la miséricorde.

Publié le 2 Mars 2019

 

   Nous sommes miséricordieux pour ceux que nous aimons.  La miséricorde, c'est l'affliction partagée. Or, l'affliction qui nous est la plus spontanée est celle qui provient de notre propre mal: perte d'être aimés, maladies, infirmités. Mais alors, s'il existe des êtres qui sont d'autres nous-mêmes, avec lesquels nous sommes tellement liés qu'ils ne font plus qu'un avec nous, tout de suite, devant leur misère, nous nous affligerons, émus de pitié.  C'est un fait: nous sommes miséricordieux pour nos proches, nos amis, nos compagnons de vie, et nous le sommes dans la mesure où nous les aimons. En revanche, les gens froids, durs , insensibles, peu aimants, offrent un terrain peu propice à l'éclosion de la miséricorde.

   Une des sources psychologique de la miséricorde est donc l'amour que nous avons pour autrui. Mais, il y a des autruis qui ne sont pas nos amis, avec lesquels nous ne sommes pas en relation immédiate; et, pourtant, il arrive qu'ils excitent notre miséricorde. D'où vient donc que nous les prenons en pitié, quand nous les voyons malheureux?

   Cela vient de ce que nous nous rendons immédiatement compte de la possibilité pour nous d'être victimes de pareil malheur, accablés par la même souffrance. Plus nous aurons la perception rapide et nette de cette possibilité, plus nous serons sensibles à la misère d'autrui et portés à la miséricorde.

   C'est pourquoi les vieillards, les sages, ceux qui connaissent la vie et ses retours de fortune, sont facilement inclinés à la pitié. En face du malheur d'autrui, ils se disent :" aujourd'hui à toi, demain à moi-même.  De même les craintifs, les faibles de volonté, habitués à être vaincus et écrasés dans la lutte pour la vie, se sentent constamment vulnérables et, à cause de cela, "réalisent" d'avance la misère d'autrui. Ceux qui ont beaucoup souffert ont facilement compassion. Au contraire, les jeunes, les inexpérimentés, ceux qui sont comblés et auxquels tout réussit, jugent aisément les autres d'après leur propre cas; ils se figurent qu'aucun mal ne peut les atteindre et sont, en général, peu portés à compatir aux misères d'autrui.

    Mais , comme les extrêmes se touchent, il arrive que quelqu'un, accablé de maux, ne prête plus d'attention au malheur du prochain: la pensée absorbante de son mal le rend indifférent à toute autre misère. Dans une catastrophe, dans le sauve-qui-peut, on ne pense qu'à soi, insensible à la détresse des autres.

   Pour la même raison, il y a des gens tellement hantés de leur propre personnalité qu'ils sont inaccessibles à la pitié: tels, les individualistes anti-sociaux, les égoïstes et les orgueilleux. Il y a incompatibilité entre le mépris des autres et la compassion condescendante.

...

 

   Saint Thomas se demande si la miséricorde est la plus grande des vertus. Non, répond-il, c'est la Charité qui a cette primauté. La charité, en effet, nous unit à Dieu, et elle est la cause même de la miséricorde, puisque c'est en aimant Dieu que nous avons pitié du malheur de ceux qu'il aime . Mais la miséricorde n'en est pas moins une haute et grande vertu; elle nous apparente à Dieu, nous associe à l'acte essentiel qui Lui convient. Le geste divin par excellence n'est)il pas de donner à ceux qui n'ont pas? Quand nous exerçons la miséricorde, nous coopérons avec Dieu, nous devenons les instruments de sa bonté.

   Alors , il faut que nous entrions vraiment dans l'attitude requise, il faut que , dans notre coeur, vivent les sentiments du coeur de Dieu. Mais pour cela, quelle transformation la grâce ne doit-elle pas nous faire subir!  Nous sommes durs, impitoyables; nous ne savons guère pardonner; instinctivement, nous acceptions de voir les autres abaissés au-dessous de nous afin de nous glorifier intérieurement de les dépasser; nous n'avons pas de pitié pour leurs défauts, ni de compassion pour leur indigence ou leur ignorance; nous sommes moqueurs, railleurs, méprisants.

   Répudions pareille attitude, si nous voulons aimer, avec la bonté même de Dieu, nos frères les hommes; faisons-nous une âme de bon Samaritain, de père du Prodigue accueillant son fils, de Bon Pasteur, de Jésus pardonnant à Madeleine.

rp Noble op +

 

Rédigé par Philippe

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