homélie: funérailles Augustin Le Roch 19 ans - la Roche sur Yon - 13. Octobre 2020
Publié le 14 Octobre 2020
requiescat in pace.
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" Je passerai mon ciel à faire
du bien sur la terre."
ste Thérèse de l'Enfant Jésus .
Parmi tous les souvenirs qui nous reviennent spontanément depuis quelques jours, c’est d’abord le sourire d’Augustin, sourire à jamais inscrit dans notre cœur sur cette photo choisie parmi d’autres sur la feuille de la célébration.
Notre tristesse est d’autant plus grande en ces heures tragiques que nous vivons avec vous dans une communion très profonde. Les mots ne suffisent pas pour dire ce que nous ressentons parce que leurs sens semblent dérisoires face à la dure réalité de l’épreuve qui s’abat sur nous tous, d’abord sur vous, Hervé et Virginie, ses parents ; Thibault, Bérénice et Louis-Marie, ses 2 frères et sa sœur. Nous pensons à ses grands-parents et toute votre famille.
Notre présence tellement nombreuse est bien le signe de l’immense communion de prière qui nous a spontanément unis à vous depuis 2 semaines au-delà des âges et des situations, des responsabilités et des engagements, des convictions ou des croyances.
Comme Job dans la 1ère lecture, nous sommes bouleversés. Job a tout perdu, ses biens, ses serviteurs, puis ses fils et ses filles. Terriblement éprouvé, il s’abandonne et se prosterne devant Dieu avec ces paroles peut être difficiles à entendre pour certains parmi nous : "Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : Que le nom du Seigneur soit béni […] !..." l’auteur de ce Livre conclue "En tout cela, Job […] n’adressa à Dieu aucune parole déplacée ! ..."
Ces paroles rejoignent celles que vous nous écriviez, Hervé et Virginie, dès le 30 septembre : "Ne croyez pas une seule seconde que notre foi est blessée même si notre cœur est en miette." Vous aviez déjà vécu cet abandon, en déposant d’Augustin entre les mains du Seigneur, continuant bien sûr d’espérer en sa guérison, mais aussi dans la perspective de son passage vers la maison du Père pour la Vie Eternelle.
Je pense à vous les jeunes qui avez eu la chance de côtoyer Augustin. Comme lui, vous êtes à l’âge où l’on se passionne pour la vie en faisant des projets d’avenir. Lui aussi avait déjà quelques projets pour sa vie future. Nous avons prié pour sa guérison. Aujourd’hui, nous pleurons de le voir partir si vite, trop vite. Sa mort met notre espérance à l’épreuve. Elle nous met face à tant de questions, en particulier sur le sens de notre vie. Nous savons bien que la mort fait partie de la vie, mais lorsqu’elle survient si brutalement, nous sommes plongés dans le désarroi : Pourquoi ?... Comment cela est-il possible ?... Ceux qui t’aimaient Augustin avaient encore besoin de toi, de ta gaité, de tes talents et de tout ce que tu avais envie de donner pour les autres, de ce que tu donnais déjà pour les autres. Nous nous sentons démunis, nous nous interrogeons avec peut être un sentiment d’injustice ou même de révolte. Nous sommes face au mystère de la mort qui s’impose et de la vie qui nous échappe.
Aujourd’hui, nous avons le sentiment qu’Augustin part sans avoir tout dit de sa vie, de son amour pour ceux dont il était le plus proche, de ce qu’il était en profondeur, avant d’avoir donner le meilleur de lui-même comme il aspirait à le faire avec tellement de générosité. Comme chacun de nous, Augustin portait en lui ce trésor de vie et d’amour que rien ne peut détruire. Le trésor de la foi que vous lui avez transmise en famille, qu’il a approfondi dans le cadre du scoutisme et comme servant d’autel. Puis ses 4 années au foyer Saint Jean Paul II de Sainte Anne d’Auray lui ont permis de grandir et d’acquérir une foi d’adulte.
Chers amis, je suis persuadé qu’Augustin a encore des choses à nous dire, à déposer dans le cœur de chacun comme les semences de la parabole que Jésus raconte dans l’Evangile. Il nous explique cette parabole précisant : "à vous il est donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu."
La semence de la parabole, c’est la Parole de Dieu, une parole vivante qui touche la vie et la transforme, Jésus en personne qui parle dans le cœur de chacun. Cette parole nous ouvre au mystère du Royaume, la vie avec Dieu. Jésus est le semeur, il compte sur nous pour l’accueillir. Ne soyons pas comme ceux qui restent au bord chemin. Ils entendent mais très vite se détournent de Dieu. Je vous invite à relire parmi les très nombreux messages écrits ces deux semaines, les beaux témoignages de foi et d’espérance en la Vie éternelle.
Ne soyons pas de ceux qui entendent la Parole mais qui n’étant pas enracinés, croient pour un moment, puis face à l’épreuve, abandonnent. Jésus nous invite à enraciner notre foi en descendant au plus profond de nos cœurs, car c’est là que Dieu parle et nous appelle à la Vie.
Ne soyons pas de ceux qui entendent, mais qui sont encombrés, voir étouffés par les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie. Pour porter des fruits, la Parole de Dieu doit tomber dans des coeurs ouverts et disponibles.
Chers amis, que les souvenirs que vous garderez d’Augustin vous aident à prendre votre vie en main, à répondre à l’appel du Seigneur en étant de ceux qui entendent sa Parole dans un cœur bon et généreux et l’accueillent pour que ce qui a été semé depuis l’accident d’Augustin portent de bons fruits dans le cœur et la vie de chacun. Dieu vous appelle à relever le défi de l’espérance !...
Désormais, nous savons et nous croyons que par sa mort et sa résurrection, Jésus a ouvert le chemin qui conduit à Dieu. La mort n’est pas le dernier mot de la vie. Si les yeux d’Augustin se sont fermés pour nous, ils peuvent désormais s’ouvrir à cette lumière qui brillait déjà dans ses yeux qui peuvent maintenant contempler Dieu.
En le regardant avec vous sur la photo de famille prise cet été, je me disais qu’Augustin aurait aimé vous dire ces paroles de la petite Thérèse de Lisieux. Pressentant qu’elle allait mourir, elle avait ainsi exprimé son désir : "Si je devais mourir, je passerais mon ciel à faire du bien sur la terre …". Toi aussi, Augustin, si tu avais su que tu devais partir aussi vite, tu aurais sans doute aimé pouvoir nous dire à tous, ton envie de vivre et de passer ton ciel à faire du bien pour nous sur la terre …" D’ailleurs, je pense que tu le fais déjà par ces nombreux messages envoyés à tes parents, frères et sœur !...
Je vous invite à prier avec les mots qui sont dans le cœur de chacun, en vous adressant à la Vierge Marie, Notre Dame du Rosaire. Comme une mère, au pied de la croix de son Fils, elle nous écoute et intercède pour Augustin afin que son Fils l’accueille dans la maison du Père et qu’il passe son ciel à faire du bien pour vous. Que son sourire et sa joie de vivre continue d’illuminer votre regard afin que vous puissiez percevoir, au-delà de la nuit de cette lourde épreuve, la lumière de la résurrection au matin de Pâques.
Permettez-moi, Virginie, Hervé de terminer en citant les paroles d’espérance que vous nous avez adressées quelques heures après la mort d’Augustin.
"Notre chagrin de parents aujourd’hui est à l’image de la joie qui viendra nous rendre vie bientôt. Nous sommes dans la douleur et le deuil, indispensable étape, mais notre cœur se prépare en secret, nous serons inondés de l’intérieur par la Foi lumineuse et irradiante de notre fils. Nous continuons d’être portés par cette jeunesse qui a côtoyé Augustin, de près, de loin et qui vibre et chemine aujourd’hui à ses côtés. Nous vous disons tout notre merci pour chacune de vos prières de vos intercessions, chacun de vos messages, chacune de vos photos, de vos dessins, de vos bougies. Nous prions de tout notre cœur pour celles et ceux qui ont croisé notre chemin et qui sont aujourd’hui dans l’épreuve, la maladie ou le deuil. Que notre fils Augustin intercède pour eux auprès de Marie et de son Fils et que notre maison soit toujours ouverte ... Unis avec vous dans la foi active et dans la prière."
Au nom de tous, Merci. Virginie, Hervé, Thibault, Bérénice et Louis-Marie, vous pouvez compter sur notre prière et notre amitié fraternelle.
+ abbé Jean-Yves Poulailleau
pour le petit Placide