fête de l'Assomption de la très sainte Vierge .
Publié le 15 Août 2018



Au moment où elle arrive au terme de sa carrière terrestre, la bienheureuse Vierge incarne véritablement en sa personne et dans sa vie la plus haute perfection et la plénitude même de la grâce chrétienne. Cette eau vive dont elle s'est abreuvée au contact du Verbe incarné est devenue en elle une source jaillissant en vie éternelle et déjà prête à se communiquer à tous.
Cette période d'assomption, ces suprêmes instants de la Vierge rejoignent concrètement le temps et l'éternité, le régime de la grâce et celui de la gloire. Terrienne, la Mère de Jésus l'est encore; céleste, elle l'est déjà tellement! Elle n'a pas fini de vivre son étonnante histoire ni de mêler son existence à celle de ses enfants, mais elle le fait avec une si sereine élévation, avec une tendresse si inépuisable et par des actes si essentiellement spirituels qu'on la dirait déjà enlevée à la terre et nous dominant tous, " afin que quiconque croit ait en Jésus (et en elle) la vie éternelle. "
En cela, et jusqu'au bout, elle remplit envers nous son rôle maternel avec une perfection qui ne s'arrête pas de grandir. Elle nous a mérité toutes aides. Elle nous mérite toutes grâces et toute joie. De même qu'elle a vécu devant nous par la grâce de l'Immaculée-Conception nos commencements et nos progrès, de même par cette victorieuse grâce de l'Assomption, elle prélude à tous nos achèvements dans le Christ.
A la précocité des origines répond cette prématurité des fins dernières, et ceci comme cela est l'exemple le plus éclatant, le gage le plus certain, du salut apporté par Jésus.
A l'élite de ses enfants Marie ouvre les plus hautes voies de la mystique. A la multitude elle prépare les secours, même les plus modestes mais tous infiniment précieux de la persévérance finale. Par sa façon de vivre et de mourir, on peut dire qu'elle aura vraiment, comme une bonne mère , expérimenté et préparé tous les états et tous les âges de la grâce chrétienne, et gagné cette grâce même. Réellement, dans le mystère de son Assomption, elle fraye à tous les prédestinés un passage triomphal à travers la mort et par delà la mort, sur tout le trajet, autrement si angoissant, de cette vie à l'autre, du temps à l'éternité. Grâce de l'Assomption, ne cessez donc de descendre et de vous diffuser parmi les chrétiens !
Sans doute nous avons déjà vu et reçu tout cela en Jésus-Christ. Et il y a entre lui et sa sainte Mère un parallélisme frappant, une répétition voulue, dans l'enchaînement des mystères. Mais j'ose dire que ces mystères sont plus à notre portée et en quelque sorte plus rassurants chez elle que chez lui. Avec le Christ notre cher Sauveur nous sommes encore en pleine lutte et dans tout le tragique de la Rédemption: avec la Vierge notre Mère nous sommes en pleine victoire et dans la paix du Christ glorifié. Il apparait ainsi que notre divin Chef, au prix de son sang versé sur la croix, a vraiment renouvelé et transformé nos fins dernières, pour Marie d'abord, pour nous ensuite.
Toute la douceur qui se répandra désormais sur la mort des chrétiens, on peut être sûr qu'elle découle du trépas de la très sainte Vierge: une mort qui a pour ainsi dire perdu sa rigueur et ses affres et qui n'est plus que la mise en liberté de l'âme et sa parfaite consommation en Dieu, voilà en effet celle de notre Mère.
Aussi , avec plus de grandeur encore que le cher saint Joseph, elle nous a singulièrement mérité les grâces de la bonne mort.
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En vérité, ô Mère, vous aviez grandement raison de le dire :" Il vaut mieux, même pour vous, que je m'en aille. Je m'en vais, mais je ne vous laisse pas... Je ne vous laisse pas orphelins....
rp Bernard op+