Vacances d'été: à nos moines. fête de st Benoît .

Publié le 10 Juillet 2020

 

   Les couvents sont les montagnes saintes d'où s'épanchent les grâces qui, dans le monde chrétien, alimentent, soutiennent et fécondent tous les dévouements. 

   Nous les estimons, nous les admirons ces dévouements; nous applaudissons à leurs oeuvres; mais ce serait être aveugle que de n'en voir pas la source dans l'office public des Orantes que l'Eglise a annexés à son sacerdoce. 

   Ouvrons les yeux de la foi, nous verrons que tout se tient dans l'Eglise, et que la grâce y est canalisée et distribuée avec une admirable économie.

   Honneur à " ces héros et héroïnes d'abnégation qui, loin de fuir les misères humaines, y plongent avec ardeur, ne reculant devant aucun dégoût, devant aucune fatigue pour les soulager! " 

   Honneur à " ces sisyphes de l'amour dont rien ne rebute la vaillance , tous tourmentés du désir de plaire à Dieu, en aimant le prochain, du besoin de spiritualiser leur vie en la consacrant au meilleur d'autrui". 

   Honneur à ces opiniâtres et patients éducateurs de l'ignorance populaire, qui consument leur vie dans un labeur obscur dont ils ne retirent d'autre profit que d'avoir peiné pour l'amour de Dieu! 

   Honneur à ces apôtres qui, après avoir exploré les mystérieuses profondeurs de la science sacrée, pour y chercher la lumière qu'ils veulent répandre sur le monde, font retentir en toute terre habitable le bruit de la parole évangélique, et font parler dans le martyre, la voix la plus éloquente de leur sang ! 

   Honneur à tous les chevaliers d'amour !

   Mais entendons-le bien, ces chevaliers d'amour, malgré l'ardeur de leur zèle et l'héroïsme de leurs vertus, seraient bientôt à bout de forces et s'épuiseraient peut-être en efforts stériles, s'ils n'étaient invisiblement soutenus par une grâce mystérieuse qui descend des hauteurs sacrées où les anges de la prière font un continuel appel à la bonté divine. 

   Détournons nos yeux de la terre et levons-les vers les régions mystiques qu'habitent les ordres priants, nous les verrons ces anges qu'on croit immobilisés dans le rêve, toujours soucieux de la plus grande gloire de Dieu, et du plus grand bien de l'humanité. D'un continuel mouvement, ils vont de Dieu aux ministres de sa miséricorde, de Dieu à tous ceux qui souffrent des misères humaines. Ils intercèdent , ils supplient, ils conjurent, ils s'immolent, et ils  obtiennent les grâces de lumière , d'amour, de force, de salut, dont les uns ont besoin pour exercer fructueusement leur ministère, les autres, pour être guéris de leurs maux, et surtout de la grande misère du péché. 

 

   Montagne sacrée d'où descend la grâce, la demeure des Orantes est encore le sanctuaire d'où monte vers le ciel le perpétuel miserere qui arrête en chemin la colère divine. 

   Il y a dans la vie des peuples des heures funestes tellement pleines de prévarications, de révoltes, de blasphèmes, d'attentats contre les choses saintes, que Dieu, pour venger sa gloire outragée, appelle à lui les fléaux. Loin d'être à l'abri de ses coups par le bénéfice de leur élection, les nations chrétiennes, plus coupables, parce qu'elles sont plus ingrates, doivent s'attendre à de plus fréquents et terribles châtiments. La justice divine, fatiguée d'attendre leur repentir et leur amendement, descend vers elles,  pendant que monte vers le ciel l'armée de leur crime. 

   Qui donc aura l'audace de se jeter entre ces deux forces ennemies pour prévenir leur redoutable choc? Les anges eux-mêmes n'oseraient pas; car lassés d'être les ministres des bontés de Dieu, ils sont devenus complices de ses fureurs sacrées.

   Mais voici venir, couverts de bures blanches et sombres, ceux dont la vie priante se consume aux pieds des autels . Ils oseront parler à ce Dieu tout armé pour la vengeance et lui dire :

- " Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple ! Laissez dans votre sein s'endormir la colère, souvenez-vous de la multitude de vos miséricordes , et ajoutez à tous les témoignages de votre amour ce dernier témoignage d'une vengeance toute prête et à jamais oubliée."

 - " Qui êtes-vous ? dit le Seigneur. Ne m'importunez pas. Ecartez-vous, et laisser passer ma justice".

- Seigneur, Seigneur, vous ne reconnaissez donc plus vos enfants! Que demandez-vous, ô Dieu jaloux? Pendant qu'on blasphème votre nom, pendant qu'on vous oublie , pendant que la prière expire dans la bouche du pécheur, pendant que votre gloire languit au milieu des enfants des hommes, nous vous louons, nous vous bénissons, nous vous adorons, nous vous rendons grâce en tout temps et à toute heure. Que vous faut-il encore? Voulez-vous notre vie? Prenez-la. Mais, en la prenant, vous ne ferez qu'arrêter la perpétuelle immolation qui s'accomplit en votre honneur dans l'austère solitude de nos cloîtres. "

 - J'ai entendu la voix de mes enfants, dit le Seigneur? On prie donc encore sur la terre? Je m'en vais! ma gloire est sauvée". 

   Et Dieu se retire. Et ainsi s'explique que la terre abreuvée de tant de forfaitures trouve encore des heures de repos et de sommeil, que des sociétés où triomphent le blasphème et l'apostasie puissent vivre pendant de longues années à l'abri des catastrophes et des épouvantements; qu'il  y ait tant de pécheurs debout quand ils auraient dû s'endormir depuis longtemps dans un honteux trépas. Ainsi s'expliquent ces retards de justice que les opprimés reprochent quelquefois à la Providence, et qui ne sont dûs qu'à la mystérieuse compensation que Dieu rencontre dans la perpétuelle prière des familles religieuses.  Sans cette compensation, notre vie sociale serait continuellement tourmentée par les visites vengeresses de la justice divine. C'est bien assez que, de temps à autre, Dieu étouffe dans l'ouragan de sa couleur la voix de ses thérapeutes et donne au crime d'épouvantables leçons. 

   De l'avis de ceux qui ont appris à mesurer l'élévation des états, et la portée des actes, les ordres priants sont une des plus grandes gloires , une des plus grandes utilités sociales. 

  Vengeons-les donc par nos respects, du mépris des mondains, et lorsque nous passerons devant la porte de leur maison bénie, disons-leur, comme les habitants de Béthulie à la pieuse Judith :" 

 Ora pro nobis quoniam sancta es :

priez pour nous, parce que vous êtes sainte". 

 

Rédigé par Philippe

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