les Rois Mages. (2)
Publié le 30 Décembre 2018
Hérode fût bientôt prévenu par sa police et l'évangéliste nous dit que lui aussi fut ému, mais d'une toute autre façon. L'usurpateur avait pris toutes les précautions pour que nul ne pût le détrôner. Jamais pourtant il n'avait sérieusement envisagé l'hypothèse de ce compétiteur messianique. Et voilà que son image surgissait soudain inquiétante. Hérode troublé fait rassembler en toute hâte les princes des prêtres et les docteurs du peuple. " Où doit naître le Christ? - A Bethléem de Judée, lui répondit-on. C'est écrit dans la prophétie de Michée :" Et toi Bethléem, terre de Juda, tu n'es pas la plus petite parmi les princes de Juda, car de toi sortira le Chef qui doit régir mon peuple Israël."
Hérode se tranquillise. Bethléem est toute voisine. Et il sait que dans cette petite bourgade nul parmi les hommes en âge de porter les armes n'est capable de l'inquiéter. S'il y a vraiment un enfant indésirable, il sera toujours temps de le faire disparaître; Mais tout cela lui parait bien chimérique. Il ne tient pas à se ridiculiser personnellement dans l'aventure de ces étrangers en envoyant ses soldats à leur suite. Les mages eux-mêmes le serviront, s'il y a lieu d'intervenir. Le vieux politique les fait donc appeler . Il affecte d'entrer dans leur préoccupation pour gagner leur confiance. " C'est à Bethléem, leur annonce-t-il, que doit naître le roi que les Juifs attendent. Voici la route, . Allez, enquérez-vous exactement de l'enfant, et lorsque vous l'aurez trouvé, annoncez-le moi afin que moi aussi j'aille me prosterner devant lui."
Les mages partirent tout de suite pour Bethléem. Durant qu'ils cheminaient, le soir tombe. C'était l'heure où avant les premières étoiles brillaient déjà les planètes. Leurs yeux de temps en temps se levaient là-haut et contemplaient les astres qui s'allumaient dans l'immensité. Soudain la comète qu'ils avaient vue vers l'Est apparut de nouveau, mais du côté du Sud cette fois. Ils poussèrent un cri d'allégresse. Elle était là en face, suspendue au-dessus de Bethléem vers laquelle se projetait sa traînée de lumière. Ils pressèrent le pas et se trouvèrent enfin devant un humble logis que semblait désigner la clarté céleste. C'est ici. Leur vieille expérience et les réflexions de leur sagesse ont depuis longtemps appris qu'il ne faut pas se fier aux apparences. La grâce de Dieu leur vient en aide au surplus, et ils ne semble pas s'étonner que la demeure du roi qu'une étoile annonce là-haut soit si misérable ici-bas.
Ils descendent de leurs montures et franchissent le seuil. Une jeune femme se lève à leur entrée. C'est Marie avec son enfant dans ses bras. Ils se taisent, tout émus, admirant sa grâce incomparable qui rayonne au centre de cette pauvre maison . Eux qui ont longuement vécu et tant voyagé par le monde n'ont jamais rien vu de si beau. En vérité, c'est une reine, et cet enfant qu'elle tourne vers eux, c'est bien celui-là même qu'ils cherchent. Religieusement ils se prosternent et ils adorent le petit roi mystérieux. Puis ils ouvrent leurs cassettes et présentent pour lui à sa mère de l'or pur, de la myrrhe odoriférante et de l'encens arabique.
Les bons mages avaient bien l'intention de retourner à Jérusalem le lendemain pour voir Hérode et lui faire part de leur découverte. Mais durant leur sommeil l'ange de Dieu les avertit en songe de n'en rien faire. Bien avant l'aurore ils se levèrent et par une autre route retournèrent dans leur pays.
Telle est l'histoire des premiers adorateurs de Jésus venus de la Gentilité.