mater dolorosa , ora pro nobis..
Publié le 23 Mars 2018

Le sort est jeté. Désormais c'est court, très court. " Voici , dit Jésus : aujourd'hui et demain je chasse des démons et j'accomplis des guérisons, le troisième jour je suis consommé. Cependant j'ai du chemin à faire, aujourd'hui et demain et encore le jour suivant, car il ne convient pas qu'un prophète périsse hors de Jérusalem. " ( Luc, XIII, 32, 33 )
A proportion, l'angoisse de la Vierge s'accroît, le pressentiment se précise jusqu'à rejoindre peut-être la prévision de Jésus. Car, à mesure qu'on avance, notre Sauveur se cache de moins en moins de dire ce qui va lui arriver: il en réitère aux siens l'humiliante annonce, et cela ouvertement, avec un luxe de détails qui est comme un raffinement dans le malheur. (Marc VIII, 31,33; IX, 30, 32! Même devant le grand public il ne se retient plus, voyant à quel point il est dans l'ombre trahi et traqué, de prédire sa fin prochaine: : il y met tant d'assurance qu'on croit qu'il veut se tuer.il insinue pourtant de quel genre de mort il doit mourir, et dit bien haut qu'il donne sa vie librement. (Jean, XII, 28, 32,33; XVIII, 32)
Il n'est pas vraisemblable que Marie n'ait pas, suivant sa vieille habitude, observé toutes ces choses dans son coeur, qu'elle n'ait pas été informée de toutes ces paroles, les retenant et les méditant au plus intime d'elle-même. Durant cette période, à ce qu'il semble, elle est à peu près tout le temps séparée corporellement de son Fils, mais elle n'en est que mieux placée pour s'unir à lui profondément et pour embrasser spirituellement tout ce qu'il souffre et se prépare à souffrir.
C'est pourquoi elle est si parfaitement d'accord avec lui pour voir se réaliser en tout ce qui arrive la fin sublime dans laquelle ils vont s'abîmer tous les deux.
Elle a l'intelligence grande ouverte pour comprendre que c'est le plan divin qui s'exécute et que le Fils de l'homme s'en va selon ce qui est décrété: " Il faut, dit-elle avec Jésus, il faut que soit accompli tout, absolument tout, ce qui a été écrit à son sujet dans la Loi de Moïse et les Prophètes et les Psaumes ." (Luc, XXIV, 44)
" O Père, gémit-elle pour son Enfant, s'il était possible que cette heure que je sens venir passât loin de lui!.. Père, tout t'est possible : éloigne de lui ce calice ! Cependant, pas ce que nous voulons, mais ce que tu veux ...." (Marc XIV, 35, 36)
" Père, l'heure est venue qu'il te faut glorifier ton Fils en toi. " (Jean XII, 23; XVIII, I,5)
Marie voit Jésus si compromis dans sa grande lutte contre le péché et si engagé dans notre mortalité, qu'elle comprend que la mort est pour lui le seul moyen d'en sortir et de triompher. :" Ne fallait-il pas, se dit-elle, que le Christ, le saint de Dieu, souffrit de pareilles choses? Avait -il un moyen plus héroïque et plus digne de son grand coeur, de réintégrer sa gloire ? " (Luc, XXIV, 36)
Enfin l'âme maternelle de la Vierge , à l'heure même où nous allons lui coûter si cher, nous attire profondément dans son sein. C'est le moment où la divine Mère , arrivant au plus haut point de son mérite et nous portant plus que jamais dans son coeur, voudrait pouvoir ramasser, sans en perdre un seul, tous ses enfants " comme des poussins sous ses ailes . " (Luc, XIII, 34)
Aussi aspire-t-elle , par amour pour nous, à ce que son Fils soit élevé de terre et dressé haut, puisque c'est alors qu'il tirera à lui tout son corps mystique, et puisqu'il faut cela pour que tous nous ayons la vie en lui. (Jean , XII, 32; VIII, 28; III, 14-25 )
Elle se répète enfin que " si ce grain de pur froment tombé dans la terre (le Fils de Dieu fait homme) ne meurt pas, il demeure seul...; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit." ( Jean, XII, 24 )
Profondément remuée par toutes ces choses, mais sans peur, mûre pour l'acceptation finale, poussée par l'incompréhensible instinct, tout, divin, qui l'éclaire et la guide, elle est montée à Jérusalem :" Allons , nous aussi, pour mourir avec lui. " (Marc. X, 32; Jean XII,16 )
Et la voilà debout près de la croix ! (Jean XIX, 25)
Elle se rend parfaitement compte que ' tout ce qui les concerne en ce monde, son Fils et elle, touche à son terme" . (Luc, XXII, 37)
Mais " combien elle est angoissée jusqu'à ce que ce soit accompli" ! ( Luc , XII, 50 )
rp Bernard op +