lectio divina . bienheureux les doux.
Publié le 15 Octobre 2017

Ils ne se laissent emporter ni par la colère ni par la révolte, mais se soumettaient en toute patience et humilité aux volontés providentielles. Tel apparut Notre-Seigneur, avec une divine mansuétude. " Vous n'auriez aucun pouvoir sur moi, disait-il à Pilate, s'il ne vous eût été donné d'en haut."
Dans l'irrésolution et la lâcheté de cet homme , il adore, il aime la volonté du Père qui le livre à la mort. Tels furent les saints de tous les âges.
Lorsque saint Jean de la Croix s'inclinait humblement pour baiser le scapulaire de son insulteur, nul doute que ses lèvres n'aient cherché avec amour la main divine, la main paternelle, de qui lui venait l'affront. Et la forme charmante de cet aveu recueilli sur les lèvres de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus , lui enlève-t-elle rien de sa profondeur :" Je ne veux que ce que veut le bon Dieu; c'est toujours ce qu'il fait que j'aime ? " Douceur surhumaine , et pourtant simple, aisée , naturelle, comme toutes les oeuvres du Saint-Esprit en nous.
Les doux posséderont la terre.
Le Psalmiste l'avait chanté :" Les doux posséderont la terre, et ils y goûteront une abondance de paix." La terre par excellence , pour un Israélite, c'était la Palestine; Dieu y assurait aux humbles et aux doux une demeure à jamais, sans craindre l'exil.
Mais la Terre Promise elle-même n'était que la figure du royaume messianique du temps et de l'éternité.
Les violents se battent pour les choses temporelles, qui leur échappent si tôt, lors même qu'ils réussissent à s'en emparer. Les doux cèdent à l'injustice et ne résistent pas au mal; et ils possèderont en sécurité une terre dont ils ne sauraient être expulsés, ils l'auront en héritage, au titre de fils bien-aimés :' Aux doux a été donné l'héritage, parce qu'ils ont cherché avec une piété filiale le testament paternel. "
Plusieurs parmi les saints Pères, frappés de l'affinité qui existe entre la douceur et la pureté, n'ont pas cru dévier de la pensée du Seigneur, en parlant ici de la soumission du corps et de ses instincts. Cassien rapporte de l'abbé Cheremon cette belle maxime :" Nous n'avons d'autre moyen de posséder notre terre, c'est-à-dire de soumettre à notre empire la terre rebelle de notre corps, que de fonder tout d'abord notre âme en la douceur de la patience."
Enfin saint Jean Chrysostome a songé aux possessions terrestres .
Hé quoi! la richesse viendra donc à ceux qui ne songent point à l'emporter d'assaut; mieux encore, à des gens qui se laissent tout prendre?
Ah! c'est qu'il n'est rien de conquérant comme la douceur. Par elle, il s'est rencontré que des saints eussent entre leurs mains de quoi nourrir des provinces, ainsi qu'on le raconte de saint Vincent de Paul .D'autres exercèrent une domination d'un genre différent: habitant dans les déserts avec les bêtes féroces, ils les soumettaient par l'empire de la douceur.
C'est ainsi que la main libérale du Père céleste se plait à dispenser les présents merveilleux, en signe et présage de réalités invisibles et ineffables.
Béatitude de la douceur, et don de Piété.
"Etre doux: c'est ne pas résister à votre Dieu . " saint Augustin Et saint Thomas :" Ceux là proprement s'irritent qui ne sont pas satisfaits de l'ordination divine ." La piété est un sentiment de tendresse filiale à l'égard de Dieu. Or, il n'y a point d'amertume ni de rébellion , non plus qu'il n'y a de propriété dans un coeur filial.