"Caeli enarrant gloriam Dei !"

Publié le 15 Juin 2020

" Quand je contemple le ciel orné d'innombrables lumières, et qu'en bas je regarde la terre enveloppée d'ombre, ensevelie dans le sommeil et l'oubli,

" L'amour et la peine excitent en mon âme un ardent désir, mes yeux se changent en deux sources de larmes, et enfin, d'une voix plaintive, je m'écrie :

" Séjour de grandeur, temple de lumière et de beauté! Quelle infortune retient mon âme, faite pour s'élever jusqu'à vous, dans cette prison ténébreuse d'ici-bas? 

" Quelle mortelle folie éloigne ainsi de la vérité la raison, oublieuse de vos biens divins, égarée à la poursuite d'un vain fantôme , d'un bien trompeur ?

" L'homme demeure livré au sommeil, sans s'inquiéter de son sort, et d'un pas silencieux le ciel tourne toujours et va lui dérobant les heures de sa vie.

" Ah! réveillez-vous mortels, songez au mal qui vous perd; des âmes immortelles, nées pour un bien si grand, pourraient-elles ne vivre que d'ombres et d'illusions ?

" Ah! levez les yeux vers cette éternelle et céleste sphère, et vous tromperez les caprices de cette vie si décevante avec ses craintes et ses espérances. 

" Qu'est-ce de plus qu'un atome, ce sol inférieur et grossier, comparé à ce vaste ciel où vit d'une existence plus pleine ce qui est, ce qui sera, ce qui a été?

" Qui peut voir le grand concert de ces clartés éternelles, leurs mouvements assurés, leurs pas inégaux quoique soumis à un ordre régulier;

" La lune faisant mouvoir sa roue argentée, à sa suite la lumière, séjour du savoir, puis la gracieuse étoile de l'amour, étincelante et belle;

" Mars suivant un autre chemin, Mars irrité, sanglant; le bienfaisant Jupiter, de mille biens environné, éclairant le ciel de ses rayons aimés; 

" Au sommet, Saturne , père des siècles d'or et derrière lui l'immensité du choeur lumineux répandant ses clartés et ses trésors:

" Qui peut voir ce spectacle , et priser encore la bassesse de ce monde, et ne point gémir, soupirer, pour rompre la chaîne qui retient l'âme loin de ces biens ?

" Là, règnent le contentement, là règne la paix; là assis sur un siège élevé et magnifique, se tient l'amour sacré, entouré de gloire et de délices.

" Là l'immense beauté se montre tout entière, la lumière radieuse et pure resplendit sans jamais s'éteindre, le printemps fleurit éternel. 

" O champs de vérité ! ô prairies vraiment fraîches et agréables! Mines fécondes, délicieuses retraites, secrètes vallées remplies de mille biens!

" Puisque la terre me paraît si laide quand je vois les cieux et tout ce qu'enferme le voile étoilé, je n'ai plus souci désormais de l'amour de la terre. 

" Vers toi, cour divine, vers toi, demeure de Dieu , cité sainte, mon âme exilée, éloignée de toi, soupire en cheminant sa journée.

" Airs apaisés, libres des voix et des bruits, emportez dans vos ondes vers le ciel mes gémissements sortis du coeur.

" Qu'il s'élèvent jusqu'à la présence de l'unique élu entre des milliers, déplorant son absence: sur une terre d'oubli, malade d'amour , reste mon coeur. 

" Et mon âme affligée, dans sa dure captivité et un mal si violent, tiendra toute sa vie pour un bienheureux sort de vivre en espérance de te voir là-haut. 

fray Louis de León

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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