Ave Maria gratia plena +

Publié le 6 Avril 2018

   

   Ne  perdons jamais de vue les deux grandeurs conjuguées à celles de son divin Fils sont au principe de tout le mystère de Marie, à savoir: sa dignité de Mère de Dieu et sa toute débordante plénitude de grâce. Or, chose admirable, c'est l'évènement même de l'Annonciation qui nous fait connaître ces deux grandeurs et nous met tout à coup en face d'elles, dans le temps même où il fait exister la première et  surabonder la seconde. Nous sommes ici à un point culminant de la destinée de notre Mère et nous n'en retrouverons plus d'aussi élevé, qu'au Calvaire à l'heure de la Compassion: tout le mystère est entre ces deux pôles.

   Voici donc le moment précis où l'humble petite israélite est ordonnée Mère de Dieu. Donner l'être à un autre être a de quoi transfigurer de jeunes femmes et modifier leur existence. Mais ici comme tout est dépassé!

   Celle qui conçoit sait que l'être à qui elle va prêter du sien ne lui vient que de Dieu et ne se peut terminer que dans la divine hypostase du Fils de Dieu. Cette jeune mère se sent débordée. Notre configuration chrétienne  pâlit, comparée à sa transfiguration inouïe dans ce Dieu qui devient vraiment son Fils.

   Par ce coup d'en haut tout son être à elle-même confiance au divin. Elle se voit engagée dans une affaire divine et chargée de Dieu. Toute la dignité est là : avant les évènements ne faisaient que la préparer sans que du reste la Vierge y songeât; après, aucun évènement ne pourra rien y ajouter, pas même le couronnement de gloire qui à cet instant n'apportera aucune réalité nouvelle mais ne fera que révéler parfaitement ce qui existe et le "colloquer en son lieu", comme parle saint Thomas, pour l'épanouir en son rôle. Lorsque Marie prendra place au plus haut des cieux, sa dignité ne sera pas plus éminente qu'elle n'est dès maintenant, à l'instant que Dieu l'en investit dans la petite maison de Nazareth aussitôt qu'elle a dit oui.  Au ciel la bienheureuse Vierge verra Dieu et sera plus en possession de se pencher vers nous. Mais aucune des prérogatives qui lui adviendront ne devra nous surprendre : sa dignité les appelait.

   Par l'investiture de l'Annonciation, Marie est grandie éternellement à la mesure même du Christ autant que peut l'être quelqu'un qui cependant n'est pas Dieu. 

   Elle est le personnage de premier plan tout à côté du Verbe incarné. Elle  se rattache à l'ordre même de l'Incarnation et elle est comme par la force des choses impliquée dans l'union hypostatique. Etant celle qui conçoit et qui enfante l'Homme-Dieu et qui va être mêlée à toute l'existence et à toute l'activité de l'Homme-Dieu, jointe ainsi au Christ, elle en est tout ensemble la créature et la mère: son ouvrage à lui plus qu'il n'est le sien, plus créée en lui que lui en elle, attirée par lui dans la sphère des réalités théandriques, véritablement "  Théotocos " , génératrice de Dieu dans l'humanité.

   A ce titre unique et dans cette situation hors de pair, elle est associée au sacerdoce et à la religion de Jésus. Qu'elle fasse figure de Christ, nul n'en pourra douter puisqu'il apparaîtra bientôt aux yeux de tous qu'ils sont même extérieurement le portrait l'un de l'autre.

   Tout cela est pour Marie d'une conséquence incalculable. Sa propre capacité humaine et féminine et maternelle en est immensément accrue. Sa grâce, ses actes, son mérite, tout est d'un ordre à part.

 

pleine de grâces .

 

La grâce, précisément cette spéciale plénitude de grâce dont parle l'ange avec admiration et qui constitue l'autre grandeur de la Vierge, reçoit du présent mystère une sorte de confirmation et de consécration dans le Christ qu'on peut appeler sacramentelles.

   Avant l'Annonciation , Marie avait déjà la grâce: elle l'a toujours eue, elle l'a eue originellement et surabondamment, par un privilège qui déjà n'était accordé qu'à elle et présageait sa mission insigne. Après l'Annonciation, elle l'aura encore en toute richesse et , de même que sa première grâce, celle-ci ne cessera non plus d'augmenter en sa sainte âme jusqu'à l'arrivée dans la gloire. Néanmoins, au cours de ce progrès incessant de la grâce en Marie , l'Annonciation marque le moment unique où cette Vierge néophyte en maternité est littéralement, à cause de cela, " transformée" dans son enfant . 

   C'est que cet enfant est une richesse insondable. Il est le principe même de la grâce: par sa divinité il en est l'auteur, par son humanité il en est l'instrument de production et de diffusion parmi nous; plein de toute grâce, il conçoit et engendre toutes nos grâces et il vit d'avance notre vie spirituelle et nos états.

   Or nul n'est proche au même degré que Marie de ce Christ source de toute grâce, puisqu'il est pour le moment totalement enfermé en elle, et qu'il ne pourra dériver sur nous tous qu'à la condition qu'elle le mette au monde.  De ce qu'elle reçoit et contient ainsi le Christ avant tout le monde et pour tout le monde, Marie a dû obtenir de lui une plus grande plénitude de grâce que tous les autres  à la fois, et devenir plus chrétienne que tous les chrétiens ensemble.

   Ainsi parle saint Thomas. Lui qui a fait preuve de plus de ménagements qu'il n'en fallait quant à la sanctification originelle de la Vierge, cette fois n'hésite plus. Et, comme pour compenser son hésitation première, il s'en va répétant qu'à partir du moment où Marie a commencé de concevoir la chair du Christ, par l'effet en elle de cette présence elle s'est trouvée entièrement et absolument sanctifiée. Il dit que ' par cette conception du Christ a été consommée en elle la grâce qui la confirmait dans le bien . "  Par ce grand contact physique il fallait, dit-il encore, que Marie, " fût rendue pleinement conforme à son Fils, puisque c'est de toute sa plénitude à lui qu'elle recevait la grâce. "

....

   Or il n'est pas malaisé de se rendre compte que tout l'état de grâce en Marie est en fonction de la maternité dont elle est chargée. Donner le Christ au monde, voilà son état désormais. Toute sa mission sera de nous enfanter Dieu sous la forme où il sera le plus nôtre et nous deviendra tout à fait salutaire sous les espèces d'un Christ rédempteur.

   " Nul doute, dit saint Thomas, que Dieu , qui l'a choisie pour cela, ne l'ait rendue par sa grâce parfaitement apte à cela, et c'est bien ce que lui dit l'ange : Tu as trouvé grâce auprès de Dieu, c'est pourquoi tu vas concevoir et enfanter un fils . "

rp Bernard op +

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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