousiastes des choeurs célestes.
L'âme souffre parce qu'elle sait qu'elle doit voir Dieu, la beauté unique, sans voiles, sans énigmes, dans un face à face éternel. Et de le sentir enfin si près, tout près, mais toujours caché, elle est torturée d'une faim dévorante qui rend les minutes d'attente longues comme des siècles
L'âme souffre parce qu'elle voudrait aimer le Christ Jésus avec tout l'amour dont elle fut aimée, elle souffre parce qu'elle doit entrer, sans le pouvoir encore, dans le corps glorieux du Christ tout rempli de l'Esprit-Saint et par lui aimer Dieu enfin comme il est digne d'être aimé et, dans un acte d'amour indicible se perdre en lui.
Après la rude épreuve de la terre, qui fut une longue attente du Christ aimé dans les obscurités de la foi, après avoir aimé d'amour humain, après avoir vu les mères mourir d'amour pour leurs enfants, et l'Epouse pour son Epoux, cependant que saint Paul disait de l'amour divin:" L'oeil n'a point vu , l'oreille n'a pas entendu, le coeur n'a jamais conçu ce que Dieu prépare pour ceux qui l'aiment", après tout cela, sentir que le Christ est là, tout près, le coeur tout palpitant d'amour, les bras grands ouverts pour l'accueil, mais qu'il n'est pas l'heure encore, l'âme est tout envahie par le feu le plus ardent qui la consumerait s'il ne devait achever de la purifier avant de la livrer à l'éternelle possession dans les torrents des voluptés divines.
Réjouissez-vous donc dans cette espérance, chères âmes des fidèles trépassés, tout le corps mystique du Christ vient à votre secours.
Oui, pleurons nos morts, nos chers morts: le Christ pleura son ami Lazare avec Marthe et Marie; mais que nos larmes ne soient pas stériles. Ne cessons pas d'aimer nos morts . Sauvons nos morts !
Sauvons nos morts par nos prières et par toutes les indulgences innombrables qui leur sont applicables surtout par le chapelet, le chemin de la croix . Sauvons nos morts par la plus grande prière qui soit au monde, par le saint sacrifice de la messe .
Sauvons nos morts par nos efforts de collaboration à toutes les bonnes oeuvres ... Sauvons nos morts par nos bonnes oeuvres personnelles et cachées, par nos aumônes ignorées du public, par nos pénitences et sacrifices volontaires... Sauvons nos morts, tous les jours par nos efforts attentifs et persévérants...
" O Vie ! combien d'hommes tu as déçus ! combien tu en as séduits! combien aveuglés ! On te voit, mais tu n'es qu'une ombre ! tu t'exaltes, mais tu n'es que fumée! Douce aux insensés, amère aux sages... Ceux qui t'aiment ne te connaissent pas; ceux qui te méprisent te comprennent vraiment. Tu n'es pas vérace, mais menteuse... Qu'es-tu donc, ô vie humaine ? Tu es la voie des mortels, et non leur vie; la voie qui conduit à la vie; longue pour les uns, brève pour les autres; large et joyeuse pour certains, étroite et morne pour d'autres. Tu es tellement séduisante que bien peu te regardent comme une voie.. Tu es un lieu de passage et non un lieu de séjour, ô misérable vie humaine ! On ne séjourne point dans une voie: on y marche; et l'on y marche pour parvenir à la patrie. Pourquoi donc, ô vie mortelle ! es-tu recherchée et aimée ? Tu es aimée et recherchée par les insensés et les égarés; au contraire, les prudents et ceux qui désirent se sauver te repoussent. Il faut donc te craindre et t'éviter, puisque tu es si fugitive, si incertaine, si brève; toi qui t'évanouis comme une ombre, comme une nuée, comme un néant ! Puisque donc que tu n'es rien, on doit te parcourir prudemment comme des voyageurs qui veulent atteindre la vraie patrie . rassurés quant au chemin parcouru, avisés pour celui qui reste à parcourir. A quoi sert de monter, si l'on n'atteint pas le sommet? "
St Colomban.