en attendant Pâques.
Publié le 12 Février 2019
Quelle prédication salutaire ils font retentir, le jour et la nuit, aux oreilles de leurs compatriotes! A une génération plongée jusqu'au sommet de son âme dans les intérêts temporels, le rôle et la nécessité de la prière; à ceux que ne peut atteindre le son de leur voix, ils adressent l'harmonie de leurs cloches. En sonnant les heures de la prière publique, elles disent au laboureur et à l'ouvrier des villes l'existence de Dieu, sa justice et aussi sa miséricorde. Heureux qui s'est habitué à les écouter dès son enfance . Leur son a un je ne sais quoi de pénétrant qui fait parfois violence aux coeurs les plus endurcis.
Quelles grâces et quelles lumières ne répandent pas dans les âmes ces offices liturgiques, quand arrivent les principales fêtes de l'année!
C'est le jour de Pâques. ... Repeuplons ce sanctuaire des hôtes vénérés qui ont, durant tant de siècles , rempli son vaisseau des accents de leurs voix.
Les cloches jettent à tous les échos leur vibrant Alleluia. Les fidèles quittent leurs demeures et prennent le chemin du temple. La paix qui règne sur leur visage et la joie qui brille dans leurs yeux disent assez la tranquillité de leurs consciences et leur bonheur de prendre part à la grande manifestation religieuse qui s'annonce. Ils entrent tous , riches et pauvres, comme des frères, dans la maison du bon Dieu, leur Père commun. Elle a revêtu sa parure des fêtes. Les tapisseries couvrent les murailles; de riches tapis cachent les dalles du choeur; les statues, les boiseries, les grilles en bronze ou en fer forgé reluisent de propreté; les chasses des saints, brillantes d'or et de pierreries, sont disposées sur les autels, au milieu des premières fleures du printemps. Les lampes et les cierges répandent une timide clarté qui s'éclipse devant les flots de lumière que le soleil jette à travers les couleurs des vitraux. Tandis que les regards contemplent ce décor, l'esprit se sent élevé au-dessus des choses de la terre, et il lui semble se trouver dans une crypte du temple de l'éternité.
Cependant les cloches tintent une dernière hymne, puis elles se taisent l'une après l'autre pour céder la place aux majestueuses voix de l'orgue. Les voilà qui montent et descendent, vont et viennent, se croisent et s'entrecroisent , tantôt isolées, tantôt par groupes, avec une grâce, une variété, qui charment les oreilles. Elles courent à travers les nefs et finissent par remplir toute l'église de flots harmonieux.
Sous ces notes innombrables que ses mains et ses pieds font jaillir de l'instrument, le coeur du moine artiste en glisse une qui reste toujours la même: c'est une note de foi, d'espérance et d'amour, c'est la note de l'enthousiasme que cause au monde la Résurrection du Sauveur: c'est un Alleluia céleste qui envahit l'âme des assistants.
Ce prélude musical est pour saluer le couvent monastique, qui s'avance gravement vers le choeur. En tête marche l'abbé, revêtu du manteau des pontifes et précédé par un jeune frère qui porte son bâton pastoral; il est accompagné des religieux qui le doivent assister pendant le saint sacrifice; ils sont tous vêtus de leurs aubes, blanches comme la neige,. Suit l'imposant cortège des moines; la gravité de leur démarche, leurs yeux modestement baissés, leur air recueilli, les formes amples de leurs coules, tout cela impressionne vivement les fidèles et les dispose déjà à prier avec ferveur. Ils montent dans les stalles , s'agenouillent et prient en silence. Puis ils chantent solennellement l'office de Tierce. Pendant ce temps, les ministres sacrés revêtent le prélat de ses ornements et font les derniers préparatifs.
Le chant des psaumes, soutenu par l'accompagnement de l'orgue, et remplacé par son jeu lorsque la nécessité le demande, touche les coeurs et les anime de l'esprit d'oraison. Les chrétiens les plus ignorants sentent alors que le latin est la langue des enfants du bon Dieu. Ils ne le comprennent pas. Mais n'importe, ils l'entendent avec une vive satisfaction et il leur semble qu'il suffit de l'écouter pour faire une oraison véritable...
dom Besse.
There is no Russian monk yet! who knows! enfin je ne pense pas.