"mon Dieu donnez-nous beaucoup de prêtres, de saints prêtres. "

Publié le 18 Juin 2018

 

   Au lendemain de l'ordination, non sans mélancolie peut-être, on s'est retrouvé homme et rien qu'homme.

   C' est dans un pauvre vase d'argile qu'on possède le don céleste. Ainsi Dieu  en a -t- il décidé: Il veut montrer que cette force souveraine dont disposent ses ministres est toute de Lui et non d'eux; Il veut qu'environnés des mêmes difficultés que leurs frères les hommes, ils demeurent doux et compatissants. Mais Il ne les abandonne pas à leur faiblesse personnelle. En l'ordination même , Il leur confère, outre le caractère sacerdotal, une grâce insigne, appropriée à leurs besoins. Elle leur permettra d'accomplir vertueusement leurs fonctions sacrées, et, destinée à se développer par l'exercice même de ces fonctions, elle les assistera toujours mieux à condition seulement qu'ils soient fidèles.

   Ainsi se trouveront-ils ressembler au Souverain Prêtre " qui a été éprouvé en tout de la même manière que nous ", mais " le péché exclu " (Hebr. IV,15) Comme ils participent à sa  puissance, ils participeront à sa vertu.

   Si le sacerdoce chrétien est le prolongement sur terre du pouvoir sacerdotal du Christ, il convient en effet que, pris dans son ensemble, il soit aussi une extension de sa sainteté. Comme l'écrit le R.P. Sertillanges :" Que le dispensateur des biens de Dieu ne possède pas et ne vie pas lui-même des biens de Dieu, c'est un désordre . Que celui qui sanctifie ne soit pas saint, que celui qui prêche ne pratique pas ce qu'il prêche; que celui qui donne le Christ aille aux idoles du monde et de la chair, c'est ce que le Ciel a maudit.

   Ce qu'il faudrait, c'est que plus on est élevé au pouvoir, plus ont fût élevé en grâce. Saint Anselme, fut atterré à la pensée  de devenir prêtre; il ne trouva qu'un moyen d'échapper aux perplexités qui l'environnaient, ce fut de devenir un saint. Il avait raison.  Pour la beauté du culte, pour l'utilité des fidèles, il faut que les ministres de l'autel, représentants authentiques du Saint de Dieu, possèdent une éminente vertu. La monition de l'évêque :" Imitez ce que vous opérez " , demeure la loi de leur vie. Leur rang élevé exige qu'ils puissent redire aux simples chrétiens la fière parole de saint Paul :" Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ " (I Cor., XI, I ) Les exemples qui viennent d'en haut ont une portée singulière.

   Cette perfection morale, Dieu doit donc leur donner le moyen d'y parvenir. Ne tient-il pas à l'honneur de son Fils et au salut des âmes, et Notre-Seigneur n'éprouve-t-il pas pour ceux qu'Il a choisis une particulière tendresse? En les appelant à collaborer, avec Lui, à la Rédemption du monde, Il entend les employer, non à titres de simples serviteurs, mais à titre d' "amis " . Il l'a déclaré le Jeudi-Saint , et l'évêque, à chaque ordination , le rappelle. Comment pourrait-Il faire d'eux, réellement , " ses amis ," s'Il  ne les sanctifiait pas ? 

'Réjouissez-vous non de ce que les esprits sont soumis, mais de ce que vos noms sont inscrits dans le ciel " disait-Il encore à ses disciples après le succès de leur première mission (Luc, X, 20)

   Il le répète à tous ses prêtres. Dans son esprit et dans son coeur leur élévation à la dignité sacerdotale et leur vocation à la sainteté sont liées; la première appelle la seconde. C'est à eux tous qu'il pensait en disant à son Père à la veille de sa mort :" Comme vous m'avez envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde; et je me consacre moi-même pour eux, afin qu'ils soient  eux aussi sanctifiés en vérité. " (Jean XVII, 18, 19)

   Aussi n'est-il pas étonnant que l'Ordre, qui consacre les prêtres, soit également destiné à leur conférer une grâce éminente. Ainsi réalise-t-il le dessein d'amour du Christ. Ainsi achève-t-il de prendre sa place, une place de choix parmi les sacrements. Car les sacrements sont pour nous, chrétiens, les grands canaux de la grâce; ils nous relient très directement au Calvaire, en captent la vertu et nous la dispensent largement. Par eux, à toutes les grandes dates de notre existence terrestre, le Divin Crucifié nous pénètre de vie divine, nous donne la force d'accomplir vertueusement les devoirs qui pour nous vont alors commencer. Placé au début du ministère sacré, il confère à ceux d'entre nous que le Christ appelle à ce ministère la grâce de s'y appliquer avec les dispositions qui conviennent.  ... La grâce de l'Ordre permet aux ministres sacrés de s'appliquer au culte divin et de s'employer au salut des hommes d'une manière moins indigne de leur consécration.  Grâce de choix, elle suppose normalement , en l'âme qui la reçoit, la préexistence de l'état de grâce, de la première justification : l'Ordre n'est pas un sacrement " des morts " , mais " des vivants" .

   Normalement même, elle suppose cette âme déjà affermie dans la pratique de la vie chrétienne, et l'Eglise y veille de son mieux.

Qui n'a pu faire dignement partie du bon peuple fidèle est - il appelé à un plus haut emploi ? Mais à cette grâce chrétienne l'Ordre, par sa vertu propre, donne à la fois perfection et modalité nouvelles, ainsi qu'il convient non plus à des enfants comme après le Baptême , ou à des confirmés, mais à des ministres du Souverain Prêtre, à des hommes séparés du monde, livrés en exemple à la multitude , et qui doivent trouver réconfort et joie dans le commerce de Dieu.

rp Périnelle op +

  

 

Rédigé par Philippe

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