la sainte famille.

Publié le 11 Janvier 2019

  

   Après avoir béni par sa présence, pendant sa longue vie cachée, la famille chrétienne préfigurée en perfection à Nazareth, et proclamé   si haut l'indissolubilité du lien conjugal, comment Notre-Seigneur ne ferait-il pas tout le nécessaire pour affermir l'institution du mariage, destinée à accroître son Royaume? Soyons sans crainte. Rien de ce qui touche aux sources vives de l'humanité n'est étranger au Dieu fait homme. Par son sacrifice, il a tout renouvelé à la racine. De là , cette transformation étonnante que nous professons, sans toujours nous en rendre bien compte, en disant que le mariage est un sacrement. Dès qu'un chrétien est en cause, point de mariage légitime ni valide possible, qui ne soit, à la fois, le symbole sacré de l'union du Christ avec l'humanité rachetée, et (en vertu même de ce symbolisme) une source permanente de force. Or la grâce propre de ce sacrement consiste à repétrir l'amour humain, en y introduisant le ferment de la charité, pour le rendre capable des plus hautes réalisations.

   Le premier résultat de cette opération surnaturelle invisible sera une entière soumission à la volonté divine. Etant essentiellement accord de notre volonté avec la volonté de Dieu; la charité ne saurait, sur ce point, souffrir de concession, sans se renier elle-même. Son premier souci sera toujours de ne point offenser le bon Dieu , et de respecter les lois très bonnes et très sages qu'il nous a données, en disant  :" Si vous m'aimez, observez mes commandements. "

   Par le fait même, les époux chrétiens ramèneront l'idée qu'ils se font du mariage à la pensée et aux intentions de Dieu. Lorsqu'ils auront saisi que, en se donnant l'un à l'autre, ils reproduisent symboliquement l'union du Christ et de l'Eglise, ils comprendront sans peine que le mariage n'est pas une société capricieuse, fondée sur des charmes fragiles, dans laquelle toute licence serait permise. Il leur apparaîtra plutôt, suivant la gracieuse définition de saint François de Sales, comme la " pépinière du christianisme, qui remplit la terre de fidèles, pour accomplir au ciel le nombre des élus." Et ils reconnaîtront loyalement que, si cette fin ne peut être atteinte, il faut avoir le courage de vertueuses abstentions.

   Dès lors, la vie à deux ne sera plus menacée  sans cesse de devenir une lamentable glissade vers le péché, une occasion de chutes perpétuelles. Mais un ministère sacré, exercé dans l'honneur. Viennent les épreuves, les difficultés, les luttes. Ils n'en seront pas surpris. Partout et toujours , la vie chrétienne est un combat. Pourquoi échapperaient-ils à la loi commune? Le chemin qui s'ouvre devant eux, et qui doit les mener jusqu'aux plus hautes cimes de l'amour, est tel que Notre-Seigneur lui-même l'a décrit: étroit, montant, rocailleux. Qu'importe? Appuyés l'un sur l'autre, ils le graviront d'une marche sûre de montagnard, la tête haute, le pas égal. Plus de troubles, plus de vertiges. Mais la conscience heureuse du devoir accompli, le sentiment de plénitude et de paix profonde qui s'empare de nous au moment précis où nous nous donnons au bon Dieu sans compter, la joie de pouvoir se dire, en toute vérité et reconnaissance , que l'on accomplit sa vocation.

   En élevant l'amour conjugal à une pareille hauteur, la charité lui assure, du même coup, une stabilité parfaite. Il se fondait sur des qualités changeantes. A présent, il plonge ses racines jusqu'en Dieu. Car c'est la volonté de Dieu que les époux soient unis par le plus profond amour.

   Quoi de plus encourageant pour un chrétien et une chrétienne, que de savoir qu'ils peuvent s'aimer et réaliser la parfaite union des âmes, en accord avec la volonté de leur Père céleste, qui protège et bénit leur tendresse , pourvu qu'elle demeure dans de justes limites, jusque dans " ses retentissements sensibles" ?

   "Ni toi ni moi, peuvent-ils se dire , avec le lieutenant du vaisseau Dupouey,  nous n'avons besoin de choses compliquées..." Nous avons la Loi de Dieu qui contient tout l'Art, toute la Philosophie et toute la Jurisprudence.

   Oh ! qu'il est bon d'être amis quand c'est le Dieu de toute bonté qui a préparé cette amitié, et n'est-ce pas merveilleusement doux, que, malgré nos faiblesses, il ait daigné nous faire une loi de cet attachement et la vouloir avec nous?... Combien il est bon de penser qu l'ordre du mariage ne contredit pas l'ordre du monde?

   Au surplus, la charité , qui subordonne l'amour des corps à celui des âmes, vise à dépasser les apparences sensibles, pour atteindre la beauté cachée, que l'âge ne saurait altérer. Elle prend son plaisir dans la considération des qualités spirituelles de l'intelligence et du caractère. Mais avant tout, avant même les dons de l'esprit et la noblesse du coeur, elle cherche la surhumaine beauté qui vient des communications surnaturelles de la grâce.

   Lorsque deux chrétiens vivent de leur foi, celle-ci réalise entre eux une harmonie de pensées, de vouloirs, de sentiments, qui domine, en les absorbant, toutes leurs dissonances. Une ressemblance intime, durable et croissante, les rapproche de jour en jour. Ils sont les deux enfants du même père, ils tendent vers le même but, ils vivent d'une même vie, ils accomplissent un même service, ils gravissent la même pente.

"Portez les fardeaux les uns des autres."

règle de st Benoît

   La charité, qui estime avec Notre-Seigneur , qu'il y a plus de joie à donner qu'à recevoir, nous désapprend à rechercher égoïstement notre bien propre. Patiente, bénigne, lente à s'irriter, prompte à pardonner, elle prévient écarte, efface les malentendus , dont l'amour-propre ferait des montagnes.  En rendant l'amour juste, miséricordieux et patient, elle rappelle que, nul ici-bas n'étant parafait, c'est dans la vie à deux qu'il faudra surtout pratiquer le conseil de l'Apôtre. A la place des querelles domestiques, elle introduit l'esprit de bienveillance et de conciliation qui excuse tout, espère tout, supporte tout.

   Il ne reste plus, dès lors à la charité qu'à éclairer l'amour paternel et maternel, et à les préserver des faiblesses auxquelles ils sont exposés.

   Elle commencera par imposer silence à l'égoïsme sans noblesse qui tend à voir dans l'enfant un petit intrus, contre lequel il importe de se mettre en garde. Loin d'être une complication au regard de calculs myopes, l'enfant n'est-il pas appelé à devenir le signe sensible et immortel du don sans réserve? La charge qu'il impose au ménage stabilisera le navire en marche vers des cieux nouveaux. Sa venue sera saluée avec transport. Pour lui faire accueil , les âmes battront à l'unisson. Après avoir concentré sur son petit corps fragile les ravissements du père et de la mère, il deviendra leur principal souci, le sujet de causeries interminables, le point de rencontre et de fusion des travaux de l'un et des sacrifices de l'autre.

   Bientôt cependant l'enfant grandit, - toujours trop tôt au gré de la maman, - tandis que d'autres petits frères ou d'autres petites soeurs se succèdent dans le berceau à roulettes de bois, garni de dentelles et de rubans bleus.

   La charité, qui ne saurait oublier les droits de Dieu, réclame pour le Père céleste le premier balbutiement de ses lèvres innocentes, le premier éveil de sa raison. Jésus , le petit Jésus, le sage enfant de Nazareth, devient ainsi de bonne heure l'invisible compagnon et l'inévitable témoin du petit chrétien, qui commence à faire, sous le regard de sa mère, la découverte du double monde de la nature et de la foi...

   Hélas! ce petit chrétien, rempli de défauts mignons , doit tout apprendre pour vivre dans la rectitude et dans la lumière. Ses parents ne l'oublieront pas . A leurs yeux, l'enfant, investi par le baptême d'une dignité divine, ne saurait être le jouet d'un amour capricieux et sot. Dépôt précieux confié à leur sagesse non moins qu'à leur tendresse, il s'agira de le préserver contre les influences perverses embusquées autour du foyer. Une vigilance attentive et un dévouement inlassable devront accompagner ses progrès, exciter son ardeur, combattre ses mauvais penchants, favoriser ses bonnes disposition, encourager son jeune enthousiasme. En un mot, l'élever.   

   Les vertus ne s'acquièrent qu'au prix de recommencements sans fin. Il y aura des moments où, conscients de leur autorité , les parents se verront tenus de résister à des larmes, à des intimidations, voire à des trépignements de colère. La charité leur apprendra à posséder d'une main ferme, sans emportement ni faiblesse, les rênes du gouvernement.

   Lorsque l'éducation se sera attachée à la préservation morale et à la correction des défauts, elle ne s'en tiendra cependant pas encore pour satisfaite. Corriger un enfant des écarts qui contreviennent le plus désagréablement au " bon usage" c'est quelque chose.. Mais enfin, il faut surtout le préparer à mener vaillamment les beaux combats de la vie.

N'oublions pas que les " bons petits ", que nous regardons avec fierté, sont destinés à porter un jour de lourdes responsabilités. Ils ont besoin qu'on les prépare à occuper, - ne disons pas une situation brillante, ce serait prétentieux et vain, - mais un de ces postes avancés, où l'on sert le bon Dieu de tout son coeur, de toutes ses forces, et où l'on travaille efficacement au bonheur de ses frères.

  

rp Braun op+

 

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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