lectio divina : Bienheureux ceux qui pleurent ..

Publié le 15 Octobre 2017

 

 

"Et il essuiera toute larme de leurs yeux, "

 

 

" Malheur à vous qui riez maintenant, parmi les amusements coupables et les folles joies, car vous serez dans le deuil et les larmes" , " Maudit soit l'homme qui se confie en l'homme ".. Jer. XVII,  5

   Sans doute, force nous est bien d'user de ce monde. La Providence y a d'ailleurs ménagé avec une bonté généreuse les soutiens nécessaires; elle a semé de fleurs notre chemin. Mais tout ceci n'est que moyen pour une fin ultra-terrestre, instrument d'une oeuvre dont l'achèvement ne se voit point ici-bas.

   Certitude malaisée à se donner pratiquement ! Les souffrances mêmes ni les désillusions ne nous l'apprennent jamais bien . Il y faut l'onction du Saint-Esprit, par l'exercice du don de science.

   L'âme connait alors, dans une sorte d'expérience, ce qu'est la créature et le jugement qu'elle en doit porter; elle en éprouve le néant; elle y voit un piège où se prennent les insensés. Elle découvre sa propre folie, lorsqu'elle a péché, elle aussi, en poursuivant le bien parfait là où il ne se trouve point;  elle aperçoit clairement les tentations et les périls qui l'environnent. Affligée sous le faix des chagrins de ce monde et percée par le repentir, elle gémit de sainte tristesse et de componction; et les larmes coulent des yeux de son corps, amères et douces à la fois.

   Le don de science, qui fait apprécier de façon si pénétrante les misères de la vie et le mal du péché, excite par contraste la pensée et le désir des biens impérissables et de l'innocence assurée. Et les larmes coulent de nouveau, celles-là plus abondantes, dans l'excès du bonheur et de la joie sans mesure.

   Heureuses larmes ! Heureux ceux qui ont éprouvé l'irréparable vanité de ce qui passe, et qu'une minute de joie divine vaut mieux que toutes les fugitives consolations! Heureuses les âmes touchées de l'inguérissable blessure qui ôte pour toujours le goût des choses créées ! Heureuses les âmes en deuil du Christ absent, pareilles de quelque manière à Notre-Dame attendant l'instant de mourir pour retrouver son Bien-Aimé, et qui souffrent l'exil, loin de la Patrie, loin de la famille, loin du Père.  Elles ne resteront pas seules, abandonnées à leur indigence; Notre-Seigneur l'a dit, elles seront consolées. Le beau mot ! Consoler, cum solo, être avec celui qui est seul !

   Isaïe avait prophétisé du Messie :" L"Esprit du Seigneur, de Yaweh, est sur moi .. Il m'a envoyé, pour consoler tous les affligés, pour apporter aux affligés de Sion et leur mettre un diadème au lieu de cendre, l'huile de joie au lieu de deuil. " Is. LXI, 1-3

   C'est lui le consolateur , et mieux encore, la consolation d'Israël et de toutes les âmes filiales.

   S'il n'est pas encore présent dans l'état de la gloire, du moins a -t- il daigné promettre, en quittant cette terre, qu'il ne nous laisserait pas orphelins.

   Il s'en allait, et il affirmait son retour prochain, définitif, dans le Saint-Esprit, l'autre consolateur; il enseignait que le Père et lui descendraient aussi vers l'âme aimante, afin d'y établir leur demeure.

   La solitude de ceux qui pleurent est peuplée des trois hôtes divins. Ils goûtent des à présent leur consolation, parmi leur bénie tristesse; leur béatitude n'est pas un fruit étranger dont ils ignorent tout à fait la saveur.

   Délicieuses et suaves prémices de l'éternité, où le Seigneur n'aura, semble-t-il , d'autre emploi que de les servir, après avoir essuyé pour jamais toute larme de leurs yeux.

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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