4 ème vendredi de carême .

Publié le 16 Mars 2018

 

 

 

      Intérieurement, ce supplice affreux est le plus beau des sacrifices. Ce crucifié, devenu semblable à un ver de terre, est toujours le plus beau des enfants des hommes. Il est le Fils de Dieu. Librement , il s'est livré à la mort. Ses bourreaux ne sont que les instruments inconscients de la divine Providence.

   Au calvaire, les deux extrémités, le bien et le mal, se rencontrent en une joute extraordinaire. C'est le champ de bataille de la plus sublime des luttes. Nous y trouvons le plus grand de tous les crimes, celui que toute langue se refuse à nommer: le déicide. Les créatures ont tué leur Dieu. L'Evangile le signale :" A ce moment, Satan entra en judas... " (Jn XIII,37) . Lui-même commande l'assaut suprême contre le ciel, qui est descendu en notre terre, et par là, est devenu accessible à ses coups. Son premier adversaire, Dieu, le Bien Suprême, la source de tout bien qui, dans son éternité transcende infiniment le mal et échappe à ses prises, est descendu dans la lice. Aubaine inouïe, unique, Satan, peut le rencontrer sur son terrain, en ce monde qui depuis la faute lui appartient.  Le Très-Haut est venu en personne réconforter ses soldats de la terre. Le voici maintenant qui affronte en personne la lutte. Il est en première ligne. Ses troupes d'élite l'abandonnent, le voilà seul , tombé entre les mains de ses ennemis les plus implacables.  A l'issue de ce combat sans précédent et qui restera unique dans les annales du monde, Dieu est tué. Lucifer paraît définitivement triompher. Mais la mort a trouvé ici son tombeau. En osant toucher à celui qui ne peut pas mourir, elle s'est condamnée à mort. Désormais, la mort est absorbée par la vie. Sur la montagne du calvaire, Satan a subi la plus éclatante défaite. Ce monde qu'il convoitait, qu'il possédait déjà, il est désormais irrémédiablement perdu pour lui. Cet univers est maintenant à Jésus. Il est le prix du sang.

   Dans les desseins de sa sagesse, le Christ tolère encore pour un peu de temps son ennemi dans le champ du Père de famille. Mais il y est comme un intrus, comme un voleur. Peut-être n'a-t-il jamais manifesté plus de rage, car il sait que ses jours sont comptés ; il faut faire vite, car " bientôt" le Rédempteur viendra pour régner sur le monde purifié par le sang et le feu. A l'heure voulue par Dieu, quand le Sauveur le voudra, il expulsera définitivement l'esprit du mal de ce royaume qu'il a racheté en versant son sang jusqu'à la dernière goutte.

   Satan a réuni autour de la croix de Jésus, ses bataillons d'élite, c'est-à-dire  ce que le monde a de plus noir . Tous les genres de mains semblent s'être donnés rendez-vous près du Sauveur . La cruauté des bourreaux , la vulgarité des mercenaires romains, la perfidie des pharisiens , la vanité d'Hérode , la faiblesse de Pilate, aussi cette autre faiblesse des disciples .. On trouve ici dans le crime, tous les degrés, toutes les nuances, depuis la trahison et le désespoir affreux de Judas, jusqu'à la lâcheté et le repentir si touchant de  Pierre ...

    A tous ces maux , Jésus oppose la réaction magnifique des vertus chrétiennes. Il apparait le témoin de la vérité . Il affirme la divinité de sa mission devant ses accusateurs. Aux coups, il oppose la douceur, le pardon . Père pardonnez-leur , car ils ne savent pas ce qu'ils font . Au traître lui-même, il oppose la douceur , le pardon. Père , pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font .  Au traître lui-même  , il offre encore la grâce qui pourrai le sauver . Mon ami, c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme .  A l'offensive terrible de tous les vices , il riposte par la conte-attaque victorieuse de l'obéissance , de la prudence, de la vérité, de toutes les vertus , c'est bien là le triomphe du martyre .

Le Christ souffre pour tous les péchés du monde. il a souffert du péché de Judas. Pourtant, il ne pourra pas lui accorder le fruit de ses larmes. Notre-Seigneur veut le salut de tous les hommes; pour tous, il a mérité avec surabondance toutes les grâces nécessaires. Cependant, tous les hommes ne seront pas sauvés. Nous touchons au point le plus mystérieux de la révélation. Dieu respecte la liberté de sa créature. Il ne peut pas nous sauver sans nous. Si nous nous plaçons au simple point de vue de la miséricorde, certaines souffrances de Jésus semblent stériles. La malice des hommes les empêchent d'atteindre leur effet.

   Du haut de la croix, la divine Victime voit les pauvres pécheurs qui refuseront son pardon, qui écarteront son sang et se précipiteront dans les enfers. Ces misérables, tant qu'ils sont sur la terre peuvent être objets de miséricorde.  Notre-Seigneur les a donc aimés. Il a souffert pour eux. Ne sont-ils pas l'objet de sa plus cruelle douleur? Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné? Cette parole mystérieuse, Jésus, ne la prononce-t-il pas à cette vue effrayante? Pourquoi ces souffrances indicibles sont-elles sans résultat? Pourquoi ces malheureux que j'ai portés dans mon coeur, que j'ai enfantés dans les douleurs les plus atroces ne verront-ils jamais le jour de la vie éternelle?

   Ses douleurs sont stériles pour les hommes. Elles sont toujours fécondes aux yeux du Père. La réparation de Jésus est une réparation d'amour, elle est toute désintéressée. Le Christ veut souffrir pour ceux qui n'aiment pas, qui n'aimeront jamais. Par sa souffrance qui alimente son amour, le mal de leur faute est vaincu malgré eux. Parce qu'ils s'obstinent dans leur misère, ils ne pourront hélas ! recevoir le prix de cette douleur infiniment féconde. La charité brûlante du Sauveur ne pourra pas retomber sur les âmes en pluie de pardon; mais elle montera vers le Père en une flamme extrêmement pure.

   Du mal , Dieu aura retiré le plus grand bien. Ces péchés qui ne pourront jamais être pardonnés, auront pourtant été l'occasion, quasi la matière,, des actes de charité les plus ardents.

   Dans l'enfer, la Bonté divine triomphe par la justice. Dans le Coeur de Jésus, la victoire est toute d'amour. Voilà le dernier mot du triomphe du Christ. Il triomphe du monde, du démon, du péché, en un sens, des péchés même des damnés. La justice divine est satisfaite. La miséricorde rivalise avec elle et monte plus haut encore. Toutes deux sont dominées par l'amour, par l'amour du Fils bien - aimé pour son Père.

   Dans sa nature humaine, le fils veut l'aimer plus qu'on l'offense, même si l'obstination des hommes empêche cet amour de se faire miséricordieux. Il suffit au Fils d'aimer son Père, d'opposer à l'injure de la faute, l'hommage infini de son affection. Cette suffisance est pour lui une surabondance.

rp Thomas Philippe . op +

 

 

 

  

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

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