Rendez-nous l'Eucharistie !

Publié le 22 Avril 2020

   

 

   L'humanité cherche Dieu, se passionne pour Dieu, et cette tendance, ce besoin insatiable est palpable, universel, et Dieu a répondu largement à ces opérations, à ces cris, à ce mouvement de notre être. 

   L'amour attire l'amour, et Dieu est venu ici-bas; il a dit à l'humanité :" Tiens , regarde, tu me veux ! me voilà sous le voile obscur d'un peu de pain. " 

   Oui, Dieu est là, au milieu de nous, sa présence est réelle, personnelle, vous savez l'habitation qu'il s'est choisie, ce sont nos églises, nos églises les plus somptueuses et les plus délabrées. - celles qu'aujourd'hui, on nous ferme! - 

   Dieu assurément est partout, sa présence remplit l'espace, rien ne lui échappe, aucun abîme, aucun lieu, aucun désert, car son immensité ne serait qu'une immensité humaine, finie , Dieu ne serait plus Dieu. " Sa présence, dit le Prophète, remplit le ciel et la terre.

   Dieu affirme sans doute sa présence dans nos églises d'une façon générale par sa puissance, sa vertu, sa main qui nous retient à l'existence; cela ne lui suffit pas, et sur la parole et l'invitation du prêtre catholique, Dieu est réellement, substantiellement, personnellement présent. Un peu de pain dont il ne reste que les apparences, les accidents, nous dérobe sa face. " Ma chair, dit-il, est vraiment une nourriture, mon sang est vraiment un breuvage."

   Jésus-Christ, je l'avoue , semble inerte, mort dans ce sacrement; on le prend, on le manie, il subit comme les choses inanimées, les caprices d'un coup de vent et les lois du mouvement et de la pesanteur, et cependant il vit, notre coeur ne se trompe pas, il vit dans la réalité de sa chair, de son âme et de sa divinité; il vit dans la réalité de ses deux natures et de sa personne divine: homme , l'âme meut et vivifie son corps, et le corps reçoit l'être et le mouvement, ses yeux s'ouvrent à la lumière, ses oreilles aux harmonies des mondes célestes et aux prières de l'homme, son sang circule dans ses veines; fils de Dieu, sa divinité coule comme un fleuve dans ses entrailles , dans son âme et ses actes. 

   Pourquoi Jésus dans l'Eucharistie ne serait-il qu'un cadavre?

   L'Eucharistie nous voile l'âme, la chair, la divinité de l'homme-Dieu, que nos pères ont vu, haï et admiré; de l'homme-Dieu qui rendait la vue aux aveugles, la vie aux morts et rassasiait dans une vallée solitaire une foule affamée; de l'homme-Dieu qui est mort pour expier nos crimes; sa nature n'a point changé, c'est toujours bien lui, ce Christ-Jésus , plein de grâce, de vérité et de vie. 

   Et si Jésus vit dans l'Eucharistie, il nous voit du fond de cette prison, nous écoute et reçoit nos larmes, nos prières et nos supplications, car un être qui vit dans la plénitude de ses facultés, se meut, voit, entend, prend conscience de lui-même, de ceux qui l'entourent et qu'il aime.

   " Jésus-Christ, en effet, connait tout dans le Verbe, dit Saint Thomas d'Aquin, tout, c'est-à-dire les êtres qui sont, ont été et doivent être, ainsi que tout ce qui a été fait, dit ou pensé, par qui que ce soit et dans tous les temps. 

   Ah! que les sceptiques et les matérialistes, étrangers aux faits de cette présence réelle , ne sentent rien, c'est possible ! le voyageur qui s'enfonce dans l'obscurité d'un bois ne jouit point des feux du soleil; comment voulez-vous que ces hommes, vivant loin de Dieu, loin de l'Eucharistie, subissent son action , son influence? 

   O lèvres de nos saints, ô vies pures, ô héroïsmes, ô vies chrétiennes, ô maîtres, ô martyrs,  j'en atteste vos joies, vos cris , vos dévouements, votre sainteté!  Jésus est dans l'Eucharistie, réellement, substantiellement , personnellement, ... 

 

   Oh ! qui me dira l'amour de Jésus pour le monde..

 

   Son amour, se jouant des limites des choses humaines, a brisé les castes, les idées, les conditions, et franchi les mers, les montagnes et les glaces; tout être, sans distinction de climat, de race, de peau, tout être qui a une poitrine d'homme a pu jouir de son Christ et de son Dieu, car on lui bâtit des églises là où le soleil se lève, là où le soleil se couche, et si ces églises ont des prêtres catholiques , si perdues, si misérables qu'elles soient, Jésus les habite en personne on peut les visiter à toute heure, le voir, manger sa chair et boire son sang, répandre son âme , ses joies , ses misères en sa présence; on peut vivre de son corps, de sa divinité, de sa vie.

   C'est ainsi que Jésus a vraiment aimé l'humanité. L'humanité veut Dieu, et la science, les mondes de l'espace, les océans, la gloire... rien de la terre ne peut assouvir cette faim implacable de l'infini; ce Dieu qu'elle veut contempler, ce Dieu qu'elle veut aimer à son aise, de toutes les forces de sa vie, elle le voit entre les mains du prêtre, sous ce pain couvert de gloire et d'ombre, elle le regarde, son âme s'émeut , le frisson agite ses os, un cri brûlant s'échappe de ses lèvres :

"  Je crois, Credo"; elle croit et elle aime. 

 

       Le coeur de l'homme jouit dans sa sphère de la présence réelle de son Christ et de son Dieu. 

   Que les vagues de l'infortune et les tempêtes battent son âme, que les haines et les vengeances le persécutent,  que sa poitrine se gonfle d'angoisse, que sa bouche se charge de sanglots, ses yeux de larmes.. les misères de ce monde ne l'ébranle point, il vit de la présence de Jésus, tout entier à ces jouissances surnaturelles et intimes; le reste, si utile et si noble que cela soit , est de la terre, et son âme pétrie de cette présence mystérieuse se fond d'amour, pour ainsi dire . " Anima me liquefacta est, et dilectus est mihi. " 

   Un coeur dur, de pierre et de granit , résiste à l'amour, mais les glaces du péché fondues, une parole du Christ, un regard, le bord de son vêtement, une vibration de sa voix suffit pour l'attendrir, et une fois attendri, ses fautes remises, ses larmes essuyées, Jésus prend possession de ce coeur, de cette existence, apportant avec lui des délectations divines, des jouissances, des spasmes, ce je ne sais quoi de divin qui se produit en nous et que nous sentons parfois si délicieusement , quand Dieu entre par la grâce au plus intime et au plus vif de notre être. Oh ! alors, rien ne peut nous arracher à cette jouissance surnaturelle, et comme saint Paul nous nous écrions

:" Qui nous séparera de la charité du Christ. " 

   C'est de l'ivresse, oui l'âme est ivre de Dieu comme les sens sont ivres de la terre. 

   " Mangez la chair du Christ, buvez son sang, le prêtre est à l'autel, le mystère s'achève, et la table est devant vous, repaissez-vous, enivrez-vous de la divinité de l'homme-Dieu.  

 

   

      

 

Rédigé par Philippe

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