venez divin Messie, nous rendre espoir et nous sauver. (2)
Publié le 17 Décembre 2018


... qu'on y prenne garde . Dieu, c'est Dieu, ce n'est que Dieu, ce n'est rien de plus, mais rien de moins. Dieu , c'est la Vérité et toutes les conséquences de la Vérité, la justice dont nous avons peur, car elle pourrait nous déplacer, nous déloger; la lumière, qui nous fait horreur, parce qu'elle met à jour en nous le cloaque. Et ce petit Enfant que Dieu nous donne à Noël, il vient rendre la justice, ou plutôt nous montrer qu'il n'a pas à juger, que le monde est déjà jugé, et cela est toute la justice qu'Il fera , avec la lumière de son regard que rien n'assombrira, et qui éclaire la totalité du royaume des âmes auxquelles il a rendu la vie. Celui qui est leur vie est aussi leur lumière.
Il semble que Dieu ne réponde pas comme on l'attendrait aux supplications des chrétiens. La coupe de sang, le calice que doit boire l'humanité déborde. Oh ! je ne dis pas que Dieu reste sourd aux gémissements de tant de victimes: avec les victimes Il a des arrangements que nous ne connaissons pas. Mais je crains que nos prières n'arrivent pas à lui aussi directement que nous le supposons. Je ne suis pas sûr de la justesse de notre tir.
Est-ce que nous aimons Dieu, est-ce que nous visons son coeur? Est-ce que notre volonté est bonne, est-elle comme la sienne, est-elle, en un mot la sienne? Est-ce vraiment le règne de Dieu que nous voulons? Est-ce que nous voulons bien Dieu? Est-ce que nous n'inclinons pas , dans le secret, vers des idoles moins spirituelles et qui, même si elles devaient nous séduire un temps, sont à l'Eternel une abomination ? Est-ce que nous ne sommes pas tout prêts à nous rabattre sur le premier signe d'autorité venu plutôt que de n'attendre la délivrance morale de Celui qui nous donne sa paix autrement que la donne le monde? On a beaucoup parlé depuis quelques années de la démission des chrétiens. On n'a pas encore dit à quel point elle était un scandale. Toute cette vermine qui ronge depuis si longtemps la chrétienté pour la dissoudre, elle est sortie de la défection des chrétiens. Car c'est un grand mystère que le corps social régénéré par l'eau baptismale et qui a été touché par le sang du Christ et ses sacrements, qui a eu Noël et qui a eu Pâques, ait aussi mal tourné. Il faut qu'il y ait là une rude trahison des volontés chrétiennes, d'un certain ensemble de ces volontés, pour avoir entraîné tout le monde civilisé dans des aventures aussi diamétralement opposées à celle de l'Evangile . Il faut qu'il y ait eu bien peu de bonne volonté, parmi les hommes, pour obtenir au monde chrétien si peu de paix.
Dieu ne saurait se contenter de la seconde place, et le chrétien moyen se trouve déjà fort libéral quand il la lui a procuré. Pour Dieu, il n'y a jamais de place à l'hôtellerie commune,, on le sait, mais Il aurait tort de se plaindre si on ne lui interdit pas l'étable, inhabitée des hommes . Dans notre vie, c'est déjà beau quand l'Enfant-Dieu a une crèche.
Dans la cité, pour son ordre, Dieu demande la première place.
Nous ne serons sauvés de la décomposition que si nous ne la lui refusons pas et nous sommes encore très loin de compte avec cette éventualité. Et cependant, c'est un minimum pour lui. Les âmes données à Dieu, celles qui veulent bien ce que Dieu veut, les âmes contemplatives, les âmes qui connaissent Dieu, savent que pour elles Dieu est plus exigeant: ce n'est pas la première place qu'il réclame en elles, c'est toute la place.
Telles sont les rigueurs de l'amour, mais elles ne valent que pour le privé, pour la sanctification de la personne. Car il serait naïf de croire que la cité veut être sainte. Mais au moins désirons qu'elle soit bénie et que pour cela elle accorde à Dieu la première place qui revient à sa Nature royale.
L'Enfant-Dieu demande à être placé en tête de la vie humaine, comme il est question de lui en tête du Livre, dans le Béréchit, ainsi que le confie saint Paul en se référant au psaume XXXIX. La cité ne sera harmonieuse que si elle met le Premier et le Dernier, l'Alpha et l'Oméga, au commencement et à la fin de son développement. Tant qu'elle voudra se passer du premier et du dernier mot de la vie, son discours restera incohérent.
Mais je ne pense pas, au degré de barbarie où nous aboutissons, que l'on ait des chances de rendre tout de suite la cité harmonieuse. Il semble bien qu'avant même d'installer Dieu dans la cité à sa place royale il soit demandé aux âmes qui demeurent dans la proximité du Seigneur, d'accepter sa volonté plus à fond; de vouloir mieux connaître la vérité pour laquelle il faut combattre, de se livrer davantage à la vera lux qu'est le soleil de minuit, à la lumière cachée, mais la seule vraie.
Et, quand il y aura beaucoup de ces âmes plus faites et refaites à la lumière de Noël, plus " recommencées " à l'Enfant-Jésus, plus enfants de Dieu, plus pénétrées des grâces de leur baptême, ces âmes-là n'auront qu'à se tenir dans la cité, vigilantes, charitables, intelligentes, droites, exemplaires.
La cité aura besoin de se conformer à leurs vertus et alors elle aura peut-être envie de rendre la première place à Dieu, parce qu'elle en aura assez de mourir. Ayant trop abusé de la mauvaise volonté, peut-on savoir si ne lui viendra pas un jour la tentation d'essayer de l'autre, celle qui est dans la ligne de Dieu et doit procurer aux hommes la paix sur la terre? Les âmes de bonne volonté ont trouvé leur Prince et leur Principe à Noël dans l'Enfant Jésus, qui est appelé Prince de la Paix.
De quelle paix ? De celle que ne peut pas donner le monde mais qui serait faite pour lui, s'il voulait bien.
dominicus op+