le Sacré Coeur et l'Eucharistie.

Publié le 8 Juin 2020

 

 

 

   

 

   Me voici aux pieds de Jésus, devant le tabernacle; je suis venu là parce que je me suis souvenu qu'il a dit: Venez à moi vous tous qui succombez sous le fardeau et je vous referai ; et ego reficiam vos , (Matth, XI, 28) c'est-à-dire je vous transformerai , je vous consolerai au point de vous rendre chère la souffrance qui vous abat.

   Mon âme est en rumeur, en révolte; il faut que mon oraison devant le tabernacle où Jésus s'emprisonne, devant le crucifix qui me rappelle toutes ses souffrances, m'apporte comme un effluve de cette divine mansuétude, de cette patience, de cette charité sans mesure d'un Dieu qui a prié pour ses bourreaux. 
   Mais j'ai beau réfléchir, lier mes idées l'une à l'autre, je ne sens rien que le grondement de révolte qui me soulève toujours contre la dureté apparente du décret providentiel qui me crucifie; mon âme reste fermée. Ah ! c'est que je suis seul; c'est ma pensée que je rumine. Dieu n'est pas là ou ne fait pas sentir sa présence. Je laisse là toutes les réflexions, et du fond le plus intime de mon âme, c'est comme un cri de détresse presque désespéré qui monte vers Dieu pour implorer sa pitié. Et c'est aussi, en réponse , comme une commotion subite, comme un décor qui change brusquement, comme un souffle délicieux qui balaie tous les nuages de mon âme; du doute, de la sécheresse, des murmures, de la souffrance, du désespoir même il ne reste plus rien; je comprends tout, je crois tout, j'aime , je pardonne, rien ne me coûte plus; le ciel a visité la terre aride et séchée de mon âme; elle est transformée: Unctio docet vos de omnibus.

   Oh! pauvres et misérables créatures que nous sommes; quand donc comprendrons-nous que là est notre toute-puissance, dans le cri profond de notre détresse qui retentit au coeur de notre Père et lui arrache presque de force, malgré notre indignité, la consolation qui est le remède victorieux à tous nos maux. 

   La source inépuisable de la consolation pour toutes les souffrances et toutes les douleurs morales, c'est le Coeur adorable de Jésus , présent au milieu de nous sous les voiles de l'hostie. C'est le Coeur de notre Dieu, mais c'est aussi le coeur de notre frère, du chef de l'humanité souffrante et voyageuse ici-bas. 

   Nous n'avons pas en Jésus un pontife qui ne sache et ne puisse pas compatir à nos infirmités et à nos afflictions, car il a voulu tout connaître, hormis le péché: tentatum per omnia absque peccato. 

   Le coeur de Jésus, c'est le coeur de l'homme de douleur par excellence, le coeur du grand méconnu qui, venu dans le monde pour y semer les bienfaits, n'a recueilli que l'ingratitude et a été crucifié par ceux-là mêmes qu'il venait sauver. 

   Et c'est le coeur qui nous aime le plus, infiniment plus que la plus tendre des mères; c'est le Coeur du Maître qui peut tout, à qui rien n'est impossible, qui commande à l'océan et aux tempêtes;  c'est le Coeur fidèle par excellence, qu'aucune de nos ingratitudes ne rebute, qui ne nous repoussera jamais. 

    Et il est là non pas dans un seul tabernacle, mais partout, accessible à tous, à toute heure; et non content de nous donner audience, il s'offre à venir en nous pour endormir nos douleurs et nous donner la paix. Venite ad me omnes et invenietis requiem animabus vestris. (Matth XI,29)

   Coeur adorable de Jésus, comment celui qui a fait, ne fût-ce qu'une fois, l'expérience de votre bonté, de votre tendresse, peut-il encore connaître les heures troubles où la souffrance nécessaire, au lieu d'être accueillie comme votre mandataire, soulève les murmures et la révolte? Pourquoi donc ne recourons-nous pas de suite à vous? Ah ! c'est que nous n'aimons pas assez et que la confiance est à la mesure de l'amour. Mais du moins, ô Coeur infiniment miséricordieux, je veux vous rendre grâces pour toutes les consolations que vous m'avez apportées si souvent par votre divine présence; je veux  vous redire ce chant d'amour de Saint Bernard : Oh! qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter dans ce Coeur. 

   C'est en ce Coeur de mon Seigneur Jésus que je veux jeter toutes mes pensées. O Jésus, beauté sans tâche, lavez-moi de mes iniquités, purifiez-moi de mes péchés, afin qu'ainsi purifié par vous, je puisse m'approcher de vous, pureté infinie et mériter d'habiter en votre Coeur tous les jours de ma vie. C'est là , en ce Coeur, que je puis accepter toutes les souffrances et trouver douces toutes les amertumes. 

   C'est elle encore, votre Eucharistie, qui me donnera d'abord la résignation dans les épreuves de la vie, la confiance inébranlable en votre providence bonne et miséricordieuse, et qui, peut-être , si je suis fidèle, m'élèvera peu à peu jusqu'à cet amour de la souffrance qui est ici-bas le ciel commencé. Car que peut redouter l'âme qui vous aime uniquement, ô Jésus, qui ne veut que vous, et qui sait et comprend qu'elle vous possède d'autant plus que tout le reste l'abandonne, qui voit clairement que c'est devant la Croix qu'on vous rencontre? 

   Si l'Eucharistie est ainsi la source de toutes les grâces, comme la solution de tous les problèmes moraux, c'est parce qu'elle est surtout votre Coeur. Oui , c'est votre Coeur, ô Jésus, votre Coeur d'infinie miséricorde qui anime l'Hostie qui me nourrit chaque matin, c'est votre Coeur divin , tabernacle du Très-Haut, abîme de toutes les vertus, fournaise ardente de charité, maison de Dieu et porte du ciel, que pourrais-je bien demander à la terre? 

       Vous êtes la porte du Ciel, ô Coeur infiniment aimant. Qui vous aime, qui se confie à vous, ne connaîtra pas le mal sans remède, le mal irrévocable, le malheur éternel. Puissent tous les chrétiens revenir à cette source de vie, à cette fontaine de consolation et de délices, puissent-ils apprendre de vous, par l'expérience quotidienne de l'Eucharistie que votre joug est doux et votre fardeau léger.

   Puissent tous les chrétiens venir chaque jour réchauffer leur coeur au contact du vôtre, apprendre à vous mieux connaître pour vous mieux aimer, car vous nos avez faits pour vous, ô Jésus, et nos coeurs ne peuvent trouver le repos qu'en vous, que dans l'union à votre Sacré-Coeur. 

Amen. 

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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