Dies irae, dies illa. Solvet saeclum in favilla. Je crois à la Vie éternelle amen
Publié le 20 Octobre 2018


"Aujourd'hui, si vous entendez sa voix,
n'endurcissez pas votre coeur. "
règle de st Benoît .
Les saints qui ont eu quelque connaissance de l'état des âmes du purgatoire nous disent que peu à peu les souillures s'effacent et que les peines deviennent moins cruelles . Il semble bien aussi qu'il s fait chez ces âmes une illumination grandissante.
Comme nous l'avons dit, la première connaissance qui de toute nécessité, s'impose à toute âme séparée est la connaissance d'elle-même et de sa dépendance de Dieu; elle ne peut pas ne pas voir qu'elle est une créature faite par Dieu et faite pour Dieu; et cette vérité , elle ne la conclut pas comme nous, qui la déduisons d'autres vérités, elle la voit avec une évidence qui ne laisse aucune hésitation, aucune interruption de vision: le damné voit ceci comme l'âme juste qui n'est pas purifiée, comme l'âme déjà pure et mûre pour le ciel. Mais l'âme du purgatoire reçoit en même temps du Seigneur des lumières qui doivent opérer en elle son instruction et son épuration et qui doivent la disposer à recevoir la lumière de gloire.
Elle est, avons-nous dit encore, très éclairée sur la sainteté et la justice de Dieu , et à cette connaissance s'ajoute une impression terrible, cette sainteté infinie pesant sur elle et l'écrasant. Les saints ont reçu des lumières et subi des impressions de cette sorte, et la description qu'ils en font nous donne un faible aperçu de ce qu'éprouvent les âmes du purgatoire.
Cependant chez les saints il y a toujours un amour très intense, qui, même à leur insu, tempère les rigueurs de ces terribles tortures; au contraire, les âmes qui ont quitté la vie avec un amour faible souffrent, tout d'abord, sans adoucissement. Cette souffrance, quelque effroyable qu'elle soit, ne peut altérer leur résignation , puisque l'acte par lequel elles veulent Dieu comme leur fin dernière subsiste sans aucune interruption et ne laisse place à aucune disposition contraire; elles sont donc maintenant dans une conformité absolue à la volonté divine, elles gardent toujours l'essentiel de l'amour, mais cet amour, qui est un amour de volonté froid, aride, est, croyons-nous au début de leur purification , sans aucune tendresse, sans aucune consolation.
Voici comment sainte Marguerite-Marie décrit la révélation de la sainteté de Dieu. Notre-Seigneur lui dit un jour :" Je te veux être toute chose, mais je veux être aussi ton supplice. - Je connus poursuit la Sainte, l'effet de ces paroles. Entre ses perfections divines, celle qui devait effectuer ses promesses, qui était sa sainteté d'amour et de justice, je confesse qu'il est difficile à une créature d'en exprimer les effets, n'ayant rien senti de si douloureux que cette sainteté de justice, qui s'imprime dans l'âme d'une manière si terrible qu'elle voudrait se précipiter dans toutes les peines imaginables et s'immoler à souffrir celles des damnés, plutôt que de paraître devant la sainteté de Dieu avec un seul péché. L'âme ressemble à une huile bouillante, qui pénètre jusqu'à la moelle des os et rend le corps si insensible à toutes les autres douleurs qu'elles lui semblent plutôt un rafraichissement qu' une souffrance. Ce que je trouve de plus rigoureux, c'est la puissance de mon Souverain, lorsqu'il m'en favorise en cet état. Il donne des impressions de sa pureté (telles) qu'il est impossible à l'âme de se supporter, se voyant dans un état si abominable. Elle voudrait pouvoir fuir et se cacher, mais c'est en vain: ce Dieu plein d'amour prend plaisir à la voir en cet état; il lui fait trouver ce qu'elle fuit. Elle souffrirait mille morts à la vue de son indignité. Elle dit souvent avec saint Pierre :" Retirez-vous de moi, car je suis une pécheresse. Bien loin de désirer d'être délivrée de cet état souffrant, j'aurais voulu à chaque moment voir augmenter mes peines. " ...
A ces lumières sur la sainteté divine, si effroyablement purifiantes, se joignent pour les âmes qui ont peu aimé et qui ont beaucoup péché, d'autres lumières non moins torturantes : la vue de tout ce qu'elles auraient dû gagner et qu'elles ont perdu par leur lâcheté, perte éternelle. De l'éternité elles n'avaient eu pendant leur vie terrestre qu'une vue confuse: il leur fallait faire des raisonnements pour en acquérir une idée quelconque.
L'âme séparée saisit cette vérité, non plus par des considérations , mais par intuition, donc avec une clarté de vision de beaucoup supérieure.
Elle sait alors ce qu'elle n'avait peut-être jamais voulue considérer. Combien elle doit regretter d'avoir fait une pareille perte, qui sera éternelle !
De même cette âme qui a voulu borner le don d'elle-même n'a jamais bien voulu comprendre l'excellence des biens éternels, des joies du ciel. Or cette valeur des biens célestes, des joies d'aimer Dieu , de le posséder, une lumière magnifique lui en fait concevoir la profondeur et le prix inestimable. Et elle n'a voulu en gagner qu'une très petite partie. Il est impossible de comprendre la peine qu'elle en éprouve, car, redisons-le encore, les peines qu'est capable de ressentir un pur esprit n'ont aucune mesure commune avec celles que peut endurer l'âme qui anime une chair.
"nous avons trop erré loin du chemin de la vérité! "
Le livre de la Sagesse dépeint en termes frappants la désillusion des pécheurs, quand, après leur mort, ils voient combien insensés ils ont été en méprisant les justes, en voulant la satisfaction de leur orgueil, en recherchant les biens de la terre .
La lumière de la justice n'a pas brillé sur nous ... A quoi nous a servi l'orgueil et que nous a rapporté la richesse avec la jactance? " Certes, les âmes qui étaient en grâce avec Dieu n'ont pas d'aussi amères déceptions . Cependant celles qui ont gardé des affections déréglées, qui ont mollement combattu leurs défauts, éprouvent, au moment de leur jugement particulier, un immense désappointement. Elles découvrent en elles des misères qu'elles méconnaissaient et qu'elles regrettent trop tard .
" J'ai tenu à faire mes volontés, à suivre et même souvent imposer mes idées, et que de fois, trop confiante en moi-même, je me suis trompée ! J'ai tenu à l'estime des créatures; je vois aujourd'hui combien je la méritais peu, et combien c'est chose vaine. J'ai ambitionné les honneurs ; aujourd'hui je m'en vois bien indigne et que m'en reste-t-il? J'ai cherché la satisfaction de ma sensualité, j'ai trop aimé mon corps. Quelle folie !"