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Publié le 14 Avril 2018

 

" Celui qui entre par la porte, est le pasteur des brebis."

   On a dit et répété, mais sans fournir jamais de preuves très décisives, que l'usage était de réunir plusieurs troupeaux dans la même enceinte. Un gardien spécial veillait durant la nuit. Il ouvrait la porte aux bergers, lorsque ceux-ci venaient, sur le matin, prendre leur brebis.

   La réalité paraît bien différente. Il n'est pas rare que le propriétaire se transporte lui-même, avec quelques membres de sa famille, dans les lieux de pâture, au moins pour le temps de la belle saison. Et alors, ou bien il garde lui-même son troupeau, aidé par l'un de ses enfants; ou bien ses fils , déjà grands, remplissent seuls cet office; ou enfin il confie son bétail à un berger de profession. Le contrat se passe avec une solennité tout orientale, en présence des siens et des notables du village. Son honneur est donc engagé, celui de ses proches également; il a une vraie responsabilité.  Aussi lui témoigne-t-on la plus grande confiance: il est traité  comme étant de la famille. On l'intéresse au bon état du troupeau, en lui donnant une part des agneaux qui naissent dans l'année; les brebis de son maître devienne en réalité les siennes. Tant que celui-ci demeure au pâturage, ou quelqu'un des siens, le berger peut se retirer le soir dans sa  famille.

   Avec l'aube du lendemain il se présentera à la porte de la bergerie; et l'on s'empressera de lui ouvrir. C'est le cas visé par notre parabole.

   Il entre, et, après les travaux nécessaires, se met en devoir de faire sortir le troupeau. Ses brebis se pressent autour de lui, car elles connaissent sa voix et ' l'écoutent" . Il les appelle " par leur nom" . Quiconque a vu des pâtres , sait qu'il en est ainsi dans les cinq parties du monde. La chose, à la vérité , paraît malaisée, si le troupeau compte de cent à deux cent têtes.

   Les auteurs profanes affirment sans restriction le même fait des bergers qu'ils ont observés :

Et in unum congregat agnos, Nomina nota vocans.

lit-on chez des vieux écrivains bucoliques. Les brebis ne sont point pour leur pasteur des unités indifférentes dans un tout qui seul l'intéresserait. Ce sont " ses brebis"; il les aime .

   Et comme l'affection est un sentiment qui se termine à une personne ou a un individu, il les distingue l'une de l'autre et prend une sollicitude particulière de chacune d'elles.  Il ne faut donc point parler ici d'un appel collectif, d'un signal connu de toutes: ce ne serait pas seulement ôter son charme à ce trait, ce serait le priver de toute signification.

   Appeler ne suffit pas. Le berger , pour l'ordinaire, doit saisir une brebis par la laine du cou et la forcer de sortir, puis une seconde. Lorsqu'il en a deux dehors, c'est le moment de redoubler ses appels. Parfois il faut qu'on l'aide de l'intérieur, tant la gent moutonnière est indécise. Enfin, le branle est donné, et le troupeau se précipite en bêlant vers la porte. Lorsque tout est sorti , le berger prend la tête et pousse de nouveau ses cris gutturaux. " Et ses brebis le suivent parce qu'elles connaissent sa voix." Entendent-elles , au contraire, la voix d'un étranger, " elles ne le suivront pas , mais s'enfuiront de lui." dans toutes les directions, " parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers " .

   Tout à l'opposé du pasteur, le mercenaire.

   Celui-ci n'a pas donné son coeur. Recruté pour quelques semaines, c'est l'étranger qui ne fait que passer, sans lien solide avec la famille qui l'emploie, sans intérêt dans le troupeau. Si le loup, profitant des accidents du terrain, et de la couleur de son pelage , qui se détache mal sur le fond grisâtre des plateaux, se glisse, même en plein jour, vers les brebis en pâture, le mercenaire n'essaye pas de l'éloigner ni de lui disputer sa proie; mais il ne l'a pas plus tôt vu, qu'il abandonne le troupeau et s'enfuit. le fauve a toute liberté de ravir et de disperser.  Ce dernier mot est à remarquer : le Mauvais et ses suppôts rompent l'unité. Le mercenaire remplit son métier de mercenaire. Que lui importe une brebis de plus ou de moins, que lui fait la tranquillité de toutes , puisque aussi bien elle ne sont pas à lui ?

   Dans quels pâturages mène-t-il ses brebis?

   Elles y trouvent la vie divine, tous les biens célestes avec surabondance, l'éternel rassasiement. Ah ! le Seigneur ne mesure point ses dons : Spiritus Domini replevit orbem terrarum; Repleti sunt omnes Spiritu Sancto; Reple tuorum corda fidelium; Ut impleamini in omnem plenitudinem Dei ; Deus omnia in omnibus.

Il n'est question que de plénitude. C'est pour nous combler que le Seigneur est venu. " Il ne désire rien tant que de trouver à qui donner ."

dom Pichéri osb+

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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