les chrétiens et la mort.

Publié le 6 Novembre 2017

 

 

   Jésus nous invite à mourir comme il nous invite à souffrir en union avec lui, pour que nos souffrances et notre mort, - qui eussent été sans lui inefficaces - désormais vivifiées, sanctifiées, divinisées par les siennes, devenues méritoires grâce aux siennes, par la vertu des siennes, soient notre part personnelle à notre salut.

   Il invite ses rachetés les plus purs, les plus saints, les plus exempts de péché par sa grâce, les plus unis à lui par l'amour, les plus libres de toute dette à la justice de son Père, à collaborer avec lui par leurs souffrances et leur mort au salut du monde . Il convient qu'il nous précède au Royaume et qu'une résurrection trop prompte, imitant la sienne de trop près , ne réduise pas à presque rien la leçon de la mort. 

Notre mort à nous est moins lamentable que sa mort à lui pendant trois jours. Notre âme peut goûter sans le corps la plénitude du bonheur en lui. Notre résurrection est donc différée jusqu'au dernier jour. La mort a tout le temps de faire son oeuvre. Pour la Vierge Immaculée, Mère de Jésus, comme pour Jésus lui-même il convenait que la résurrection suivit de tout près la mort.

Pour nous, nous  devons connaître l'anéantissement de notre corps de péché.

Mais si la mort effraie notre nature sensible, et même abstraction faite des lumières de la foi, notre nature raisonnable, elle ne désoriente plus la raison irradiée par la foi; elle n'est plus pour le coeur aimant, objet d'insurmontable horreur; elle devient la messagère de Jésus, l'annonciatrice de la délivrance, l'amie qui délie nos chaînes; elle devient , selon Thérèse d'Avila, la rupture de la chrysalide qui laisse envoler le papillon de l'âme .

Comme la souffrance horrible en elle-même, devient aimable et désirable parce qu'elle fut la compagne inséparable de Jésus, la mort devient objet d'amour et de désir parce que Jésus a voulu mourir.

Les chrétiens savent qu'ils n'échapperont pas plus que les autres à la mort, mais leur foi leur dit pourquoi: loin de la fuir comme le mal suprême, ils doivent lui sourire et l'accueillir quand Dieu l'envoie. Le vrai chrétien voit dans la mort un vouloir adorable de Dieu, son Ami, de Jésus-Christ, son Sauveur. Il fait plus et mieux que s'y résigner, il l'accepte comme un moyen providentiel d'expier ses fautes, d'achever sa ressemblance avec son Rédempteur. Il met son amour et sa joie à s'abandonner à Dieu et à Jésus-Christ. Pour la mort comme pour la vie, il fait d'avance son sacrifice, comme l'ont fait, avant lui, une multitude de frères, rachetés comme lui et sachant ce qu'ils devaient à leur Sauveur, comme l'ont fait, devant les bourreaux et dans toutes les conditions de vie, les martyrs et les saints.

   En pleine force et santé, il se soumet amoureusement à la volonté divine, il s'en remet à Dieu, de l'heure, des circonstances, des modalités de son trépas. La mort devient le grand acte d'amour de la vie, et toute la vie en un sens  est employée à le préparer.

   Certes, à moins que la charité ne le presse de s'exposer pour Dieu ou pour le salut de ses frères, le chrétien le plus fervent doit, habituellement, s'efforcer de se garder en santé et en vie, lutter contre toutes les causes de mort prématurée.

C'est un devoir commun et d'autant plus urgent qu'on est plus utile et plus nécessaire ici-bas à sa famille, à son pays. Un époux, une épouse, une jeune mère, un père de famille, menacés d'être ravis à leur mutuelle tendresse ou à celle de leurs enfants, ne négligeront donc pas les moyens ordinaires, tous les moyens à leur portée, de recouvrer la santé et de prolonger leur existence. Nul chrétien ne s'expose sans raison à une mort prématurée, fût-ce pour aller voir Dieu.

Il sait bien que c'est la volonté de Dieu que nous cherchions tous à vivre en santé et en force, pour le servir et faire notre tâche temporelle, alors même qu'il veut, lui, - d'une volonté à nous encore inconnue, mais acceptée avec amour, quelle qu'elle soit - nous retirer de cette terre et nous rappeler à lui. Mais chez les vrais chrétiens, chez eux seuls, peuvent se rencontrer et s'unir toute la volonté de vivre requise pour lutter avec succès contre le mal physique et se défendre de la mort, et, en même temps, la paix et la douceur d'un abandon total à la volonté de Celui que les vrais chrétiens savent plus père, plus mère et plus époux qu'eux-mêmes.

...

   Les martyrs acceptent avec joie la mort violente que leur infligent les persécuteurs, car l'amour les presse de rendre témoignage et ils ont hâte que la mort leur ouvre le ciel. Saint Ignace d'Antioche a exprimé cette disposition avec une ardeur sublime. Il est comme leur interprète à tous.

   Les saints aspirent à la mort comme à la délivrance et à l'aurore de la vie.

Il leur importe peu que, durant des siècles et jusqu'à la fin du monde, leur âme vive sans leur corps, puisque, capable de Dieu, elle sera avec Dieu, le verra face à face et l'aimera d'un amour sans retour. 

C'est cette vie en Dieu qui compte pour eux et qui est désirable. Et la vie d'ici-bas, dans les obscurités de la foi, leur semble un exil, un lointain pèlerinage où l'âme souffre la nostalgie de la Patrie. Rester en vie, toujours capable de péché et de perdre Dieu, ayant, dans son corps même, le principe des concupiscences et des passions qui conduisent au péché,  voilà ce qui ,pour un saint, est une vraie mort, tandis que la mort à cette vie misérable n'est pour lui que l'entrée dans la vie véritable.

rp Lavaud op +

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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