nd du Très saint Rosaire, priez pour nous.

Publié le 7 Octobre 2018

 

 

aux intentions du Souverain Pontife.

   Un des reproches que l'on fait le plus volontiers au catholicisme, et parfois au nom de la religion elle-même, c'est de comprimer la vie intérieure, de l'atrophier et finalement de l'anéantir, en l'enveloppant d'une multitude de rites extérieurs, en l'obscurcissant d'un nuage épais de dévotions ou de pratiques cultuelles, dont on n'aperçoit pas toute de suite la raison d'être.

   Et très certainement lorsqu'on nous adresse ce reproche, s'il est une dévotion à laquelle on songe, c'est la dévotion du Rosaire.

   Pourquoi, sinon parce qu'à la regarder superficiellement et du dehors, elle apparaît comme la moins intelligente, et donc la plus puérile de toutes les dévotions.

   Il n'est même pas rare de voir des catholiques envisager la dévotion du Rosaire comme une dévotion d'enfants, capable tout au plus de favoriser la piété sentimentale et routinière de quelques femmes, mais en tout cas indigne d'être pratiquée par des hommes .

   Songez donc! des hommes ! c'est-à-dire des intelligences faites pour se nourrir des pensées les plus élevées, condescendre à chuchoter des Ave Maria ! Des hommes ! c'est-à-dire encore des volontés créées pour s'appliquer aux grandes choses, aux actions d'éclat, circonscrire leur activité à l'égrènement obscur d'un chapelet !

   N'y a t-il pas là vraiment de quoi compromettre la dignité humaine et, aux yeux de ceux qui s'en font une idée haute, ou s'emploient par tous les moyens à la dénigrer, n'y a-t-il pas là de quoi compromettre la religion elle-même?

   Car s'il est indubitable que la religion doive être avant tout une oeuvre de l'âme, une vie intérieure; si, comme l'a dit et répété Notre-Seigneur, le temps est venu d'adorer le Père en esprit et en vérité, à quoi bon dès lors - qu'on me passe le mot, il est courant, - ces mômeries extérieures, ces déroulements continus de chapelet ?

   Telle est, condensée en quelques mots, la grande objection contre la dévotion du Rosaire. Je crois ne l'avoir ni exagérée ni diminuée. Sans doute ceux qui la font ne la formulent pas toujours d'une façon aussi brutale. Elle apparaît dans une attitude, s'incarne dans un geste, se glisse dans un sourire, se cache sous une plaisanterie. Mais pour être plus fines, plus délicates, ces formes dont on l'habille n'en sont souvent que plus perfides, et plus dangereuses.

   Ayant soulevé l'objection, je voudrais ici-même , en quelques mots, esquisser une réponse que voici: la dévotion du Rosaire, bien comprise est la plus intelligente des dévotions.  Pour le prouver je commencerai par dire en quoi consiste véritablement le Rosaire.

   S'il est vrai que la foi, loin d'être l'abnégation de la raison enchaînée par une servitude incompréhensible, n'est au contraire que la dilation à l'infini de ses clartés, une vue de toute choses sous un horizon plus étendu et une lumière plus pénétrante; s'il est vrai encore que la foi nous dise le dernier mot sur le monde, sur notre destinée, sur Dieu ; s'il est vrai enfin que la foi, à l'encontre de la raison donne une solution satisfaisante aux problèmes les plus angoissants que puisse se poser l'esprit humain, on comprendra sans peine que, de toutes les dévotions , la plus intelligente sera celle qui est de nature à favoriser l'expansion de cette foi.

   Or telle est précisément la dévotion du Rosaire, quand on la comprend bien, je veux dire , quand, au lieu de l'envisager seulement par son petit côté, le côté extérieur, on pénètre son grand côté, le côté intérieur; quand, au lieu de s'arrêter à l'écorce, on va jusqu'à la moelle.

   L'écorce ici, c'est le chapelet, qu'il soit de bois, de nacre ou d'argent, peu importe; l'écorce, c'est encore la récitation verbale des Pater et des Ave?

   Et la moelle, où est-elle? Ce sont les mystères que le Rosaire, à chacune de ses dizaines, propose à nos méditations. Des mystères, qu'est-ce-à-dire, sinon l'objet même de notre foi?

   ... Il est clair que si nous employons le temps d'égrener les quinze dizaines de notre rosaire à méditer sur ces grandes vérités de notre foi, à suivre pour ainsi dire pas à pas cette magnifique épopée chrétienne; si nous nous essayons à en mesurer la portée, à en deviner la splendeur, à en contempler l'harmonie, alors nous ne serons plus tentés de soutenir que le Rosaire est une dévotion d'enfants.

   Oh ! sans doute le Rosaire est une dévotion d'enfants en ce sens que même un enfant peut s'en servir et en tirer profit. C'est même là ce qu'il y a de merveilleux dans les moyens mis par Dieu à notre disposition pour l'atteindre: tout le monde peut les utiliser avec fruit, depuis l'enfant qui commence à peine de parler jusqu'aux adultes les plus pénétrés de leur sagesse.

   Mais je soutiens en particulier au sujet du Rosaire que c'est surtout une dévotion d'âmes mûres, d'intelligences éclairées, de volontés ardentes. Car, encore une fois, si le monde de la foi est un monde réel et supérieur au monde de la raison, et si le Rosaire n'a pas d'autre but que de nous y faire pénétrer, de nous y ramener sans cesse, en remettant continuellement devant nos yeux les vérités divines qui en sont à la fois la substance et la parure, qui donc, mieux qu'une âme d'élite, pourra utiliser une pareille dévotion?

   Croyons-nous ou ne croyons nous pas que Dieu s'est incarné dans la personne de Jésus-Christ? croyons-nous ou ne croyons-nous pas que ce même Jésus-Christ est mort sur un gibet pour nous racheter?  croyons-nous enfin ou ne croyons-nous pas qu'après trois jours accordés à la mort il est ressuscité ? Voilà tout le problème religieux; il n'y en a pas d'autre.

   Eh ! bien, si nous le croyons - et notre foi nous y oblige - il faut convenir que ce problème est admirablement posé dans la dévotion du Rosaire dont tout l'objet est de le replacer sans cesse devant nos yeux et de nous pénétrer peu à peu sa solution . A ce point de vue, la dévotion du Rosaire est donc la plus intelligente de toutes les dévotions.

rp Gillet op +

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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