fête de la Dédicace - Fontgombault

Publié le 12 Octobre 2020

 

photo petit placide 

 

 

DÉDICACE

 

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 12 octobre 2020)

 

N’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir !

Aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ servir l’homme et l’humanité entière ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur! Le Christ sait «ce qu’il y a dans l’homme»! Et lui seul le sait !

(Saint Jean-Paul II, Homélie du 22 octobre 1978)

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

Par ces mots, saint Jean-Paul II débutait l’un des pontificats les plus longs et des plus féconds de l’histoire de l’Église.

Ouvrir les portes au Christ, c’est précisément ce que Zachée, le chef des collecteurs d’impôts, vient d’accomplir. Il lui a ouvert les portes de sa maison ; il lui a ouvert les portes de son cœur.

Il ne répondait pas à l’appel d’un saint pape, mais au Christ lui-même : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » (Lc 19, 5)

Demeurer dans sa maison : un regard furtif, un salut rapide, une brève et simple rencontre, ne suffisent pas. Jésus veut demeurer dans sa maison.

Arrêtons-nous à cette demande du Seigneur. Elle nous est aussi adressée. Quelle place accordons-nous à Jésus ? Une rencontre de temps en temps, ou un véritable séjour ? Le Christ peut-il demeurer en nous ?

Zachée ne temporise pas. Il descend de son sycomore et se met en devoir d’accueillir Jésus sans retard. Il est tout à la joie de la réponse inattendue du Seigneur. Déjà, par l’attention que lui porte Jésus, son cœur est transformé.

Comme il est étonnant de voir que ce privilège de recevoir la visite du Seigneur est incompris par la foule. Ceux qui acclamaient le Seigneur se sentent comme abandonnés par le choix de Jésus de « loger chez un homme qui est un pécheur. » (v. 7) Ils sont choqués de voir Dieu se rapprocher d’un pécheur, alors qu’eux se considèrent comme plus dignes de le recevoir.

Si le choix de Dieu est choquant, celui de Zachée ne l’est-il pas davantage ? Dieu ne risque pas grand-chose en venant chez Zachée. Ce dernier au contraire risque gros. S’il veut être cohérent avec cet accueil du Seigneur, son passé peu honnête doit être remis en question. Tout n’était pas très en ordre dans ce cœur et dans cette maison. En allant au-devant de Jésus qui passait par là, le collecteur d’impôts espérait seulement le voir, pour ensuite pleurer sa misère en laquelle il serait demeuré. Il espérait.

Zachée savait trop bien qu’il ne pouvait prétendre à recevoir le Seigneur ; il n’était pas pur. Et voici que c’est Jésus qui vient à lui. Comme dans la parabole du fils prodigue, ou dans l’épisode des pèlerins d’Emmaüs, quand le Père des miséricordes fait miséricorde, il donne largement ; il donne au centuple.

Mais voilà que Zachée annonce : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » (v. 8)

Jésus tire alors la morale de cet épisode : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (v. 9-10)

Jésus a comblé Zachée : que lui-a-t-il apporté ?

La justice et la charité ont pris la place de la malhonnêteté et de l’attrait du gain dans un cœur. Et au-delà d’une justice purement humaine, Jésus a apporté un don inestimable : le salut, et avec lui la joie, pour un cœur, pour une maison.

La joie semble tellement absente de nos cités ; faut-il en conclure que l’appel du Seigneur s’est tu à jamais ? Est-ce que son écho ne continuerait pas plutôt à résonner aux quatre coins de la terre ? Si vraiment le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu, alors l’appel adressé à tant d’hommes et de femmes dans les pages de miséricorde de l’Évangile continue de résonner.

Le salut d’un monde qui semble perdu passe toujours par l’accueil du Christ. Un optimisme béat, une confiance aveugle dans une gouvernance mondiale qui asservit les peuples au Dieu argent ne sauvent pas. Un monde sans Dieu est et restera triste.

Dieu veut demeurer dans le cœur de l’homme, dans sa maison, et par là dans nos cités. Jean-Paul II ajoutait même les « États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. »

Comme il est pénible de voir des hommes revendiquer le droit au blasphème ! Une saine laïcité ne devrait-elle pas commencer par le respect de l’autre et de ses croyances ? Le savoir-vivre disparaît, laissant croître une jungle où la pitié n’existe plus, même la pitié à l’égard des enfants encore dans le sein maternel, ou la pitié à l’égard des personnes âgées et en fin de vie.

Aujourd’hui, la législation s’oriente vers la possibilité pour les parents de refuser à l’enfant, même bien portant, le droit à la vie jusqu’à la veille de sa naissance. Quel pouvoir effrayant ! Aujourd’hui, la législation offre la possibilité de mépriser Dieu contre la croyance de nombreux autres hommes... Comment est-ce possible, si ce n’est par une cohérence infernale ? La mort de Dieu signe la mort de l’homme. Aujourd’hui les tentacules de la culture de mort s’étendent sur le monde. Ils sont toujours plus nombreux, ceux qui se sentent étrangers en leur propre pays, ayant l’impression de vivre une vie à l’envers.

Pourquoi un tel acharnement contre Dieu et contre l’homme ? Le Dieu des chrétiens ferait-il peur ? Pourquoi fait-il peur ? Si le Dieu des chrétiens fait peur, c’est qu’il est le Dieu de la Vie, le Dieu du véritable amour, le Dieu du don gratuit.

Souvenez-vous des premières pages du livre de la Genèse qui rapportent le lien d’intimité établi par Dieu avec l’homme au temps du paradis terrestre. Dieu avait l’habitude de se promener dans le jardin à la brise du soir et d’y deviser avec l’homme et la femme.

L’homme a brisé ce lien. Pourtant, il y a deux mille ans, le Seigneur est revenu marcher sur notre terre. Il a invité Zachée.

Aujourd’hui, rappelons le droit du Dieu Créateur à parcourir notre terre, à rencontrer et inviter chaque être humain et à lui dire: «Aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison », en lui offrant le salut et la joie.

Amen.

Rédigé par Philippe

Publié dans #homélies

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